Le Québec compte des centaines et des centaines d'adeptes de bateau-dragon, dont certains (vraiment) férus, qui en ont fait un mode de vie. Quand on les écoute parler de leur passion, on a l'impression qu'ils mangent des pagaies pour déjeuner et que des écailles leur poussent sur les bras. Autopsie du phénomène, à la veille du Festival international de courses de bateaux-dragons de Montréal.

Après avoir essayé tous les sports inimaginables - dont la boxe, le parachutisme, le motocross et l'ultimate frisbee - le comédien et animateur Jean-Marie Lapointe a finalement trouvé sa drogue à lui: le bateau-dragon, sport nautique d'origine chinoise qui se pratique dans une embarcation dans laquelle prennent place une vingtaine de rameurs.

«Dès mes premiers coups de pagaie, il y a six ans, ça a été le coup de foudre, raconte-t-il. J'ai décidé que j'allais mettre toute mon énergie dans ce sport. Dès ma deuxième saison, j'ai commencé à m'entraîner pour devenir un des meilleurs athlètes du pays.»

Et ça a fonctionné: aujourd'hui, le bel adonis est membre de l'équipe nationale canadienne. Pendant la saison estivale, il y consacre de 15 à 20 heures chaque semaine, pendant lesquelles il participe notamment à plus de cinq entraînements avec ses coéquipiers. Cette année, il participera même aux Championnats du monde à Macao, à la fin du mois.

Une communauté tissée serré

Lapointe n'est pas le seul à être monté à bord des bateaux-dragons. Au Québec, ils sont plus de 100 adeptes à vivre de pagaies et d'eau fraîche l'été: ils font partie d'une communauté tissée serré, composée d'athlètes de haut niveau, de professionnels et d'étudiants, qui a érigé son QG au bassin olympique de l'île Notre-Dame et au canal de Lachine.

Certains décrivent cette communauté comme une «secte». Est-ce exagéré? «Le mot secte est un peu fort, mais je dirais que certaines équipes exigent un important engagement de la part de leurs membres, comme des entraînements quatre fois par semaine et des entraînements intérieurs au bac à ramer en hiver, explique le coprésident du club H20 Playground et entraîneur de bateau-dragon, Pierre-Olivier Girard. Ces membres vont embarquer dans un trip tellement fort que ça devient presque un mode de vie. On les surnomme les dragon-boat geeks!»

«On reste des humains, relativise Mathieu Harvey qui fait partie de l'équipe Les Brutes. C'est un peu comme une ligue de garage de hockey. À la fin de chaque entraînement, on s'ouvre une caisse de 24. On va prendre un verre dans un bar ou on va au resto. On célèbre la fête d'un de nos coéquipiers. Il faut dire qu'on souffre beaucoup ensemble quand on est sur l'eau et qu'on passe beaucoup de temps ensemble, quand on va dans des compétitions en dehors de Montréal. Ça rapproche.»

Mais au-delà des bobos, que trouvent-ils de si inspirant dans ce sport de rame? «J'aime la connexion avec l'eau et le bassin olympique est un lieu extraordinaire, indique Jean-Marie Lapointe. C'est aussi un sport d'équipe et pour que l'équipe fonctionne bien, les pagayeurs doivent avoir un synchronisme parfait. Ils entrent la rame dans l'eau en même temps et la sorte en même temps. Ça demande beaucoup de technique et de concentration. J'adore ça! Ça a changé mes étés!»

Le 15e Festival international de courses de bateaux-dragons de Montréal, dès demain et jusqu'à dimanche, au bassin olympique du parc Jean-Drapeau, dans l'île Notre-Dame. Entrée gratuite.

Infos: www.montrealdragonboat.com

Catherine Perreault-Lessard est rédactrice en chef du magazine Urbania.