Les Canadiens vivant dans des refuges pour les sans-abris et en maison de chambres ont une espérance de vie considérablement plus courte que celle de la population en général, et la pauvreté n'est pas le seul facteur en cause dans leur mort prématurée, ont conclu des chercheurs.

Au terme de leur étude, les chercheurs ont trouvé que les chances de vivre jusqu'à 75 ans pour les itinérants et les personnes mal logées s'élèvent à 32 pour cent pour les hommes et à 60 pour cent pour les femmes. Par comparaison, ce taux pour le groupe de Canadiens dont les revenus sont les plus bas se situe à 51 pour cent pour les hommes et à 72 pour cent pour les femmes.«Même en comparant au cinquième le plus pauvre de la population canadienne, les personnes vivant dans des refuges, dans des maisons de chambres et dans des hôtels avaient une espérance de vie beaucoup moins élevée», a affirmé le chercheur en chef de l'étude, le docteur Stephen Hwang, un spécialiste en médecine interne de l'hôpital St. Michael's, au centre-ville de Toronto.

«En fait, les hommes vivant dans des maisons de chambres ont quatre fois plus de risques de mourir (prématurément) que les personnes dans la population en général», a-t-il ajouté.

Le docteur Hwang a expliqué que plusieurs facteurs étaient en cause dans cette espérance de vie moins élevée, précisant que les maladies attribuables aux excès d'alcool et de drogues, de même que les maladies liées à la cigarette, sont beaucoup plus présentes au sein de cette population.

«Pour les personnes vivant dans ces conditions de logement marginales, l'accès aux soins de santé et le contrôle des maladies chroniques est plus difficile que pour la population en général», a-t-il fait valoir.

Selon lui, l'hypertension artérielle et le diabète mal contrôlés peuvent considérablement augmenter les risques de mort d'une crise cardiaque.

Les Canadiens vivant dans des refuges ou dans des maisons de chambres souffrent plus souvent de maladie mentale, et leur taux de suicide est plus élevé.

Selon le docteur Hwang, l'exposition à la mort violente survient également plus souvent comparativement à la population en général.

Les auteurs de l'étude, publiée en ligne lundi par le British Medical Journal, ont examiné des données du recensement de 1991 portant sur 15 100 personnes, d'âges variés et de partout au Canada, signalées comme étant des sans-abri ou vivant dans des maisons de chambres ou dans des hôtels.

En se basant sur des documents de décès, les chercheurs ont établi que 3280 personnes étaient mortes au cours des 10 années suivantes, ce qui leur a permis de calculer le taux de mortalité et l'espérance de vie pour différents groupes d'âge.