«Je hais la Saint-Valentin» n'est pas qu'un prétexte pour tirer des flèches dans le dos de Cupidon. C'est une petite fête qui marque l'inauguration du studio du théâtre Aux Écuries où est présenté, à compter de ce soir, un collage de textes qui sondent trois âmes solitaires.

«Ces trois personnages-là n'aiment probablement pas la Saint-Valentin», confirme Maude Boutet, en parlant des voisins qu'on observe dans la pièce 6h30. L'une est une mère de famille «comblée, mais épuisée», l'autre un homme renfermé habité par ses fantasmes et la troisième une célibataire «effrayée par le monde extérieur». Pas de quoi célébrer la fête de l'amour, en effet.

Que la première montréalaise de ce spectacle créé à Québec tombe un 14 février relève d'ailleurs du hasard. «Parfois, on fait des liens. Kim, l'un des personnages, est en peine d'amour depuis des mois. Elle se plaint que ce qu'on voit dans les films, c'est trop fleur bleue et que les choses ne se passent pas comme ça dans la vie», dit la comédienne, suggérant que ce genre de réplique aura une résonance toute particulière un soir de Saint-Valentin.

6h30, projet de la compagnie ProjetUn, est un collage de textes mis en scène par Jonathan Gagnon qui s'appuie sur des poèmes ou des extraits de romans de huit auteurs dont Maxime Olivier Moutier, Sylvie Laliberté, Jennifer Tremblay et Geneviève Letarte. Des auteurs qui, chacun a leur manière, explorent les zones de vérités du quotidien et dont les textes ont été entrecroisés de manière à créer trois personnages qui vivent dans le même immeuble. Des êtres qui se côtoient sans vraiment se connaître.

Composites, pour la plupart, les monologues portés par les trois personnages s'appuient parfois clairement sur un texte en particulier. Le personnage de jeune mère de famille de Maude Boutet, par exemple, doit beaucoup au roman Trois modes de conservation des viandes de Maxime-Olivier Moutier.

«Il y parle beaucoup du quotidien et d'une réalité à laquelle on a moins accès en littérature», expose-t-elle. La comédienne, elle-même mère de trois enfants, avoue d'ailleurs avoir été particulièrement touchée par ce roman où il est notamment question de l'équilibre qu'on peut trouver dans la répétition de gestes quotidiens.

La petite vie des trois voisins de 6h30 peut avoir quelque chose de triste et de pathétique, convient Maude Boutet. Le collage a toutefois été réalisé avec une pointe d'humour. «Il y a des soirs où les spectateurs rient beaucoup», a-t-elle constaté. Tout dépend du public. Ou dépendra du contexte. «Ce sera un peu particulier de venir voir ça un 14 février, en amoureux», prévoit la comédienne, qui partage la scène avec Jean-Pierre Cloutier et Marie-Soleil Dion.

6h30, jusqu'au 23 février Aux Écuries.