Il y a trois ans, la collection dessinée par Philippe Dubuc pour Simons avait connu un vif succès, tant médiatique que commercial. Le designer signe cet automne une nouvelle collaboration avec le grand détaillant québécois, mais pour les femmes cette fois-ci. Et mesdames, réjouissez-vous, puisque le mariage Philippe Dubuc et Icône (marque maison de la société) se veut heureux et durable. Les premiers fruits de cette union sont en magasin dès aujourd'hui.

Philippe Dubuc n'a que de bons mots pour son nouveau «partenaire». «Simons est une entreprise très «gentleman», qui trouve important de soutenir la création d'ici.

Dans le milieu, elle est vue comme une société qui sait ce qu'elle fait. On m'a donné carte blanche.

Et même s'il y a bien sûr eu de petits ajustements à apporter, je ne sens pas que j'ai eu à faire des compromis. J'ai créé comme si c'était ma collection à moi.»

Cela faisait trois ans que les créations féminines signées Dubuc n'étaient plus offertes sur le marché québécois.

Mais le designer n'avait pas pour autant cessé de dessiner pour le sexe opposé, puisqu'il mettait son talent au service d'une marque belge. Chez nous, toutefois, c'était l'homme de Dubuc qui occupait, seul, la boutique de la rue Saint-Denis.

Photo: fournie par Simons

«La mode masculine impose davantage de contraintes, puisqu'il y a moins de catégories de produits. J'aime bien ces contraintes. Mais lorsque j'allais dans les salons de textile, je voyais souvent des matières davantage conçues pour les femmes avec lesquelles j'aurais eu très envie de travailler.»

Pour la collection capsule qu'il réalise pour Simons, l'artiste a pu se gâter, même s'il avait un budget à respecter. La gamme Icône, après tout, se doit de demeurer accessible. Les pièces se vendent de 75$ à 275$.

Le designer a ainsi coupé dans une fibre qui s'appelle le cupro - lustré comme du satin -, dans le coton enduit, dans la maille, dans le coton-soie bien aérien et dans le jersey souple. Il a créé une robe tunique hybride, une veste smoking à col châle en gabardine, des tricots et un pantalon étroit tout-aller. En tout, la capsule comprend 18 pièces modernes, dans une palette neutre d'anthracite, de charbon, de bleu pétrole et, bien sûr, de noir.

Photo: fournie par Simons

«Je fais toujours beaucoup de recherche pour chaque collection, je me casse vraiment la tête, mais je ne veux pas que cette démarche créative paraisse. J'aime qu'un vêtement donne une image de simplicité. Effortless, comme disent les anglophones.»

L'idée derrière cette capsule est d'apporter un produit plus boutique à un grand magasin. «Je veux qu'on sente le caractère plus personnel, plus raffiné, plus couture. On a le feeling d'un vêtement fait à la main.»

Philippe Dubuc est enchanté de la volonté qu'ont certains détaillants québécois de travailler avec les designers locaux, comme Bedo vient de le faire avec Denis Gagnon. «Dans le cas de Denis, c'est vraiment bien, puisque ses créations ne sont pas accessibles au grand public. Il faut aller chez Holt ou à son atelier pour les trouver. Au bout du compte, c'est vraiment la meilleure façon d'aider et de faire connaître les designers québécois, qui, après tout, créent des vêtements pour qu'ils soient portés.»

Philippe Dubuc aime bien ce mouvement multidisciplinaire qui souffle sur les arts et le design, toutes catégories confondues. «J'ai dessiné un loft, il y a quelques années. Plusieurs créateurs de mode l'on fait. Cet été, on a même vu un spa inviter des chefs de cuisine (NDLR: le Balnéa).» Le prochain défi de Philippe Dubuc? «Je m'intéresse beaucoup au sport et ça m'énerve de voir des gars habillés comme s'ils allaient faire le Tour de France ou un Ironman quand ils s'entraînent», laisse tomber le joggeur. Dubuc chez Sports Experts? La Cordée? Lululemon? À suivre.

La collection pour Icône, en vente dès aujourd'hui chez Simons.

Infos: www.simons.ca

Photo: fournie par Simons