Ouvert le printemps dernier, le Makro a vite été adopté par la faune de jeunes noceurs de Griffintown, qui y trouve ici bonne bouffe, musique lounge et ambiance festive propice à prolonger le repas jusqu'au petit matin.

Le Makro est le projet du restaurateur Jean-François Corriveau, qui est derrière le Hachoir, sur le Plateau, et le Grinder, un établissement voisin du Makro dont le succès ne semble pas se démentir depuis son ouverture en 2013, rue Notre-Dame Ouest.

C'est d'ailleurs en partie pour combler sa nombreuse clientèle à la recherche d'un endroit où sortir après le souper qu'il a décidé d'investir le local qui abritait autrefois le Shinji. Car le Makro a un petit frère: au sous-sol se cache un bar, le King Crab, qui accueille ceux qui n'ont pas envie que la soirée finisse trop tôt, à coups de jolis cocktails et de pizzas cuites dans le four à bois, dans un espace élégant à l'éclairage feutré.

Côté restaurant, l'offre a été pensée autour des produits de la mer par le chef S'Arto Chartier-Otis. Ce dernier était parti du Hvor pour l'ouverture du Makro; lors de notre passage, nous avons appris qu'il avait déjà quitté le navire depuis quelques mois, même si plusieurs des plats qu'il a conçus demeurent au menu. En cuisine, c'est le chef Olivier Archambault (vu à la saison 7 des Chefs!) qui a pris le relais et assure la continuité.

La salle du Makro est assez vaste et offre plusieurs espaces différents, étalés sur deux niveaux: la salle à manger, le bar et un coin avec banquettes, plus lounge, au deuxième niveau. Le design rappelle, sans trop pousser la note, Tulum et le Mexique, avec ses murs en stuc, ses cactus et son grand aquarium qui sépare la salle de la cuisine.

À l'abordage!

Musique lounge et lumières tamisées nous accueillent en ce début de soirée assez occupé. Nous prenons place au bar circulaire et sommes rapidement pris en charge par un personnel souriant et somme toute efficace, même si une certaine confusion semble régner quant au serveur qui nous a été assigné.

Un tour rapide de l'exhaustive carte à boire, qui ratisse large, et notre choix s'arrête sur le Barracuda, une variation goûteuse autour du Bloody Ceasar qui allie vodka et whisky de 12 ans, le tout surmonté d'une huître fraîche. Notre comparse, lui, préfère y aller simplement, avec un gin & tonic.

Pendant que nous observons du coin de l'oeil la clientèle de l'endroit - pour l'instant, surtout des jeunes professionnels bien mis, en groupe ou en tandem, qui seront bientôt remplacés par une faune plus jeune, prête à festoyer en ce vendredi soir -, nous parcourons le menu, qui se divise en plusieurs sections: «shuckers» (une sélection d'huîtres, pétoncles, couteaux de mer), entrées, salades, poissons et fruits de mer et, parce qu'il le faut, imagine-t-on, quelques viandes... Les produits de la mer représentent la majorité de l'offre, et c'est vers eux que nous décidons de nous tourner.



Le poisson «à la talla» («à la taille») - ce soir, un bar européen -, cuit sur charbon de bois et servi entier avec divers accompagnements, nous fait de l'oeil. Mais afin de pouvoir goûter le maximum de plats, nous finissons par opter pour trois entrées, une salade et un plat principal.

Verdict? Un parcours presque sans faute, agrémenté de saveurs exotiques, de produits bien apprêtés et d'intéressants jeux de textures.

On a beaucoup aimé le ceviche de bar européen trempant dans un délicat mélange de lait de coco, lime et mangue. Tout en fraîcheur et fondant en bouche, c'est le genre de plat qui se mange tout rond, tout vite.

Tout mignons, les «rice cakes» au tartare de thon épicé sont une mise en bouche qui, sans être extrêmement originale dans ses composants, fonctionne, avec le croustillant du gâteau de riz qui s'allie fort bien au moelleux du tartare de thon.

Parlant de jeu de textures, c'est ce qui nous a ravie, en plus de la fraîcheur, dans la salade de jicama, un tubercule mexicain croquant, et de poire. Enveloppée d'une crème sure à la menthe et parsemée de grains de grenade et de graines de citrouille, voilà une salade d'accompagnement vitaminée qui nous fait oublier la grisaille extérieure.

La mer est belle

Si le premier service est arrivé avec célérité, le deuxième s'est fait attendre pendant que nous sirotions un vin blanc crétois offrant un bel équilibre d'acidité et de minéralité. Mais l'attente en valait la peine, alors que se sont posés devant nous une jolie pieuvre grillée et un généreux plat de morue noire.

La pieuvre - nous avons pris le quart, mais elle est aussi offerte en demie et entière - est cuite à la perfection et bien saisie sur le gril; avec sa sauce chimichurri bien acidulée, ses pommes de terre fondantes et son fenouil braisé, c'est un plat hautement satisfaisant, qui plaira aux amateurs du poulpe, et même aux plus récalcitrants.

Le plat de morue est réconfortant et charnu, accompagné d'artichauts et de noix de pin, et nappé d'une savoureuse sauce à la saucisse chorizo. Une inspiration de type «terre et mer» qui sied très bien au floconneux poisson. «Impressionnant!», s'exclame notre partenaire. En effet.

On ne peut en dire autant de nos desserts, qui assombrissent notre ciel sans nuages jusqu'alors. Autant le sablé aux pommes, surmonté de crème glacée, que le millefeuille, qui semble rempli d'air plus que de crème à la verveine, sont quelconques et peu mémorables. Nous laissons les assiettes à peine entamées.

Toujours dommage de constater qu'un établissement s'appliquant autant pour son menu salé met aussi peu d'efforts dans sa carte des desserts, d'autant plus que le concept de l'endroit lui permettrait de s'amuser avec des saveurs exotiques. À repenser.

Photo Bernard Brault, La Presse

Rice cake avec tartare de thon épicé

Makro. 1726, rue Notre-Dame Ouest, Montréal, 514 379-6002. https://restaurantmakro.ca/

Notre verdict

Prix: Entre 13 $ et 28 $ pour les entrées, plats principaux entre 27 $ et 40 $, 10 $ pour les desserts.

Carte des vins: Pour tous les budgets. Plusieurs choix de vins au verre et carte des cocktails originale.

Espace: Bel espace signé Gauley Brothers qui rappelle un peu le Mexique. Le King Crab, au sous-sol, est particulièrement chic et élégant.

Service: Souriant, empressé. Beaucoup de personnel sur le plancher, ce qui peut créer une certaine confusion dans le service.

Plus: La qualité et la générosité des assiettes, la belle mise en valeur des produits de la mer, l'ambiance festive.

Moins: Les desserts, une musique lounge un peu trop générique.

On y retourne? Si l'envie nous prend de sortir à Griffintown, oui.

Photo Bernard Brault, La Presse

Le Makro à Griffintown