Malgré son menu succinct, ce petit resto-bar de quartier offre plusieurs bonnes raisons d'y faire un arrêt.

L'endroit a ouvert ses portes à la fin de juin sur une portion un peu ingrate de l'avenue Van Horne, déjà dans Outremont, mais encore assez laide, que l'on traverse en pressant le pas. Et à en juger par la fréquentation, c'est un ajout bienvenu dans le coin. «On voulait que ça soit classy, chaleureux, que les gens se sentent confortables de rester plusieurs heures», mentionne l'un des trois propriétaires, Eric Berlin, qui a donné le nom de famille de sa grand-mère paternelle à l'établissement. Sa conjointe, Jade Fortin-Côté, avec qui il a notamment travaillé chez Loïc et qui officiait jusqu'à récemment chez Marconi, s'occupe des vins. Le troisième associé, Sean Murray-Smith, déjà chef exécutif au Deux Singes de Montarvie, joue le même rôle ici.

Avec son menu truffé de petites surprises, sa jolie carte des vins, son horaire étendu, son décor invitant et sa sympathique terrasse, Boxermans a beaucoup à offrir. Qu'on y vienne pour l'apéro ou pour se sustenter, il faut absolument goûter les patates avec mayonnaise au hareng. Les longs quartiers de pomme de terre parfaitement dorés sont servis avec une superbe mayonnaise vibrante de saveur. Deux gros câprons et un quartier de citron complètent l'assiette. C'est tout? Oui, et c'est déjà beaucoup de plaisir pour un petit tapas à 5 $.

La tomate provençale est une autre belle idée. Une demi-tomate très légèrement cuite, coiffée d'une mousse de peccorino garnie d'éclats de parmesan, posée sur un petit carré de pain grillé et parsemée de quelques feuilles de basilic... Frais et élégant: un concentré d'été couronné d'un nuage fromagé.

Les fleurs de courgettes farcies à la mozzarella enrobées dans leur panure blonde et sagement alignées sur un fond de sauce tomate ont des allures de petits calmars végétaux. Une proposition plus classique, mais la fleur de courgette, produit saisonnier qu'on ne retrouve pas partout et qu'on ne cuisine pas forcément à la maison, est toujours appréciée sur un menu.

La cuisine ne fait pas ses charcuteries, mais elle fume son omble et ses moules avec un égal bonheur. On peut les goûter seuls ou dans une entrée froide. L'omble décoré de quelques pétales d'oignon mariné et d'une petite cuillerée d'oeufs de poisson était servi ce soir-là sur un lit d'épinards et de kale bouillis. L'omble, légèrement mariné façon gravlax avant de passer au fumoir, était absolument fondant, et sa salade parfumée de citron s'est révélée beaucoup plus tendre et fraîche que la description ne le laissait supposer.

À part ses concombres ultra-croquants, la salade Snowdon n'a pas grand-chose en commun avec le célèbre déli du quartier Côte-des-Neiges, si ce n'est l'attachement d'Eric Berlin pour cet endroit qu'il fréquente depuis l'enfance avec son père. Sa salade toute simple, dans laquelle on retrouve également des carottes à peine blanchies, des dés de poivron et des haricots ou des petits pois, selon les arrivages, est un bon faire-valoir pour ces irrésistibles moules délicatement fumées, petites mais dodues, dont la chair a gardé toute sa finesse.

Le tartare a aussi beaucoup pour plaire. Mais cette viande coupée au couteau à la commande, relevée d'une bonne dose de raifort, servie avec des champignons marinés parfumés à l'huile à la truffe et accompagnée de minces croustilles de pain, se porterait toutefois bien mieux sans la betterave, en dés et en coulis, que la cuisine a cru bon de lui adjoindre. Ça n'améliore en rien l'expérience, au contraire.

Le dessert est un élément un peu confidentiel qui n'apparaît pas au menu. À ma dernière visite, c'était un gâteau au fromage dont l'appareil très dense saupoudré de quelques copeaux de chèvre tenait plus du fromage que du gâteau. Le sirop et les demi-cerises qui l'accompagnaient n'avaient pas gardé grand-traces du Disaronno et du cognac avec lesquels ils étaient censées avoir été préparées, mais ce n'était pas plus mal. L'ensemble était à peine sucré, ce qui est une bonne chose quand on n'aime pas les desserts trop bonbons.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Les fleurs de courgettes farcies à la mozzarella enrobées dans leur panure blonde et sagement alignées sur un fond de sauce tomate ont des allures de petits calmars végétaux.

Boxermans. 1041, avenue Van Horne, Montréal, (514) 495-4000, boxermans.com

Notre verdict

Prix: Petites assiettes de 4 à 14 $, brunch de 7 à 14 $ la fin de semaine

Carte de vins: Visiblement conçue avec le souci d'offrir des choix attrayants à prix doux - les deux tiers des bouteilles ne dépassent pas 60 $.

Service: Enthousiaste

Ambiance: Clientèle majoritairement jeune, tout à fait raccord dans ce bel espace signé Kyle Adams Goforth (Loïc). Niveau sonore à l'avenant.

Le plus: Un lieu invitant où boire un verre et grignoter quelque chose d'intéressant dans un coin où ce genre de proposition manquait cruellement.

Le moins: La cuisine accuse parfois des lenteurs, même quand l'endroit n'est pas plein. On y retourne? Si on passe par là, certainement.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

La tomate provençale est une autre belle idée. Une demi-tomate très légèrement cuite, coiffée d'une mousse de peccorino garnie d'éclats de parmesan, posée sur un petit carré de pain grillé et parsemée de quelques feuilles de basilic... Frais et élégant: un concentré d'été couronné d'un nuage fromagé.