La pizza se porte bien à Montréal depuis quelque temps.

Pendant des années, rappelez-vous, seul Bottega, rue Saint-Zotique, avait un bon four pour préparer de bonnes pâtes, le souci de bonnes sauces et de bonnes combinaisons pas trop baroques et dignes du plat napolitain.

Et puis sont arrivés Magpie, dans le Mile End, et Prato, boulevard Saint-Laurent... Melrose, à Notre-Dame-de-Grâce, s'est rodé et maintenant Fiorellino, au centre-ville, propose des focaccias divines. La petite chaîne No 900 aussi n'est pas mal du tout, comme Nolana d'ailleurs, dans le Vieux-Montréal. Et pour des plats plus créatifs, on peut aller chez Gema.

Bref, aujourd'hui, on ne peut plus bâcler la pizza en se disant que n'importe quoi est mieux qu'une chaîne américaine ou un produit congelé. Les attentes sont élevées. L'offre est diversifiée et intéressante.

Et maintenant, même l'ouest de la ville en profite.

En 2014, à Westmount, le restaurant italien Vago, rue Greene, a en effet décidé de décliner sa cuisine italienne en ouvrant, rue Sainte-Catherine, une pizzeria. J'avais négligé d'essayer ce lieu appelé Bacaro, le mot de patois vénitien pour désigner un restaurant très simple. Mais j'ai pu me reprendre récemment, car le succès du premier Bacaro a été tel qu'une seconde succursale a ouvert, avenue de Monkland. Une file d'attente costaude aperçue un soir de semaine a piqué ma curiosité.

Le choix esthétique et conceptuel de cette pizzeria est simple : on fait la promotion, on se colle à la popularité de certaines grandes marques italiennes, comme Nutella, Santal, San Pellegrino, les conserves Rio Mare ou Campari. Bouteilles, tabliers, pots bien en vue. On ajoute à ça des écrans de télé où sont diffusés les matchs importants du jour, des tables de bois et un bar, ainsi qu'une trame sonore musclée. Le lieu est vivant et sans prétention. Et le service, redoutablement efficace. Oui, il y a des files d'attente, mais elles bougent et ceux qui les gèrent gardent le sourire. Et à travers tout cela, on sert beaucoup de pizzas pour emporter.

Malgré l'atmosphère chaotique, on n'a pas l'impression d'être totalement en Italie, mais dans un Montréal sans facétie, accessible, où se retrouve tout de même un souci de qualité à l'italienne.

Les polpette - boulettes de viande dans une sauce tomate - sont impeccablement moelleuses et les arancini - boulettes de riz -, juste grillés pour craquer un peu. La mozzarella sur la pizza Margherita ? Douce et fraîche. Et la pâte de la pizza est moelleuse à l'intérieur, sur le pourtour, sous une croûte craquante. On n'a pas fait semblant non plus d'ajouter de grosses feuilles de basilic joufflues.

La salade Rio Mare, au thon italien et garnie d'olives savoureuses, de mozzarella fraîche et de tomates goûteuses, est fraîche et vitaminée. La lasagne charme sans renverser, mais qui s'y attend quand elle est toute simple : al dente, garnie de bonne ricotta et d'une sauce tomate bien préparée, sans raccourci sous forme d'ail déshydraté et compagnie pour lui inventer du goût, comme c'est trop souvent le cas dans les chaînes.

Même les desserts sont plutôt sympathiques : une mousse au café qui goûte la crème glacée fondue, riche à souhait et surprenante, ou encore des beignets qu'on aurait préférés plus légers et préparés avec une huile moins présente, mais néanmoins ultra généreusement garnis de Nutella.

Le café ? Serré, impeccable. Et personne ne vous regardera étrangement si vous choisissez de le sucrer avec la mousse au café mentionnée plus tôt.

Pas très subtil, mais franchement délicieux.

Bacaro

5950, avenue de Monkland, Montréal

514 303-9303

bacaropizzeria.com

Prix : Entrées entre 5 $ et 9 $, pizzas entre 14 $ et 22 $, pâtes entre 14 $ et 18 $, desserts entre 3,50 $ et 8 $.

Vins : Que des crus italiens et des bières - la boisson traditionnelle pour accompagner la pizza - importées et locales.

Service : Gentil et efficace, notamment quand il y a foule.

Concept : Pizzeria efficace qui embrasse l'identité italienne avec ses marques les plus connues. Niveau de bruit élevé, atmosphère familiale, bar où traîner, télés partout.

Plus : La convivialité, parfait pour un repas pas compliqué en famille.

Moins : Certains plats pourraient être un peu plus raffinés et le menu, moins convenu, ce n'est pas pour les maniaques d'authenticité.

On y retourne ? Sûrement.

PHOTO ÉDOUARD PALNTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE