Installé depuis peu dans le local du défunt bistro Les trois petits bouchons, ce restaurant ajoute une proposition originale à l'offre végétalienne montréalaise sous forme de sushis.

Arrivé du Mexique il y a neuf ans, le chef propriétaire Christian Ventura a travaillé dans quelques bars à sushis avant d'accrocher son enseigne avenue Duluth, en 2014. Désireux de combler un vide et de répondre à la demande d'amis végétaliens, il y a d'abord proposé deux menus, l'un avec du poisson et l'autre sans ingrédients d'origine animale. Et cette année, il a effectué deux virages majeurs. Le 1er janvier, la carte est devenue exclusivement végétalienne. Trois mois plus tard, le petit établissement de 20 places a déménagé dans ce nouvel espace capable d'accommoder 50 convives.

Avec ses paravents, ses cadres asiatiques et son bar réfrigéré nichés dans un chaleureux cocon de bois et de brique, l'endroit ressemble à n'importe quel restaurant de sushis du Plateau. Là s'arrête la comparaison.

Ici, il n'est pas nécessaire de se demander si les poissons et fruits de mer proviennent d'une pêche durable : il n'y en a pas.

Le menu ne compte d'ailleurs qu'une seule imitation d'animal marin, une fausse crevette à base de soya et d'algue, assez réussie. Insérée dans quelques sushis, elle est également servie panée en entrée, ce qui permet de goûter pleinement sa « chair » ferme et un peu sucrée, proche du surimi.

Pour le reste, le chef, lui-même végétarien, exploite les possibilités du règne végétal avec beaucoup d'enthousiasme.

De bonnes notes...et de moins bonnes

Côté sushis, cela donne des résultats intéressants, comme le superbe nigiri au poivron grillé rougeoyant ou les gros futomakis nanohana (à base de courge japonaise et de fleur de colza) et Momo (garni de mangue et de tofu sucré japonais). Une bonne note aussi pour les carottes et radis marinés très croquants, qui offrent un contrepoint tonique aux préparations plus moelleuses.

Par contre, cela donne aussi des assemblages moins concluants, comme le futomaki à la betterave, un mélange joliment rosé mais mou. Ou le Mumbai, dans lequel l'avocat et la patate douce au curry rivalisent de douceur sans trouver de texture contrastante.

L'attention portée à l'assaisonnement confère un profil de saveur très marqué à chaque composition. C'est avec bonheur que j'ai retrouvé du shiso, cette feuille au goût acidulé si unique, dans plusieurs sushis. Cependant, j'en ai aussi goûté qui auraient gagné à être moins relevés. Beaucoup contiennent une sauce épicée, ou même sucrée (comme le nigiri aux champignons enoki), qui éclipse les autres ingrédients. Ces préparations ne sont pas mauvaises en soi. Servies sur un bol de riz, elles pourraient même se qualifier de réconfortantes. Mais on n'est pas dans l'esprit du sushi japonais classique, où priment les saveurs délicates et nettes.

Originalité

Les puristes en quête de poissons et fruits de mer éclatants de fraîcheur ne trouveront donc peut-être pas leur compte avec ces sushis. Toutefois, pour un végétalien, un végétarien ou quiconque a envie d'un repas sans produits d'origine animale, et pour l'amateur de sushis plus extravagants, comme ceux qui figurent à la fin du menu dans les restaurants traditionnels, c'est une solution de rechange originale qui mérite le détour.

Au dessert, nous avons testé deux des glaces à base de lait de coco offertes ce soir-là, chocolat-noisette et noix de coco. Toutes deux étaient parfaitement riches et onctueuses. Garnies de mûres, de tranches de pomme et de sirop au chocolat, elles constituent un dessert simple mais satisfaisant, capable de rallier les gourmands de toutes allégeances.

Sushi Momo

4669, rue Saint-Denis, Montréal

514 825-6363

www.sushimomo.ca

Prix : 3,50 à 8,95 $ pour les sushis, 5,00 à 11,95 $ pour les entrées et autres plats

Carte de vins : à suivre, l'établissement n'a pas encore son permis d'alcool.

Service : gentil, mais un peu lent

Atmosphère et décoration : brique, bois et paravents : un cocon simple et chaleureux, typique des restos de sushis du Plateau

Plus : une grande variété de sushis végétaliens

Moins : des assaisonnements épicés et sucrés parfois trop marqués, qui éclipsent les autres ingrédients.

On y retourne ? Oui, avec des amis végétariens ou végétaliens, ou avec des carnivores désireux de faire un geste original pour leur santé et celle de la planète.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE-15/MAI/2016--GOURMAND--Critique de restaurant Sushis Momo au 4669 Saint Denis. #-30-

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE-15/MAI/2016--GOURMAND--Critique de restaurant Sushis Momo au 4669 Saint Denis. Pizza patate. #-30-