Le nom de ce bar à tapas est absolument, je l'avoue, rigolo. Le Bureau.

Comme dans: «Où suis-je chéri? Mais je suis encore au Bureau, voyons.» Ou encore: «Bon, eh bien, on se voit au Bureau?»

Ce Bureau nouveau, ouvert en décembre rue Notre-Dame Ouest, est une des nombreuses nouvelles adresses de Griffintown. Et on y retrouve, pour le 5 à 7 ou une bière de fin de soirée, exactement le type de clients que décrivent les brochures des grands immeubles résidentiels qui se construisent dans le quartier depuis quelques années. De jeunes professionnels urbains de tous horizons qui s'y sentiront vite à l'aise entre, ici, quelques génies de Moment Factory ou, là, un groupe de jeunes gais en cravates.

Décor rétro

L'intérêt principal du Bureau est, je dirais, son décor. L'ancienne boutique d'antiquité est devenue une sorte d'écrin rétro où tout a été choisi méticuleusement. Lampes de laiton suspendues et appliques assorties, spectaculaires banquettes cloutées en demi-cercle, rideaux d'épais velours, le tout sur fond en murs de briques et plafonds vertigineux.

L'agencement à l'ancienne crée une atmosphère intimiste qui donne envie de s'y attarder. Dommage que des difficultés avec l'aération en cuisine laissent dans l'air une légère odeur de friture.

Car on ne fait pas que boire dans ce Bureau post-bureau, on mange aussi. Des tapas. Donc de petits mets de toutes sortes de choses principalement d'inspiration méditerranéenne, dont les prix tournent autour de 5$, d'intérêts variés, mais de façon générale bien salés, parfois un peu trop.

C'est le cas par exemple des croquettes de morue servies bien chaudes, craquantes sous la dent, mais un peu fades en bouche, dont un des convives à ma table dira qu'elles ressemblent à celles du Choix du président, mais avec plus de sel. Et je ne me rappelais pas que ce qu'on appelle saganaki, ce fromage grec fondu et, dans ce cas, très généreusement flambé à l'ouzo - que je n'avais pas mangé depuis un moment -, était si salé.

Aussi, les pruneaux enrobés de pancetta frappent par leur niveau de sodium, comme si le côté très sucré, collant du pruneau n'arrivait pas du tout à contrebalancer le gras salé de ce «bacon» à l'italienne. Partout, même avec les minibrochettes de boeuf au chimichurri - plutôt cuites - ou celles de poulet à la menthe - trop discrète -, et on ne parle pas des grosses tranches lourdes de chorizo, on cherche de la fraîcheur, de l'acidité.

Pour cela, on se réfugie dans une douce et craquante salade de betteraves fraîches à la coriandre et aux pistaches ou alors dans un plat d'artichauts en purée, servi avec du pain, l'assiette la plus équilibrée de la soirée malgré sa grande simplicité. Le légume est soyeux, savoureux, pas trop salé. La purée de lentilles aux épinards, elle, est beaucoup plus banale. Ici, on cherche des épices pour la relever, lui donner un peu plus de personnalité.

Bref, on est dans un univers culinaire un peu brut, très à la mode, qui cherche les saveurs et croit les trouver dans le sel et le gras alors que pour s'affirmer, elles ont aussi besoin de fraîcheur, d'acidité, d'épices, de parfums...

Au dessert, la crème caramel est impeccable, parfaitement soyeuse, légère. Exactement comme on la souhaite. Et le pudding chômeur, servi brûlant, garde l'élégante retenue de la recette originale qui lui a valu son nom. On aime.

Si on retourne, ce sera pour prendre un dessert.

***

Le Bureau

1642, rue Notre-Dame O.

Montréal

514-903-1642


> Prix: Les tapas vont de 3$ à 12$, mais la plupart des plats tournent autour de 5$ et les desserts sont 4$.

> Vins: La liste assez courte laissera peut-être certains amateurs sur leur faim, mais elle inclut quand même plusieurs crus en biodynamie et plusieurs bouteilles à prix raisonnables.

> Service: Efficace et courtois.

> Atmosphère: Niveau de bruit élevé, mais on est dans un bar avant d'être dans un restaurant. Foule sympathique de jeunes professionnels et autres gens du Griffintown nouveau qui viennent traîner pour le 5 à 7 ou alors un repas léger pour prolonger un 5 à 7 commencé ailleurs...

> Décor: Très joli décor à l'ancienne. Murs de briques, appliques en laiton et verre fumé, lourdes draperies. Chaleureux. Soigné.

(+) Enfin un décor rétro soigné. Et des prix très raisonnables.

(-) La nourriture, elle, pourrait être plus soignée, plus raffinée, sans tout changer, juste avec un peu plus de précisions et d'exigences.

On y retourne? Non.