Encore une belle découverte pour vous, le restaurant syrien Kaza Maza. Si la cuisine syrienne vous plaît, sachez que nombre de ses recettes sont les mêmes que celles de la cuisine libanaise. Pour une fois, dans ce paysage de restos trop neufs, trop refaits, chez Kaza, on fait dans le «vieux». Le bois est usé, la salle à manger est aménagée autour d'une vieille cheminée en briques et les belles photos en noir et blanc ont un je-ne-sais-quoi de rétro.

Au menu, il y a des tas de petites choses (les mezze) qui nous donnent envie de faire un festin de ce déluge de fraîcheur, de chlorophylle, de vitamines, tout à fait parfait pour l'arrivée du printemps. Et les mezze ne nous déçoivent pas, ils sont préparés avec minutie et une netteté de parfums.

On commence comme il se doit avec des entrées froides, un houmous dont l'acidité est remarquable, onctueux et servi avec des pois chiches entiers dans une sorte de jus. Là-bas, on propose ce genre de plat au petit-déjeuner. Ici, on l'enfile à toute heure de la journée, si bien que c'est presque devenu un plat local.

Disons que cette version est un plat d'exception. C'est la même chose avec le baba ghannouj, garni de graines de pomme grenade bien fraîches pour apporter un contrepoint légèrement acidulé et aqueux à la riche purée d'aubergine et de tahini. Le muhammara est une autre de ces purées exquises, dans lesquelles le pain grillé et le piment rouge sont malaxés avec de la mélasse de grenade. Le même relief se trouve dans le muttabal de betteraves rôties, mélangé parfaitement et de manière tonique avec du tahini et de l'ail et malaxé avec du citron et de l'huile d'olive. C'est tellement bon, cette cuisine, quand elle est faite avec la simplicité et la spontanéité du naturel.

Pour équilibrer un peu toutes ces purées, il faut quelques accents aigus, des salades, du citron. La fattoush, de la salade de concombre, de tomate et de romaine, joue ce rôle et, ici, elle est faite au moment où on la commande. Ça vous nettoie la bouche comme rien au monde et ça vous met en appétit pour les viandes.

Nous avons pris des kebabs grillés puis mijotés dans le jus de cerises aigres et garnis avec des amandes et des pignons rôtis.

Vous dire comme c'est bon! Ça va dans tous les sens, comme un feu d'artifice de parfums, une douce densité d'arômes relevés et pourtant sensuels parce que les épices sont ajoutées avec beaucoup de maîtrise. Ce plat est servi, comme tous les kebabs chez Kaza, avec un peu de riz blanc simplement saupoudré de sumac, une autre substance étrange qui donne des notes acides censées harmoniser - et, en tout cas, neutraliser - le sentiment de gras en bouche.

C'est à la fois savant et voluptueux, comment dire, presque charnel. Autour de ces classiques du Moyen-Orient, il y a aussi des jarrets d'agneau lentement braisés avec des aubergines ou des okras, du poulet grillé à l'ail et déglacé au citron, des saucisses de type arménien bien épicées et grillées avec des tomates et des poivrons et encore tout plein de bonnes choses qui nous font toujours envie en cette saison. Comme un appel au voyage, en somme.

En finale, peu de choix, quatre au total, mais nos petites crêpes farcies de fromage frais, parfumées délicatement à la fleur d'oranger, étaient magnifiques.

Kaza Maza

4629, av. du Parc, 514-844-6292

On y retourne? Tout de suite!

Prix: Trois mezze pour 20$, kebabs 19$, pas donné, mais comme c'est bon, c'est une valeur sûre. Comptez 120$ à deux tout compris avec une bouteille de vin libanais pour un repas vraiment copieux.

Faune: De tout, sans prétention.

Service: Sympa et pimpant.

Vin: Une petite carte avec une bonne dizaine de vins libanais.

+ La modestie et la simplicité, pour une cuisine faite avec beaucoup de finesse.

- Des salles de bains un peu loupées.