La pluie battante, prélude à l'ouragan Irene, a fait planer l'incertitude jusqu'à la dernière minute sur le tout premier Dîner en blanc à se tenir à New York, hier soir. Mais comme par magie, la météo a fini par collaborer.

«C'est le miracle du Dîner en blanc!» affirme le Montréalais d'origine française Aymeric Pasquier, organisateur de la soirée. «Chaque fois, c'est pareil... Il pleut, et puis vers 19h, quelque chose se passe et le ciel se dégage!»

C'est ainsi que plus de 1000 joyeux convives, vêtus de blanc de pied en cape, armés de leurs tables, chaises pliantes et paniers de victuailles, ont convergé vers les jardins du Centre Financier Mondial, situés dans Lower Manhattan. Le site offre une vue imprenable sur la Marina de New York et la rivière Hudson.

«Je suis tellement contente que la pluie ait cessé!» s'exclame Wilberte Paul, tout sourire dans sa robe blanche et collier de perles assorti. «J'avais entendu parler du dîner de Montréal, je n'aurais pas manqué celui de New York pour tout l'or du monde!»

«Quelle belle aventure!» affirme de son côté Paul Dallaire. Le Québécois, qui vit à New York depuis plus de 20 ans, ne passait pas inaperçu drapé d'une longue tunique blanche traditionnelle achetée en Inde expressément pour l'occasion.

Un flash mob tout blanc!

Comme pour tous les Dîners en blanc précédents, celui de New York avait fait l'objet d'une minutieuse planification. Le lieu gardé secret jusqu'à la dernière minute (pour conserver intacte sa spontanéité), les participants avaient reçu instruction de se présenter à 18h à leurs points de ralliement. En l'occurrence, des stations de métro de Lower Manhattan. De là, départ prévu à 18h30. Des «chefs de piétons» étaient alors chargés de les conduire en groupe au Centre financier Mondial.

«Les gens ont répondu présents malgré la menace météo!», a affirmé Aymeric Pasquier, visiblement soulagé, après le début de la soirée. Au total, 1150 personnes étaient inscrites à ce premier Dîner en blanc américain.

«Mais que se passe-t-il ici?», demande un passant bouche bée devant cette déferlante blanche à Manhattan. «Wow, c'est super!», ajoute une New-Yorkaise tout aussi médusée.

Bogues informatiques

L'implantation du Dîner en blanc à New York ne s'est pas faite sans anicroche. Au moment d'ouvrir les réservations en ligne, début août, le système informatique de l'organisation a planté.

«Nous avons reçu 1800 demandes en quatre minutes!», explique Aymeric Pasquier. «C'était trop de requêtes en si peu de temps, on n'était pas habitués à ça.»

Les organisateurs ont donc dû rembourser les frais d'inscription de 25$ à tous ceux à qui le système avait attribué une place par erreur.

Il faut dire que l'annonce de ce rendez-vous original dans la Grosse Pomme, il y a deux mois, a enflammé la blogosphère et les réseaux sociaux. Lorsque le New York Times a publié un article sur le «pique-nique des pique-niques» en juillet, l'intérêt a explosé. Si bien qu'au total, 30 000 intéressés figuraient sur la liste d'attente.

«On a été surpris par cet engouement, avoue Aymeric Pasquier. Cela a mis énormément de pression sur l'organisation».

Ailleurs aux États-Unis

Depuis trois ans que le Dîner en blanc se déroule avec succès à Montréal, les promoteurs jugeaient que le moment était venu de l'introduire sur le sol américain.

«New York est notre porte d'entrée aux États-Unis», dit, optimiste, Aymeric Pasquier, même si ce fut compliqué d'obtenir toutes les autorisations de l'administration Bloomberg.

Une quinzaine d'autres villes américaines, dont Washington, San Fransisco et Chicago, ont d'ailleurs déjà levé la main pour tenir ce rendez-vous sympathique, aussi tôt que l'an prochain.

Bref, un départ prometteur pour le Dîner en blanc aux États-Unis. Même si Irene a bien failli jouer l'invité trouble-fête...