Il est français. Il a 40 ans. Et depuis plus d'un an, il fait une petite croisade tout à fait ludique en faveur du... goûter!

Oui, oui, le goûter, la collation, quoi: cette tartine au chocolat, à la confiture, pourquoi pas ce croissant, que l'on grignotait sans arrière-pensée vers 16 h, dans l'enfance. Cette petite pause, le prétexte de tant d'invitations, de fêtes pour s'amuser, évacuée à l'adolescence, souvent parce que, apparemment, c'est «pour les bébés».

 

Faux, rétorque Emery Doligé, qui a décidé de rendre au goûter ses lettres de noblesse en le prenant sept jours sur sept et, du coup, en initiant plusieurs nouveaux adeptes.

Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il s'est aperçu innocemment, il y a un peu plus d'un an, qu'il n'avait jamais cessé de goûter. Depuis 40 ans, donc, religieusement, il «mangeouille» un petit quelque chose tous les après-midi. «Du sucré, du salé, il n'y a pas de règle.» Gourmandise? Que non! Tout simplement «parce que ça me fait du bien». Du coup, il n'est pas fatigué en début de soirée, encore moins affamé à l'heure du souper. «Je suis en harmonie avec moi, quoi!»

Histoire de partager cette révélation, Emery Doligé, par ailleurs consultant marketing, a donc décidé de lancer un groupe Facebook consacré à la question. Futile? En deux jours, 500 personnes en sont devenues membres. Vu cette vogue évidente, il a décidé de créer un blogue invitant les lecteurs à partager leurs délices du quatre-heures. «J'ai eu 130 histoires en un an. C'est énorme!»

Surfant sur cet intérêt manifeste, plusieurs établissements parisiens ont emboîté le pas: l'hôtel de luxe Park Hyatt Vendôme lui a demandé de créer une carte de goûters; le traiteur parisien Hédiard offre désormais des collations, et plusieurs bonnes adresses, comme L'Assiette, dans le 14e arrondissement, ouvrent vers 16 h, pour offrir un assortiment de desserts et de viennoiseries.

Pas encore convaincu? «Moi, j'ai aussi instauré le goûter de travail. C'est beaucoup plus détendu que les petits-déjeuners ou les dîners d'affaires. Les gens ne s'y attendent pas, ils mangent avec les doigts, cela invite au partage. Subtilement, cela crée une nouvelle dynamique. Et c'est curieux, mais c'est très efficace. Les gens négocient mieux. Moi, j'ai signé mes meilleurs contrats pendant des goûters!» conclut-il.