Le Québec craque pour le beurre d'arachide. Selon un sondage réalisé par Erikson Research, c'est ici que l'on consomme le plus de tartinade aux cacahuètes dans toute l'Amérique du Nord. Alors, quoi qu'en pensent ses détracteurs, qui le considèrent comme un aliment trop calorifique et allergène, il existe tout de même une histoire d'amour entre le Québec et le beurre d'arachide!

Une simple incursion dans les cuisines des Canadiens démontre la place de choix qu'occupe le produit dans nos garde-manger. Selon l'étude d'Erikson menée au début de l'année, 89% des foyers du pays conservent du beurre d'arachide à la maison.

Au Québec, 85% des personnes sondées ont répondu qu'une personne de leur famille ou plus consommait au moins une fois par semaine du beurre d'arachide, comparativement à 78% pour le reste du pays.

«C'est un aliment formidable! Comme les oeufs, c'est un produit qui est peu cher, qui est offert toute l'année et qui est extrêmement nourrissant», souligne le sociologue de l'alimentation Olivier Riopel.

Les ménages à faible revenu prisent depuis toujours le beurre d'arachide pour ses qualités nutritives et son faible prix. En discutant avec un distributeur de tartinades aux cacahuètes, M. Riopel a découvert que les ventes de ce produit étaient particulièrement bonnes lors des récessions et dans les années suivant une récession. Aussi, le début de chaque mois est encore marqué par une hausse de l'achat de beurre d'arachide.

Mais si 85% des familles québécoises comptent au moins un amateur de cette tartinade et que 76% la considèrent comme un aliment de base dans leur garde-manger, la consommation de beurre d'arachide s'est sans aucun doute généralisée.

«Pour les enfants, même s'ils n'ont plus le droit d'en manger à l'école, c'est un aliment nourrissant. Pour les adultes, ça demeure un produit réconfortant. C'est un aliment qui a un capital de sympathie assez fort. Personne n'a de préjugés vraiment défavorables à l'endroit du beurre d'arachide, à part peut-être les personnes qui y sont allergiques», dit M. Riopel, qui mange par ailleurs ses rôties avec du beurre d'arachide et du... cheddar fort!

Le naturel stimule les ventes

Même ceux qui auraient pu critiquer l'ajout de sucre, d'huile et d'agents de conservation dans les beurres d'arachide des marques les plus populaires trouvent dorénavant des solutions de rechange dans la section des aliments naturels. «Le beurre d'arachide ratisse dans toutes les couches de la population: ceux qui cherchent des produits santé, ceux qui cherchent des produits moins chers. Et même les produits plus industriels sont nourrissants quand même. Le Kraft, c'est quand même des arachides qu'il y a là-dedans. Oui, il y a peut-être quelques moins bons ingrédients, mais c'est quand même mieux que de manger du Nutella», dit M. Riopel.

Les beurres d'arachide naturels ont sans aucun doute séduit une nouvelle clientèle, affirme Patrick Archer, président du Conseil américain de l'arachide. «Les aliments plus naturels sont une tendance générale. Les gens recherchent des aliments le moins transformés possible et ça se ressent dans l'industrie. Année après année, il y a une augmentation de la consommation. Le segment où la hausse est la plus marquée est certainement dans les beurres naturels. Même les plus grandes marques, comme Kraft et Jiff, ont lancé leur produit naturel», souligne celui qui préfère les tartinades croquantes aux crémeuses.

Alors, qu'il soit naturel ou un peu plus sucré, crémeux ou croquant, un peu tout le monde réussit à trouver son pot favori de beurre d'arachide.

Le beurre d'arrachide, une invention montréalaise?

L'origine du beurre d'arachide est contestée, mais l'un de ceux qui se proclament inventeurs est un Montréalais! Marcellus Edson, un pharmacien qui travaillait dans le quartier Saint-Antoine (le centre-ville de Montréal, aujourd'hui), est le premier à avoir reçu un brevet du Bureau des brevets des États-Unis pour sa pâte à base d'arachides «ayant une consistance de beurre», en 1884.

L'année suivante, les frères Kellogg ont obtenu un brevet pour leur beurre d'arachide qu'ils avaient inventé en 1876, disaient-ils. Durant la même période, un médecin américain servait également des arachides moulues à ses patients qui avaient une mauvaise dentition afin de leur fournir un apport en protéines.

Bref, même si ces personnages se disputaient l'invention du beurre d'arachide à la fin du XIXe siècle, plusieurs historiens sont d'avis que les Aztèques broyaient déjà des arachides, il y a plus de 700 ans!

Je t'aime en pinotte

Rémy Couture, de la pâtisserie CRémy, adore le beurre d'arachide. «Comme bien des petits gars et des petites filles, j'ai mangé des toasts au beurre de pinotte quand j'étais petit. C'était moitié miel, moitié beurre de pinotte», raconte-t-il.

Encore aujourd'hui, ce pâtissier déjeune (lorsqu'il n'oublie pas de consommer son premier repas de la journée) avec des rôties nappées de beurre d'arachide.

Pour démontrer son amour à la tartinade de cacahuètes, il révèle la délicieuse recette secrète (maintenant plus secrète) de barre granola de sa grand-maman Claire.

Les granolas de grand-maman Claire

INGRÉDIENTS

• 1/2 tasse de sirop de maïs brun

• 1 tasse de cassonade

• 1/2 tasse de miel

• 1 tasse de beurre d'arachide

• 1 tasse d'arachides concassées

• 8 tasses de Corn Flakes

• 1 c. à soupe de fleur de sel

• Des restes de chocolats de Pâques*

PRÉPARATION

1. Dans une grande casserole, chauffer le sirop de maïs, la cassonade et le miel à feu doux.

2. Lorsque les cristaux de cassonade sont fondus, ajouter le beurre d'arachide et mélanger.

3. Lorsque le mélange est homogène, ajouter les arachides, les Corn Flakes et la fleur de sel. Mélanger.

4. Transférer la préparation dans un moule rectangulaire huilé.

5. Une fois que la préparation est refroidie, faire fondre du chocolat dans un bain-marie à feu doux. Verser ensuite un filet de chocolat sur le granola.

6. Couper le granola en forme de carrés ou de rectangles.

* « Grand-maman prenait toujours des cocos de Pâques qu'elle faisait fondre », note Rémy Couture.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE