Malgré son horaire chargé en cette période de l'année, le père Noël n'a pas tardé à répondre lorsque nous lui avons offert de participer à un test de goût pour trouver son biscuit préféré. Nous vous présentons ses conclusions et l'entrevue exclusive réalisée lors de son passage à La Presse.

Saviez-vous que le père Noël aime cuisiner, qu'il raffole de la salade de papaye verte ou encore qu'il pratique, devant son miroir, ses clins d'oeil empreints de bonté pour rendormir les enfants qui se réveillent inopinément lors de la nuit de Noël ? Notre journaliste a récolté les confidences de l'homme à la barbe blanche.

Père Noël, vous semblez avoir une dent très sucrée...

Plusieurs, voulez-vous dire ! Mais je les brosse souvent et passe la soie dentaire. Ça évite les mauvaises surprises.

Y a-t-il d'autres attentions que les biscuits qui vous font plaisir lors de votre grande traversée du globe ?

Les truffes se classent très haut sur la liste de mes plaisirs gustatifs, je le reconnais, tout comme le massepain, d'ailleurs. Mais si je fais ce que je fais, c'est pour donner et recevoir de l'amour. Tout témoignage de tendresse et d'affection à mon endroit me touche au plus haut point.

Si notre calcul est bon, vous mangez une quantité phénoménale de petites douceurs durant cette nuit de Noël. Avez-vous tendance à prendre du poids ?

Pas. Un. Gramme. Avec tout l'exercice que je fais durant cette nuit, je vous dirais même que je perds des kilos. Ce qui me convient puisque le 26 décembre, peu importe la plage choisie pour quelques semaines de repos, je revêts mon maillot de bain et vous assure que plus d'une tête se tourne sur mon passage.

Avec tout ce qu'on sait maintenant sur les méfaits du sucre, avez-vous ajusté votre consommation de friandises ?

Mais qu'est-ce qu'on sait sur le sucre ? Je ne voudrais pas sembler irrespectueux envers la science, mais avez-vous remarqué comment les enquêtes alimentaires se multiplient pour dire tout et son contraire ?

Comment vous entraînez-vous avant votre tournée ?

Je fais du ski sur neige, très chère, tiré par un immense parachute. Ainsi, j'arrive sans mal à modérer l'ardeur de mes rennes. Mais je fais aussi des centaines de pointes, tous les jours. Très pratique de savoir marcher sur le bout des pieds quand les planchers craquent. Bien entendu, je lève des poids et haltères pour arriver à supporter le poids de ma besace. Mes jambes et mes bras sont gros, certes, mais c'est de l'acier, je vous le dis bien humblement.

Exécutez-vous un rituel avant de partir pour votre distribution de cadeaux ?

J'écoute beaucoup de musique de Noël et je ne m'en lasse jamais. C'est l'une des choses les plus efficaces pour me plonger dans l'ambiance de Noël. Sinon, avant de partir, je m'adresse à chaque lutin en les appelant par leur nom et en les remerciant de leur aide précieuse. La reconnaissance est peut-être l'un des éléments les plus tristement négligés. Je parle aussi à l'oreille de chacun de mes rennes et leur dit de bien s'amuser. Enfin, j'embrasse longuement ma femme puisque c'est elle qui, depuis mes tout débuts, garde ma flamme allumée. Elle est de toutes mes décisions. Une femme merveilleuse !

Avez-vous observé des changements dans les comportements des enfants au fil des années ?

Les enfants sont et resteront toujours des enfants. Ils sont ce qu'on leur apprend. Ils ne sont donc ni plus ni moins généreux, turbulents, gentils, reconnaissants qu'autrefois. J'aime les enfants du plus profond de mon coeur : leur habileté naturelle à s'émerveiller, le fait que, pour eux, toute histoire est vraie si on prend la peine de bien la raconter, leur spontanéité... Un enfant vit l'éternité dans le moindre moment de sa vie. Je cherche à préserver cette magie en chacun.

Avez-vous aussi une liste de souhaits pour Noël ?

Je ne demande qu'une chose : pouvoir continuer encore longtemps à faire mon travail et pour cela, nous avons besoin d'une planète en santé. J'ai d'ailleurs donné des consignes à mes lutins pour qu'ils utilisent le moins de plastique possible. Un commando spécial a aussi été créé pour réparer les jouets brisés, plutôt que d'en offrir des neufs. Enfin, je crois être en avance sur mon temps puisque j'ai choisi, il y a cent ans, un moyen de locomotion qui ne dégage pas de gaz à effet de serre. Enfin... presque pas !

Vous avez sûrement quelques anecdotes savoureuses à raconter...

Au nombre de cadeaux que j'ai livrés en cent ans, vous pensez bien que des bourdes se sont produites. Ainsi, je me souviens avoir laissé un de ces fameux cubes Rubik à l'intention d'un garçon qui était malheureusement daltonien.

On vous pose sûrement souvent cette question, mais comment faites-vous pour entrer dans les foyers, surtout lorsqu'il n'y a pas de cheminée ?

Ce n'est pas sorcier, je sais rendre les cheminées extensibles. Il s'agit simplement de... Mais qu'est-ce que j'allais faire là ? Il est hors de question que je vous révèle ma technique ! Et lorsqu'il n'y a pas de cheminée, je fais comme tout le monde : j'entre par la porte. Sachez qu'aucune ne me résiste.

Nous remercions Louis Émond, auteur de livres jeunesse, dont le conte de Noël Le jouet brisé, d'avoir accepté de partager sa magie du temps des Fêtes avec nous. Chaque année, depuis 16 ans, M. Émond enfile son costume pour la Guignolée du Dr Julien afin de semer des étoiles dans les yeux des enfants.

D'où vient la tradition de donner des biscuits au père Noël ?

Les Néerlandais auraient apporté à New Amsterdam, devenu New York en 1664, la coutume de donner des biscuits au sucre à Noël, raconte l'historien Michel Lambert. Le fait que nous en donnions au père Noël serait venu avec le concept du vieillard blanc imaginé par Coca-Cola. On les dégustait alors avec une boisson gazeuse, remplacée graduellement par du lait. Le père Noël est d'avis qu'il s'agit d'une boisson plus acceptable pour les enfants et pour lui-même ! « Au Québec, explique Michel Lambert, cette idée de donner des biscuits au père Noël s'est propagée d'abord chez les anglophones avant de se répandre dans toutes les familles québécoises dans les années 50. » Le père Noël ne s'en plaint pas : s'il n'a pas besoin d'une offrande pour donner des cadeaux, il aime qu'on pense à lui, dit-il.

Testés par le père Noël

Fin novembre, nous faisions un appel à tous auprès des lecteurs afin de récolter les meilleures recettes de biscuits offerts au bon vieillard blanc, lors de sa grande tournée de cadeaux. Nous en avons retenu quelques-unes que nous avons fait tester par le père Noël lui-même.

Miroirs

Quand Marie Leroux travaillait au 911, une collègue lui offrait chaque année une boîte de ces biscuits en cadeau, car elle en raffolait. Le père Noël aussi, probablement, puisqu'à la fin de son quart de travail, la nuit de Noël, la boîte était complètement vide ! « J'ai dû la [sa collègue] soudoyer longtemps pour avoir la recette », raconte Mme Leroux. Le père Noël a trouvé cette gourmandise non seulement « spectaculaire », mais « savoureuse ».

Biscuits au réfrigérateur

« Quand mes enfants étaient jeunes, on cuisinait des biscuits frigidaire, du vieux livre Five Roses de ma mère, uniquement à Noël. On mettait le CD de Noël de Passe-Partout ou de Marie-Michèle Desrosiers en cuisinant », raconte Annie Aubé. Avant d'aller se coucher, les enfants plaçaient minutieusement les biscuits dans une assiette pour le père Noël avec un verre de lait, tout en ayant peur que leur labrador aille les grignoter avant la visite. « Le bon chien n'a jamais touché ne serait-ce qu'une miette de ces biscuits au bon goût de beurre, de citron, de noix de coco et de chocolat », se rappelle le père Noël.

Bonshommes de pain d'épices

Depuis presque 20 ans, Ginette Laflamme cuisine des bonshommes de pain d'épices avec sa petite-fille Amélie, pour le père Noël et les élèves de maternelle de sa mère. Cette année, Amélie reprend le flambeau de cette activité qu'elle a baptisée, avec sa grand-mère, « la journée de la galette ». « Ainsi, la tradition sera préservée. J'espère qu'elle la perpétuera longtemps », soutient Mme Laflamme qui, après avoir épluché tous ses plus vieux livres de recettes, n'a pu mettre la main sur l'originale. Quelle que soit la provenance de cette recette, elle plaît au père Noël. « Oh, ce ne sera pas facile de choisir ! », a-t-il réagi. Le vieil homme se dit attendri par les personnages de pain d'épices.

Le sablé au beurre de Granny

Cette recette nous a été envoyée par Susie Sicotte qui l'a eue de sa grand-mère irlandaise. Chaque année, cette dernière faisait ces biscuits à Noël pour toute la famille. « J'ai pris la relève lorsqu'elle est décédée. Je les offre en cadeau à toute ma famille, et mes petits-enfants en laissent pour la visite du père Noël », indique Mme Sicotte. Une année, elle en a vendu pour son équipe qui participait au 24 h Tremblant. Depuis, elle cuisine chaque année de 200 à 300 boîtes de 24 biscuits qu'elle vend pour en redonner les profits à diverses fondations. « Touchante initiative, a relevé le père Noël qui, en croquant le biscuit, a fermé les yeux quelques instants avant de déclarer : "Mioum." »

Le biscuit surprise

Malgré nos bonnes intentions, il arrive que dans la course contre la montre qui précède Noël, il soit impossible de trouver une minute pour cuisiner. Sachez que si cela vous arrive, le père Noël ne vous en tiendra pas rigueur. « Très bon ! », a dit le père Noël en croquant ce biscuit, tout en nous jetant, doit-on mentionner, un regard fripon. A-t-il décelé qu'il s'agissait d'un biscuit à l'avoine et aux pépites de chocolat du commerce, cuisiné par Le Président ? Nous croyons que oui...

Le biscuit gagnant

« Oh ! Ce ne sera pas facile de trancher », a lancé le père Noël après la dégustation. Parce qu'il est bon joueur (et que nous avons insisté), il a fini par déclarer grand gagnant le sablé de Granny, tout en soulignant qu'il apprécie toutes les petites attentions qu'on peut lui offrir.

Le sablé au beurre de Granny

Pourquoi avoir choisi ce biscuit ? « Pour des raisons sentimentales », a répondu le père Noël. Sa mère lui en cuisinait chaque année aux Fêtes, car le père Noël a déjà été un enfant lui aussi, avons-nous appris. Il est né de parents « normaux » comme certains magiciens d'Harry Potter, a-t-il expliqué, mais avec des pouvoirs particuliers. Arrivé à pleine maturité, il aurait tout simplement arrêté de vieillir !

Donne environ 3 douzaines de biscuits

Ingrédients

2 tasses (454 g) de beurre salé

4 tasses (1 L) de farine non blanchie

1 tasse (150 g) de sucre à glacer

Préparation

1. Préchauffer le four à 350 °F.

2. Dans un bol, mélanger les ingrédients avec un couteau à pâtisserie. Continuer à mélanger avec les mains en pétrissant la pâte jusqu'à l'obtention d'une texture de pâte à modeler.

3. Fariner la surface de travail et abaisser la pâte au rouleau jusqu'à une épaisseur d'un quart de pouce.

4. Découper les biscuits à l'emporte-pièce.

5. Décorer de sucre coloré.

6. Cuire environ 12 minutes ou jusqu'à ce que le dessous des biscuits soit légèrement doré.