Première nuit, premier repas, premiers mots. La vie de bébé est jalonnée de ces «premières fois» qui soulèvent bien des questionnements et des inquiétudes pour ses parents. Pour la dernière fois, La Presse rencontre parents et experts autour de ces mémorables moments.

En février dernier, Kimberley-Ann Renaud a placé un petit pot dans la salle de bains, avec la conviction qu'il ne servirait pas tout de suite. À son grand étonnement, sa petite Laurie-Ann, 20 mois, a choisi ce moment pour commencer à exprimer ses envies en paroles et en gestes.

«Elle disait "pipi" ou "caca" et descendait elle-même ses pantalons pour être changée, alors je l'ai mise sur le petit pot, raconte la superviseure des comptes payables de 32 ans. La première tentative a échoué, mais une semaine plus tard, elle a fait son premier pipi de grande fille!»

Comme Laurie-Ann est née prématurément à sept mois de grossesse, ses parents se sont parfois inquiétés à savoir si elle suivrait les étapes de développement de son âge. «À un certain point, c'est devenu clair qu'elle n'était pas en retard, mais plutôt vite sur ses patins, notamment en ce qui a trait au langage, constate son papa, Claude-Étienne Borduas, conseiller juridique de 39 ans. Nous sommes maintenant à l'étape où elle est plus consciente de ce qui se passe à l'intérieur d'elle et nous en informe.»

Petit pot à la demande

Les parents ont donc pris l'habitude d'emmener leur fille sur le petit pot chaque fois qu'elle exprimait son besoin. «Chaque pipi peut prendre jusqu'à 10 minutes, alors les matins, nous sommes trop à la course pour y aller, raconte la maman. Les week-ends, par contre, on y va à trois ou quatre reprises.»

Sous l'influence des plus grands enfants, Laurie-Ann fait pipi dans la toilette de la garderie chaque jour avant le dîner. «J'ai demandé à son éducatrice si je devrais lui mettre des culottes d'entraînement et elle était d'avis que, vu son jeune âge, il y aurait trop d'accidents, ce qui pourrait la mettre mal, souligne la maman. Je vais donc attendre.»

Dernièrement, le couple a également constaté que leur petite fée acceptait moins volontiers les changements de couche. «Elle veut être changée, mais se montre peu coopérative, dit la mère. Ça devient frustrant par moment.»

Prête ou pas prête?

Il y a quelques semaines, la petite a fait son premier caca dans la toilette chez grand-maman, se réjouit sa mère. «Je ne suis pas certaine qu'elle soit entièrement prête. À 22 mois, je la trouve encore jeune. C'est pourquoi nous ne lui mettons pas de pression et la félicitons de ses progrès.»

Kimberley-Ann Renaud compte profiter des longs week-ends de mai et de juin pour se consacrer entièrement à l'entraînement à la propreté. «J'aurai alors plus de temps avec ma fille. Je pense qu'elle va tirer tellement de fierté et de confort à aller sur le petit pot régulièrement qu'elle va vouloir poursuivre.»

«Je dis souvent que si je le pouvais, je garderais ma fille telle quelle, toute petite et charmante, mais je ne serai pas triste de me débarrasser des couches!», avoue Claude-Étienne Borduas, papa de Laurie-Ann.

Conseils de la psychologue

Quel est le bon moment pour commencer l'apprentissage de la propreté?, se demandent la plupart des parents de bambins. «On a souvent l'impression qu'à 2 ans, tous les enfants sont propres, observe Suzanne Vallières, psychologue et auteure de la série de livres Les psy-trucs. Or, la littérature montre qu'avant l'âge de 4 ans, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. La majorité des enfants seront propres, de jour, entre 2 et 3 ans.»

Il y a plusieurs signes de maturité physiologique et affective à observer pour voir si son enfant est prêt. «Il fait preuve de coordination en montant et descendant les escaliers, par exemple; il parle bien et comprend les consignes; il laisse sa couche sèche pendant de longues périodes; il ressent de l'inconfort lorsque sa couche est humide, entre autres signes», cite Suzanne Vallières.

L'étape de la propreté, qui marque le passage de bébé à enfant, est trop importante pour être confiée à un tiers (éducatrice, grands-parents) et devrait être prise en charge par le parent, affirme la psychologue. 

«[L'étape de la propreté] nécessite beaucoup de discipline et de disponibilité de la part du parent, c'est pourquoi je suggère de commencer pendant un long congé, idéalement le printemps ou l'été, alors que les vêtements sont plus légers.»

Pour le premier essai, le parent devrait accompagner, encourager et féliciter son tout-petit. «Si rien ne se passe en quatre minutes, on sort et on y retourne plus tard, suggère Suzanne Vallières. Plus ça ira rapidement, plus l'enfant aura un sentiment de fierté et aura envie de recommencer.» En période d'apprentissage, la psychologue suggère d'accompagner l'enfant à la toilette toutes les deux heures avec des repères dans le temps : au lever, à la collation, avant la sieste, après la sieste, et ainsi de suite.

«Il y aura certes des régressions et des petits accidents, et c'est tout à fait normal dans tout processus d'apprentissage, souligne la psychologue. On s'abstient de gronder un enfant qui s'est échappé. Papa et maman devraient plutôt se montrer rassurants et confiants.»

Pour réussir ses adieux aux couches, on s'assure que le milieu de garde est prêt à amorcer l'entraînement à la propreté au même moment et on évite de se lancer durant la phase d'opposition de l'enfant ou en période de chamboulement (séparation, déménagement, arrivée d'un autre enfant).

Les tableaux de motivation peuvent s'avérer utiles, mais ne sont pas toujours nécessaires, indique la psychologue: «Une majorité d'enfants ira à la toilette pour sa propre fierté de grandir. C'est ce qu'on veut: qu'il soit capable de le faire pour son bien, pour être soulagé et confortable.»

Que faire si l'enfant refuse? «On arrête tout, on cesse de lui en parler et on recommence un ou deux mois plus tard», répond la psychologue.

Patience! L'acquisition de la propreté de nuit arrive souvent plus tard, vers l'âge de 4 ans et jusqu'à 7 ans. «Dans l'intervalle, on évite de réveiller un enfant qui dort pour aller faire pipi et on privilégie les couches-culottes, conseille Suzanne Vallières. Avec le temps, l'enfant développera la maîtrise de ses sphincters suffisamment pour se retenir de 10 à 12 heures.»

Pour en savoir plus

- Les psy-trucs pour les enfants de 0 à 3 ans, de Suzanne Vallières, Éd. de l'Homme, 2013, 232 pages

- Les 10 étapes clés de la propreté - Naître et grandir