Votre enfant sera-t-il un fardeau pour la société ? Sera-t-il un jour prisonnier, obèse ou à charge des services sociaux ? Des scientifiques prétendent pouvoir répondre à cette question à partir d'un test réalisé sur des bambins de trois ans.

Des scientifiques du King's College, à Londres, se sont penchés sur les résultats d'un test de 45 minutes passé à un groupe de quelque 1000 enfants de trois ans il y a 35 ans, rapporte The Telegraph. Leur intelligence, leur langage, leurs capacités motrices, de même que leur niveau de tolérance, d'agitation ou d'impulsivité avaient alors été évalués.

Trente-cinq ans plus tard, révèle l'étude publiée dans Nature Human Behaviour, le cinquième du groupe était responsable de 81 % des condamnations criminelles commises par le groupe ; il avait reçu 78 % des médicaments prescrits ; il percevait 66 % des prestations sociales ; il avait séjourné 57 % de l'ensemble des nuits passées à l'hôpital ; il portait 40 % des kilos en trop de la cohorte et fumait 54 % de toutes les cigarettes. À l'inverse, 30 % de la cohorte se retrouve en minorité dans huit des catégories étudiées touchant la santé ou les services sociaux.

Ce que les scientifiques ont surtout découvert, c'est que ces résultats avaient été largement prédits des décennies plus tôt auprès des enfants qui avaient le moins bien performé durant le test.

L'équipe croit que si tous les enfants pouvaient ainsi être testés, il serait possible de déterminer lesquels sont les plus à risque. Cela permettrait ensuite d'intervenir pour éviter que ceux-ci ne deviennent un fardeau pour la société.

« Près de 20 % de la population accapare la part du lion dans une large gamme de services publics », explique ainsi le professeur Terrie Moffitt, du King's College, à Londres, et de l'Université Duke, en Caroline du Nord, au Telegraph.

« Ce sont ces mêmes personnes qui utilisent le plus le système de la santé et les tribunaux, qui font le plus de réclamations à la suite de blessures invalidantes, qui consomment le plus de médicaments et qui réclament le plus de prestations sociales. Mais on s'est intéressé à leur enfance et on s'est rendu compte que 20 % avaient des problèmes mineurs de fonctions cérébrales quand ils étaient de jeunes enfants. »

« Être capable de prédire quel enfant risque d'avoir de la difficulté donne la chance d'intervenir dans sa vie et de changer sa trajectoire, au bénéfice de tous », se réjouit le professeur.

L'équipe de chercheurs a abordé le projet en voulant tester le principe de Pareto, soit la loi des 80-20, où environ 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes. Cette loi s'applique dans plusieurs domaines, comme en biologie, informatique ou économique. Cette recherche permet d'avancer que la règle s'applique aussi quant à ce sujet de société.

- D'après The Telegraph ou The National Post.

Image tirée de la recherche (en anglais)