Chaque année, à la veille de la rentrée, Solène Bourque fait à peu près le même rêve: elle se présente dans une classe vide, il lui manque des documents, les élèves trouvent son cours ennuyant...

C'est le stress, elle le sait. 

Et elle sait de quoi elle parle: Solène Bourque n'est pas seulement enseignante au cégep, mais aussi psychoéducatrice. Son métier, c'est entre autres d'accompagner des enfants stressés ou anxieux.

«J'enseigne depuis 13 ans. À chaque rentrée, les élèves que j'ai devant moi sont nouveaux et je n'ai aucune idée du type de dynamique qu'il y aura dans la classe. [...] Il est normal que notre corps et notre esprit réagissent à la rentrée, peut-être même plus qu'à d'autres moments de l'année.»

«Le stress, il est palpable. Juste de penser à la rentrée, j'ai le coeur qui palpite», raconte Vanessa Landry, qui rentre au travail cette semaine après un congé de maternité de deux ans. Elle pense à la routine qu'elle doit installer, au défi - nouveau pour elle - de la conciliation travail-famille. «Je pense que la rentrée est un défi pour tous les parents, reconnaît-elle. Les enfants ne coopèrent pas toujours le matin...»

Une recette épicée

Sa rentrée sera donc épicée de quelques-uns des ingrédients de la recette du stress: de l'inconnu, de la nouveauté, de l'incertitude quant à sa capacité à bien se préparer pour la classe tout en prenant soin de son poupon. Vanessa Landry est habituée aux rentrées stressantes: avant cette année, elle n'apprenait que la veille de la rentrée dans quelle école et à quel niveau elle allait enseigner! Cette année, au moins, elle ne vit pas cette inquiétude supplémentaire. «Je connais l'école et les collègues avec qui je vais travailler», dit l'enseignante.

«Je mentirais si je disais que [les enseignants ne vivent pas de stress], souligne Mélanie Desjardins, psychoéducatrice en milieu scolaire. Eux aussi ont un nouveau groupe, de nouveaux élèves... C'est une adaptation pour les enseignants aussi.» Elle voit d'ailleurs d'un bon oeil le fait que les enseignants aient, eux aussi, des personnes à qui s'adresser pour mieux vivre cette transition et être accompagnés, quand c'est nécessaire, dans l'apprivoisement des élèves à défi particulier.

Avec le temps, il y a toutefois de bonnes chances que la tension baisse. Martine Desautels, qui est à l'aube de sa 23e rentrée, aborde le début de l'année scolaire avec sérénité. 

«J'ai toujours un stress, mais un bon stress. J'ai hâte de rencontrer les enfants, de passer mon année avec eux. Je vois ça positivement. Je les aime, ces petits-là!»

La sensibilité au stress dépend toutefois moins de l'âge que de la situation elle-même. Le sentiment de compétence vient avec l'expérience, ce qui peut diminuer l'impact des facteurs de stress. L'attitude pèse aussi dans la balance. Ne pas mettre trop de pression sur les autres et sur soi-même semble ajouter au calme de l'enseignante. 

«Il n'est pas nécessaire de tout faire parfaitement le premier jour, dit-elle. Ce n'est pas grave si l'enfant n'a pas tous les articles scolaires le premier jour. Ni même le deuxième. La perfection, ce n'est pas intéressant...»

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Martine Desautels, qui est à l'aube de sa 23e rentrée dans l'enseignement, aborde le début de l'année scolaire avec sérénité.