Les parents d'Alicia, quatre ans, sont un peu découragés. Elle a de nombreuses qualités et elle sait être généreuse à ses heures, mais elle agit parfois en enfant gâtée. Il faut dire que ses parents gagnent bien leur vie et qu'ils ne la privent pas de grand-chose.

Ainsi, lorsqu'ils font des courses avec elle, elle leur fait sans cesse des demandes et se met systématiquement à bouder lorsqu'ils disent non. Ils tentent alors de lui expliquer que le magasin ne leur appartient pas, et qu'il faut beaucoup de sous pour payer les achats. Elle leur répond alors : «Tu n'as qu'à aller au mur qui donne des sous», en faisant référence au guichet automatique! Lorsqu'ils voient qu'elle boude et qu'elle ne comprend pas leurs explications, ils finissent souvent par céder à ses demandes, pour acheter la paix.

Les notions d'argent, d'épargne et de saine consommation sont des concepts un peu abstraits pour les enfants d'âge préscolaire. Leur niveau de développement cognitif peut leur permettre de comprendre qu'on doit donner une carte en plastique à la caissière de l'épicerie, mais il leur est encore difficile de comprendre que cette carte sert à retirer de l'argent que papa et maman ont gagné en travaillant durement.

Ils peuvent avoir une pensée magique selon laquelle l'argent vient du ciel, pousse dans les arbres, ou peut être obtenu à volonté au «mur qui donne des sous»! Durant les années où ils seront à l'école primaire, leurs notions d'argent, d'épargne et de consommation s'amélioreront.

D'abord, ils comprendront vaguement qu'il faut travailler pour avoir de l'argent et qu'on ne peut en obtenir à volonté ou sur demande. Ils réaliseront qu'il y a des gens qui ont moins d'argent que leur parent et qui vivent dans la pauvreté, et ils réaliseront aussi qu'il y a des gens qui ont plus d'argent que leurs parents... et ils envieront probablement les enfants de ces derniers!

Enfin, vers la fin de l'école primaire et tout au long de l'adolescence, ils comprendront les concepts plus abstraits de l'épargne, des dettes, des avances de fonds, du crédit, etc.

Contribuer à la comprehension

En tant que parents, nous avons un rôle à jouer dans l'acquisition de ces connaissances et dans le développement d'une saine relation avec l'argent et de bons comportements de consommation. D'abord, il est important que les conversations entre parents sur les finances de la famille soient rationnelles lorsqu'elles ont lieu devant les enfants. S'ils sont témoins d'échanges houleux et émotifs sur l'argent, ils pourraient associer les finances au stress, aux conflits ou à l'angoisse.

Ensuite, on peut leur apprendre très jeune à être responsables de leurs choix, avant même qu'ils aient à manipuler concrètement de l'argent. Par exemple, dès l'âge de deux ans, on peut leur offrir deux choix à l'heure de la collation : «Est-ce que tu veux un fruit et un fromage, ou un yogourt?» Ainsi, ils apprennent qu'ils ne peuvent tout avoir et à assumer les conséquences de leurs choix. C'est ce qu'ils devront faire plus tard en devenant consommateurs.

On peut aussi jouer au «magasin» pour leur apprendre à compter l'argent, à vérifier s'ils en ont assez pour certains articles, et à faire des choix s'ils n'ont pas assez de sous. Lorsque l'on fait les vraies courses avec eux, il est important de leur mettre des limites quand ils font des demandes d'achat. On leur explique que l'on doit fonctionner par priorité : l'épicerie et le loyer d'abord, le cinéma et les bonbons ensuite!

Quand ils grandissent et qu'ils veulent avoir une certaine autonomie pour leurs petites dépenses quotidiennes, on peut leur donner une allocation hebdomadaire. Cela permet d'apprendre à gérer un budget, à contrôler les dépenses pour avoir suffisamment de sous pour toute la semaine et à en mettre de côté pour de plus gros achats.

À la préadolescence, lors­qu'ils veulent un vêtement hors de prix, on peut lui offrir d'en payer une partie s'ils sont prêts à assumer l'autre. On peut alors suggérer d'avancer la somme qu'ils doivent assumer, et qu'une partie de l'allocation sera retenue chaque semaine pour rembourser cette somme.

Des outils à leur disposition

Il ne faut pas oublier de mettre à la disposition de nos enfants différents outils pour l'épargne. Quand ils sont tout petits, on peut leur offrir une tirelire. Quand ils sont plus grands, on peut leur ouvrir un compte de banque et leur apprendre comment faire des transactions (dépôt, retrait...).

Notre ado a dépensé toute son allocation et il veut acheter quelque chose avant la prochaine allocation? On a deux choix : soit il s'en prive, soit on lui avance le montant dont il a besoin. On peut en profiter pour lui apprendre que si cette somme avait été empruntée à la banque, il aurait eu à payer des intérêts en plus. Le but est qu'il retire une leçon sur les conséquences de mal planifier ses achats ou de trop dépenser.

Enfin, un dernier conseil, mais non le moindre : en tant que parent, il faut être soi-même un bon modèle d'une saine relation avec l'argent. Il ne sert à rien de faire la morale sur ce sujet si nous dépensons impulsivement et si nous croulons sous les dettes!