Noémie, 15 ans, fait un peu d'acné et trouve que ses hanches et ses fesses sont trop larges. Elle n'aime pas son apparence et s'en plaint souvent. Pourtant, ses parents la trouvent très belle et tentent régulièrement de la rassurer en lui disant que les problèmes d'acné se terminent souvent vers la fin de l'adolescence ou le début de l'âge adulte.

Ils lui disent également qu'elle n'est vraiment pas grosse et que beaucoup de filles aimeraient avoir la même silhouette qu'elle. Mais ces belles paroles, pourtant sincères, ne semblent pas apaiser Noémie. Ses parents remarquent que les séances de magasinage pour acheter des vêtements deviennent de plus en plus compliquées et que son rituel de maquillage du matin devient de plus en plus long et frustrant pour elle. Elle tente de camoufler son acné, mais le résultat n'est jamais satisfaisant à ses yeux. Les parents se demandent comment réagir.

Voir son ado souffrir d'une image corporelle négative est toujours difficile. Pour les parents, leurs enfants sont toujours les plus beaux! Justement, la plupart des adolescents sont très conscients de cet amour inconditionnel et du manque d'objectivité de leurs parents et, pour cette raison, ils accordent souvent bien peu d'importance ou de crédibilité aux compliments des parents. Ils peuvent alors dire des commentaires tels que «c'est sûr que tu me trouves belle... t'es ma mère!»

Il est important de comprendre que l'image corporelle se développe dès le plus jeune âge et que les parents peuvent avoir un important pouvoir de prévention. En effet, dès les premiers mois de la vie, l'enfant peut apprendre par les câlins, les bisous et la chaleur de ses parents que le corps peut être source d'expériences positives. Plus tard, lorsque l'enfant développe ses habiletés motrices, apprend à marcher ou développe éventuellement des compétences sportives, il peut ressentir un sentiment de compétence corporelle, qui le met aussi en relation positive avec son corps. Le fait que les parents soient eux-mêmes des modèles d'image corporelle positive peut également protéger leur enfant contre d'éventuels problèmes d'estime de soi et d'image corporelle. Par exemple, un parent qui trouve qu'il a une apparence acceptable, qui est capable de déterminer quel peut être un poids réaliste compte tenu de sa taille et qui porte un regard critique sur les images irréalistes des médias peut favoriser le développement d'une attitude similaire chez son enfant. À l'opposé, bien des parents qui ont une image corporelle négative envoient inconsciemment et involontairement des messages malsains à leurs enfants. À titre d'exemple, une mère insatisfaite de son corps ou de son visage et qui se critique à voix haute devant le miroir peut envoyer le message à sa fille que pour être heureuse dans la vie, il faut être belle.

Bien entendu, de nombreux facteurs pouvant influencer l'image corporelle d'un enfant échappent au contrôle des parents. Par exemple, un parent a peu de pouvoir sur les taquineries des amis à l'école, sur les idéaux de beauté présentés dans les médias... Mais encore là, les parents peuvent agir sur la façon dont l'enfant réagira à ses éléments extérieurs.

Ils peuvent aider l'enfant à développer un regard critique par rapport aux médias. Une bonne façon d'y arriver est de s'asseoir dans un lieu public, d'examiner les passants et de calculer le pourcentage de passants qui ressemblent réellement aux images des magazines. L'enfant réalisera à quel point les images uniformisées des médias ne correspondent pas à la diversité d'apparences qui existe dans la réalité. Le fait d'assister au tournage d'une émission de télé permet également à l'enfant de constater à quel point les animateurs sont maquillés et retouchés et, croyez-moi, en animant moi-même une émission... j'en sais quelque chose!

Enfin, favoriser une bonne estime de soi en général chez son enfant peut le protéger contre les adversités de la vie, telles que les taquineries des pairs pouvant l'humilier. En étant présent pour soutenir votre enfant et en multipliant ses sources de valorisation, vous contribuerez à développer cette «bulle de protection» que représente l'estime de soi. Vous pouvez le complimenter sur toutes ses qualités personnelles et même sur sa beauté. Et si votre ado vous répond : «C'est sûr que tu me trouves beau, t'es ma mère», dites-vous que votre compliment peut tout de même le rassurer et lui faire du bien... même s'il ne l'avoue pas sur le coup!