Brigitte et Étienne éprouvent des difficultés avec leur fils de trois ans, Mathias. Comme ils le disent si bien, Mathias cherche constamment à repousser leurs limites. Ils ont l'impression que ce problème est causé par leur façon d'encadrer Mathias. Brigitte aime bien donner des petits soins à son fils, tandis qu'Étienne adore jouer avec lui dehors, mais les deux n'aiment pas du tout faire la discipline. Ils se rendent pourtant bien compte que Mathias a besoin d'encadrement et qu'ils ne peuvent le laisser faire tout ce qu'il veut. Leur entourage et leurs belles-mères respectives leur disent souvent qu'ils manquent de constance et de cohérence dans leurs interventions, ce qui les exaspère au plus haut point! Malgré tout, quand ils y réfléchissent bien, ils se rendent compte que les limites qu'ils imposent à leur fils varient au gré de leur humeur. De plus, il arrive souvent à l'un de «défaire» l'intervention de l'autre. Ils se demandent comment arriver à être plus constants et plus cohérents dans la discipline.

 

Ah! La constance et la cohérence dans les interventions... Tous les parents entendent souvent parler de ces deux concepts. La constance signifie que les règles de la maison sont toujours les mêmes et que les interventions, lorsque l'enfant ne respecte pas une consigne, sont toujours les mêmes. La cohérence peut vouloir dire deux choses. Il y a la cohérence entre les deux parents qui signifie que les deux parents font respecter les mêmes règles et se soutiennent mutuellement lors d'interventions. Il y a également la cohérence entre les avertissements et les conséquences réelles. Si un parent avertit son enfant qu'il aura une conséquence s'il ne respecte pas une consigne, l'enfant aura réellement cette conséquence s'il brise réellement la consigne. Croyez-moi, c'est beaucoup plus simple à dire et à comprendre qu'à appliquer concrètement, tout simplement parce que les parents sont des humains aux humeurs changeantes, et non des robots. Mais l'important, c'est de viser l'objectif d'être constant et cohérent, pas d'être parfait!

La constance et la cohérence sont importantes à ce point, car elles permettent aux jeunes enfants de bien intégrer les règles, les attentes et les consignes de leurs parents. Ainsi, ils peuvent s'y adapter plus rapidement et prendre confiance en eux. Donc, même si une règle est frustrante pour l'enfant, si elle est constante, il finit par s'y adapter, et si les parents sont cohérents, il sera sécurisé.

À l'inverse, si les parents manquent de constance et de cohérence dans leurs interventions, entre autres parce qu'ils ont peur de frustrer leur enfant, parce qu'ils achètent la paix pour ensuite perdre patience les jours où ils sont plus stressés, l'enfant sera insécurisé par l'imprévisibilité des interventions de ses parents. C'est comme si vous aviez un patron qui changerait votre description de tâche chaque jour (pour le manque de constance) ou comme si vous aviez deux patrons qui n'ont pas les mêmes attentes envers vous (pour le manque de cohérence).

Les parents qui offrent un encadrement constant et cohérent à leur enfant s'assurent que leur autorité soit crédible aux yeux de celui-ci. De plus, cela limite les chances que l'enfant s'oppose aux consignes. En effet, un manque de constance et de cohérence fait en sorte qu'il ne sait pas où se situent les limites... et tant qu'un enfant ne sait pas avec certitude où se situent les limites de son encadrement, il les cherche ou il cherche à les repousser!

Pour faciliter l'atteinte de la constance et de la cohérence dans les interventions, je suggère souvent aux parents d'écrire un «code de vie» pour la maison, avec les règles et les attentes clairement spécifiées. Ils peuvent même prévoir quels seront les privilèges et les conséquences appliquées en cas de respect ou de non-respect des consignes. Ce truc peut sembler banal, mais quand les deux parents sont devant leurs papier et crayon, c'est à ce moment qu'ils s'aperçoivent que leurs attentes ne sont pas si claires, même dans leur propre esprit! Pour ceux qui trouvent ça trop structuré, songez au fait que la famille est la première institution sociale où l'on apprend à vivre en groupe et c'est la seule institution où les règles ne sont pas écrites. Partout ailleurs, les enfants fonctionnent avec des règles écrites (sports, loisirs, école, municipalité, province, pays, garderie...), en s'y adaptant très bien... sans se sentir brimés.

Enfin, si vous réussissez à bien encadrer vos enfants, n'oubliez surtout pas qu'ils ont tout autant besoin d'attention et d'affection.