Élizabeth est très triste. Sa tante préférée vient de mourir des suites d'un cancer. Elle était toujours positive et de bonne humeur... un vrai rayon de soleil! De plus, elle a vécu une bonne partie de sa dernière année de vie chez les parents d'Élizabeth. Élizabeth s'était donc encore plus attachée à elle. Ses parents sont également très touchés par cette perte. Ils l'ont accompagnée jusqu'à son dernier souffle, à l'hôpital.

Depuis son décès, Élizabeth ressent comme une boule de chagrin dans la gorge. Elle remarque également que chaque membre de sa famille ne réagit pas de la même façon : sa mère pleure un peu tous les jours, son père est irritable et passe beaucoup de temps à bricoler dans le garage. Sa grand-mère en parle beaucoup, alors que son grand-père fait comme si de rien n'était. En observant tout cela, elle se demande comment elle devrait réagir... Est-ce que sa boule de chagrin dans la gorge est normale, est-ce qu'elle devrait en parler aux membres de sa famille, est-ce que cela risque au contraire de les faire pleurer? Elle se sent paralysée. Elle veut exprimer sa peine, mais elle sent que tout le monde autour d'elle a déjà beaucoup de peine et qu'ils ne sont pas vraiment disponibles pour l'écouter. Elle a l'impression que chacun souffre dans son coin, sans oser s'en parler.

Il existe plusieurs théories décrivant les différentes étapes d'un deuil. Une des plus connues, celle de Kübler-Ross, les décrit ainsi :

1) Le déni : «Non, ce n'est pas vrai, ce doit être une erreur.»

2) La colère : «Pourquoi fallait-il que cela arrive? C'est injuste!»

3) Le marchandage : «Si je prie, elle va guérir... Si je donne toute ma fortune aux médecins, ils vont la sauver!»

4) Le désespoir : «Tout est fini, pourquoi moi? Tout est perdu, ma vie ne sera plus jamais la même.»

5) L'acceptation : «Je peux sortir grandie de cette épreuve, la vie continue.»

Ces théories sur le deuil donnent une bonne indication du processus général par lequel un individu peut passer, mais il existe des petites nuances qui amènent des différences pour chaque individu (selon son tempérament) et chaque deuil (par exemple : le deuil d'un grand-père, d'un parent, d'un enfant... une mort annoncée des mois à l'avance, une mort accidentelle et subite). Chacun vit son deuil à son rythme et chacun exprime ses émotions à sa façon. Certains extériorisent, d'autres gardent tout en dedans, certains font une fuite en avant en se disant : «Il faut passer à autre chose, le passé doit rester derrière nous, il faut regarder en avant», d'autres se réfugient dans la nostalgie...

Lorsque les membres d'une famille vivent le deuil d'une même personne et que chacun évolue dans son coin sans s'ouvrir, des incompréhensions peuvent naître entre eux puisque les comportements de chacun par rapport au deuil peuvent être très différents. La famille d'Élizabeth en est un bon exemple. Afin d'éviter ces incompréhensions et d'éventuels conflits, il peut être important de communiquer en famille sur le deuil : comment chacun se sent-il, qu'est-ce que j'observe dans les réactions des autres, quels sont mes besoins? Cela peut alléger le poids du deuil sur les épaules de chacun. En effet, si en discutant de ses émotions avec les membres de sa famille, Élizabeth se rendait compte que tous ont à peu près les mêmes réactions émotives, mais qu'elles s'expriment de façons différentes dans le comportement de chacun, elle serait moins inquiète par rapport à la «normalité» de sa propre réaction. Cela contribuerait à diminuer un peu sa détresse et son sentiment d'isolement par rapport au deuil.

Prendre du recul

Il est également important de se confier à des gens à l'extérieur de la famille, à des gens qui ne vivent pas ce deuil et qui sont donc moins émotifs par rapport à nos réactions. Se confier à ces gens, surtout s'ils se montrent empathiques, peut nous amener à prendre du recul, à réaliser notre force personnelle. Par exemple, si Élizabeth confie à sa mère qu'elle s'ennuie de sa tante, sa mère pourrait se mettre à pleurer en disant qu'elle aussi s'ennuie d'elle. Si elle confie la même émotion à sa meilleure amie, celle-ci pourrait lui dire qu'elle la trouve forte de passer à travers cette épreuve et qu'elle peut garder un bon souvenir de sa tante dans son coeur. Ces deux réactions par rapport à la confidence d'Élizabeth peuvent l'aider à cheminer. La réaction de sa mère l'amène à se sentir moins seule avec ses émotions, et la réaction de son amie l'amène à prendre du recul et à prendre conscience de ses ressources personnelles.

Bref, se confier est une excellente stratégie d'adaptation face à un deuil, que ce soit avec les autres endeuillés de la famille ou avec d'autres personnes moins touchées par ce deuil. Il faut également accepter qu'une partie du deuil se résolve simplement par le temps qui passe, pour éventuellement arriver à une étape où l'on peut se dire que la vie continue malgré tout et qu'on peut s'en sortir grandi.