La tirelire de votre enfant déborde et il souhaite ouvrir un premier compte en banque? Bonne idée! Selon les experts consultés, il est important de commencer l'éducation financière dès le plus jeune âge afin de lui apprendre les notions de base de l'épargne ainsi que la gestion de l'argent.

Plus on parle tôt et ouvertement d'argent avec ses enfants et plus ils seront préparés et conscients de la valeur des choses. «Ouvrir un compte en banque est la première étape. Tout dépend de l'âge de l'enfant, mais très souvent, on commence avec un compte d'épargne enfant-parent», conseille Sophie Sylvain, planificatrice financière au Mouvement Desjardins. 

Dans ce cas, c'est le parent qui détient le contrôle du compte et de la carte de débit (qu'on doit avoir pour gérer le compte en ligne), précise-t-elle, mais l'argent qui s'accumule appartient à l'enfant. «Créer un compte, c'est inculquer à son enfant la valeur de l'argent. À 7 ou 8 ans, on peut aller avec lui faire les dépôts à la banque, regarder ensemble en ligne l'évolution de ses économies et lui expliquer les différentes transactions», affirme Hélène Boileau, planificatrice financière à BMO Banque de Montréal.

La caisse scolaire persiste

On retrouve toujours, dans certaines écoles primaires, la caisse scolaire Desjardins, créée en 1907. En 2016, plus de 90  400 jeunes ont participé au programme de caisse scolaire dans près de 1375 établissements scolaires du Québec et de l'Ontario.

«Pour beaucoup de Québécois, ce compte aura été leur premier. La caisse scolaire permet aux élèves de déposer de l'argent dans un compte, c'est souvent de très petites sommes symboliques, mais ça permet de vivre ses premières expériences avec l'épargne et de développer un sens des responsabilités», estime Sophie Sylvain.

Tout dépend des besoins de l'enfant. Est-ce qu'il veut ouvrir un compte à 8 ou 9 ans pour y déposer l'argent reçu en cadeau de ses grands-parents, ou veut-il utiliser ce compte plus souvent dans le cas où, par exemple, l'enfant aurait une allocation?

«C'est toujours bon de donner une allocation à son enfant, car ça permet de gérer de manière très concrète son argent. Il peut en économiser une partie, en dépenser une autre et se fixer des objectifs d'économie pour pouvoir acheter un jouet, un vélo...», estime Nadine Gauvin, gestionnaire de produits pour les solutions aux particuliers à la Banque Nationale. 

«On vit dans une société de consommation, et ce sont des valeurs très importantes à inculquer.»

Elle explique que de 0 à 6 ans, le compte sera au nom du parent, mais l'enfant en sera bénéficiaire, puis de 7 à 12 ans, l'enfant peut ouvrir un compte à son nom avec l'autorisation des parents. De 13 à 17 ans, on peut l'ouvrir seul, mais les parents sont tout de même responsables de l'enfant jusqu'à ses 18 ans.

«La carte de débit, généralement, on estime qu'à partir de 12 ans, on peut la remettre à l'enfant, explique Sophie Sylvain. Ça correspond à l'entrée au secondaire, les notions de mathématiques sont maîtrisées - additions, soustractions, divisions. L'enfant va donc comprendre que s'il dépose de l'argent et qu'il en retire, c'est normal qu'il n'ait pas toujours la même somme dans son compte!»

Les paramètres de la carte

La carte de débit, dans la plupart des institutions financières, est émise avec l'ouverture du compte. Mais sachez qu'on peut y ajouter des paramètres pour protéger les enfants et rassurer les parents. 

Au début, la carte de débit peut, par exemple, être utilisée uniquement pour y faire des dépôts. On peut aussi fixer une limite d'argent à retirer par semaine ou par jour et limiter le nombre de transactions. 

«Si ça inquiète les parents de laisser la carte de débit entre les mains de son enfant, on peut y mettre des paramètres plus serrés», souligne Sophie Sylvain, du Mouvement Desjardins. Elle propose que, dans un premier temps, les parents gardent la carte de débit et la donnent à l'enfant seulement lorsqu'il dépense en leur compagnie. Les paramètres peuvent ensuite évoluer en fonction de sa transition vers l'autonomie.

«Il y a un sentiment de fierté quand on obtient sa première carte de débit. C'est un symbole, même si la carte ne sert qu'à faire des dépôts», indique Mario Di Bernardo, directeur de succursale, RBC, à Brossard.

La Banque Royale offre le compte Leo pour les jeunes de moins de 19 ans.

Hélène Boileau rappelle qu'il faut parler ouvertement d'argent avec les enfants afin qu'ils apprivoisent le vocabulaire financier. «Faire une erreur à 13 ans va coûter moins cher qu'une erreur de jeune adulte à 19 ou 20 ans! Ce n'est pas un service à lui rendre de tout gérer à sa place. Le responsabiliser, ça va faire toute la différence!», lance-t-elle.

Tous les experts interrogés estiment qu'il faut mettre son enfant en contact avec la réalité financière de la maison. Lui parler du budget et des dépenses de la famille, de son travail, de l'épicerie, du loyer et des activités pour qu'il comprenne que l'argent ne tombe pas du ciel. «La notion de devoir patienter pour économiser afin de pouvoir s'acheter un jouet ou un autre gadget est tout aussi importante», rappelle Nadine Gauvin.

Tout est une question de confiance, et il faut aussi savoir estimer le degré de maturité de son enfant. « Même en tant qu'adulte, on ne peut pas retirer une somme illimitée au guichet par jour ! », s'exclame Hélène Boileau.

Informations et jeux-questionnaires

Plusieurs institutions financières proposent sur leur site internet des informations sur l'épargne pour les enfants, ainsi que des capsules et des jeux-questionnaires afin de mieux comprendre les principes de l'économie.

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Selon les experts consultés, il est important de commencer l'éducation financière dès le plus jeune âge afin de lui apprendre les notions de base de l'épargne ainsi que la gestion de l'argent.