Papa mais sûrement jamais pape, malgré son nom, Marc Ouellet vit à Grenade, en Andalousie. «J'ai rencontré mon épouse, une Espagnole, alors qu'on étudiait tous les deux à Paris, la ville de l'amour, raconte-t-il. À la fin de notre séjour, j'ai décidé de venir la voir en Espagne.» Les tapas et la beauté de Grenade ont convaincu le gars de Chicoutimi d'y rester. Douze ans plus tard, le couple a trois enfants: Julio, 8 ans, Elena, 6 ans et Olivier, 4 ans. La Presse a joint M. Ouellet pour parler de paternité à saveur andalouse.

Est-ce particulier, être père en Espagne?

La plus grande différence par rapport au Québec, c'est que les enfants sont toujours avec leurs parents. Même si on va dans un bar le soir, ils viennent avec nous. Jusqu'à minuit, il n'est pas rare de voir les enfants s'amuser dans la rue. C'est différent de les coucher après Passe-Partout.

Aussi, la famille élargie garde vraiment le contact ici, les gens voient leurs cousins au deuxième ou troisième degré. On fait des réunions de famille où les enfants s'amusent beaucoup entre eux. Ils sont toujours en groupe, rarement seuls à la maison.

Quels sont les avantages d'élever des enfants à Grenade?

À mon avis, l'Espagne, c'est le pays des enfants. Ils sont dans un contexte social riche. Il y a beaucoup de tolérance au bruit, ils peuvent jouer dans la maison ou sur le terrain. Il n'y a pas de soucis.

Vos enfants vont à l'école?

Mon plus vieux va à l'école primaire. Il commence à 9 h, puis c'est sans arrêt jusqu'à 14 h. Ensuite, il va à la cafétéria pour manger, puis il se réunit avec des amis pour jouer au soccer. C'est bien important de jouer au soccer, sinon ils sont exclus. Mes deux autres enfants fréquentent l'équivalent d'une garderie, qui offre aussi la maternelle.

Vous êtes chercheur en psychologie à l'Université de Grenade. Votre horaire de travail est-il compatible avec la vie de famille?

Je suis vraiment chanceux. Je travaille de 9 h à 15 h sans arrêt, sans pause. Ensuite, je peux passer l'après-midi avec les enfants. Plusieurs de mes amis, malheureusement, doivent retourner travailler de 17 h à 20 h 30 ou 21 h. Ils aiment couper la journée en deux, sauf qu'avec des enfants, c'est un horaire difficile. Souvent, ce sont pratiquement les grands-parents qui élèvent les enfants. Dans le sud de l'Espagne, c'est un rôle qui est pratiquement acquis pour eux.

Vous n'avez pas trop faim durant le jour?

Je mange un petit sandwich devant mon écran, je ne vais pas le cacher. Sinon, ça va, on s'habitue à ce rythme. Il suffit de prendre un bon petit-déjeuner.

Comment expliquez-vous le faible taux de natalité des Espagnols?

Les Espagnols ont leurs enfants très tard. Avant 35 ans, c'est rare d'avoir un enfant, ici. Quand tu as ton premier enfant plus vieux, tu as peut-être moins envie d'en avoir un deuxième ou un troisième... Il faut dire que les jeunes restent souvent chez leurs parents jusqu'à 30 ans. C'est vraiment culturel, dans le sud de l'Espagne. Beaucoup font le choix de ne pas avoir d'enfants pour voyager et faire la fête. Il y a aussi la crise économique qui a eu un effet. Moi, j'ai eu mon aîné à 31 ans, et j'étais un jeune père.

Quelles activités faites-vous en famille?

On va souvent faire des excursions dans la Sierra Nevada [un massif montagneux situé au sud-est de Grenade]. On va passer une bonne partie de l'été à la plage, sur la mer Méditerranée. Ça, c'est très bien, totalement relax.

ESPAGNE

POPULATION EN 2013

46,6 millions

TAUX DE FÉCONDITÉ EN 2012

1,32 enfant par femme

CONGÉ DE PATERNITÉ

13 jours de congé minimum, payés à 100 %

REVENU NATIONAL BRUT PAR HABITANT EN 2013

29 940 $ US

QUÉBEC

POPULATION EN 2013

8 millions

TAUX DE FÉCONDITÉ EN 2012 1,67 enfant par femme

CONGÉ DE PATERNITÉ Cinq semaines payées l'équivalent de 70 % du revenu (revenu maximal assurable de 70 000 $ par an)

REVENU NATIONAL BRUT PAR HABITANT EN 2013 AU CANADA  52 210 $ US

Sources: Perspective monde Université de Sherbrooke, ministère de l'Emploi et de la Sécurité sociale de l'Espagne, Institut de la statistique du Québec, Régime québécois d'assurance parentale, Statistique Canada et la Banque mondiale.