C'est en Suède, où ils étaient tous deux étudiants, que Sébastien Chartrand a rencontré sa femme, une Allemande. Après avoir vécu à Montréal, où est née leur fille Charlotte il y a 9 ans, la famille s'est installée en Allemagne, où a vu le jour Clara, 5 ans. La Presse a joint l'heureux vater (père, en allemand) à Hambourg, troisième plus grand port d'Europe.

Que faites-vous à Hambourg?

Nous y sommes depuis juillet, après avoir vécu à Bonn. Ma femme voulait retourner dans le nord de l'Allemagne, d'où vient sa famille. Je suis sociologue, j'ai collaboré au livre Le bon sens à la scandinave : politiques et inégalités sociales de santé (PUM, 2013).

Depuis trois ou quatre ans, j'ai surtout enseigné, mais en ce moment, je suis plus père à la maison. Il faut dire qu'en Allemagne, il faut être disponible pour s'occuper des enfants en après-midi, comme l'école finit tôt et les services de garde aussi. Ma plus grande est en 4e année et ses cours se terminent à 13 h.

Est-ce que l'horaire des garderies est aussi contraignant?

Non. À Hambourg, la garderie de ma fille Clara est ouverte de 7 h à 18 h et on a un certain nombre d'heures gratuites. C'est beaucoup mieux qu'à Bonn. Il y a, en Allemagne, des régions conservatrices, où il y a moins de places en garderie, avec des heures d'ouverture plus courtes. À Hambourg, on est plus comme les Scandinaves.

Quels sont les avantages d'être père en Allemagne?

On a un grand avantage : avoir du temps avec nos enfants l'après-midi. Même quand j'étais enseignant, je terminais très tôt, vers 13 h 30, et j'allais ensuite chercher mes filles. Ça laisse beaucoup plus de temps de qualité à passer avec les enfants, eu lieu de les voir seulement à 17 h 30, quand ils sont fatigués. Il est possible d'occuper bien des emplois à temps partiel, en Allemagne.

Il y a aussi beaucoup d'activités pour les enfants, peut-être parce que la population est importante. L'offre est riche. Il y a des camps, des activités de sensibilisation à la nature, des sorties de découverte de parcs animaliers. Les cours de musique sont aussi très courants. Mes filles prennent des leçons de piano et de flûte.

On peut faire du vélo presque à longueur d'année, grâce au temps qu'il fait. On habite à cinq minutes de la plage, où on va se promener en hiver et en été. Même s'il fait gris et un peu froid l'hiver, c'est toujours intéressant de voir les vagues, de regarder l'eau.

La paternité est-elle vue de la même façon au Québec et en Allemagne?

En Allemagne, les pères sont souvent les pourvoyeurs principaux, qui vont beaucoup travailler, faire des heures supplémentaires le soir. Les mères sont davantage à la maison, ou vont travailler à temps partiel. Ma mère m'envoie la revue québécoise Naître et grandir, où on valorise beaucoup le rôle du père, ce qui est moins le cas ici.

Il y a des congés de paternité en Allemagne, mais j'ai vu quelques cas où les pères les prenaient l'été, pendant les vacances. Ils n'étaient pas seuls à la maison avec les enfants, leur conjointe était là aussi. Si on travaille dans une boîte privée, ça peut d'ailleurs être mal vu de prendre un long congé de paternité.

Avez-vous toujours voulu avoir des enfants?

Oui. Assez tôt, je voulais avoir des enfants. Ma femme a longtemps travaillé pour les Nations unies, elle était souvent partie deux semaines, parfois jusqu'à trois semaines, pendant lesquelles je m'occupais de nos filles. Je suis un père très présent dans leur vie et je suis assez fier de ça.

ALLEMAGNE

Population en 2013 : 80,6 millions

Taux de fécondité en 2012 : 1,38 enfant par femme

Congé de paternité : deux mois payés de 300 à 1800 euros (426 $ à 2555 $) par mois, selon le revenu gagné avant la naissance.

Congé parental (à partager entre parents) : 12 mois payés comme le congé de paternité

Salaire annuel moyen en 2013 : 35 943 euros (49 509 $)

Sources : Banque mondiale, Perspective Monde de l'Université de Sherbrooke

QUÉBEC

Population en 2014 : 8 millions

Taux de fécondité en 2012 : 1,67 enfant par femme

Congé de paternité : cinq semaines payées l'équivalent de 70 % du revenu (revenu maximal assurable de 69 000 $ par an).

Congé parental (à partager entre parents) : sept semaines payées l'équivalent de 70 % du revenu et 25 semaines payées l'équivalent de 55 % du revenu.

Rémunération hebdomadaire moyenne en 2013 : 830,44 $ (43 182 $ par année)

Sources : Institut de la statistique du Québec, Régime québécois d'assurance parentale et Statistique Canada.