Québécois d'origine, Pierre-Nicolas Lemyre vit en Norvège depuis 18 ans. C'est là que sont nés ses enfants Tobias, 9 ans, Kaisa, 8 ans, et Ebba, 3 ans. C'est depuis Oslo qu'il a parlé à La Presse de paternité au pays des Norsk - les Norvégiens.

Avez-vous eu droit à des congés de paternité ?

Quand un enfant naît en Norvège, le père et la mère ont deux semaines de congé ensemble. Puis, au cours de la première année de l'enfant, le père a 10 semaines de congé de paternité. Mais ce n'est pas aussi parfait ou romantique que c'en a l'air. En pratique, c'est plus difficile que sur papier, notamment pour les gens qui ont leur propre entreprise ou qui sont consultants.

Quand j'étais en début de carrière, ce n'était pas stressant d'être parti pendant 10 semaines. Mais pour ma petite dernière, j'étais directeur et je n'étais remplacé qu'à temps partiel. Il a fallu que je lise mes courriels pendant mon congé de paternité, que je fasse des suivis.

Est-il aisé de faire garder son enfant ?

Il y a neuf ans, quand notre premier enfant est né, il n'y avait pas assez de places en garderie pour tout le monde. Ça créait beaucoup de stress aux nouveaux parents. Depuis, le gouvernement a mis beaucoup d'argent dans la création de nouvelles garderies et elles couvrent 100 % de la demande.

Que font les pères norvégiens avec leurs enfants ?

Beaucoup de pères profitent des 10 semaines de congé de paternité pour se remettre en forme. La grand-mère ou le grand-père s'occupent de l'enfant, pendant que le père s'entraîne ! C'est aussi fréquent de voir les pères courir avec leurs jeunes enfants dans un buggy, ou faire du vélo avec une remorque. En hiver, c'est populaire d'aller en ski de fond, avec les enfants dans un traîneau.

Ici, la nature est facilement accessible et gratuite. Tu ne paies jamais pour un billet d'entrée pour les pistes de ski de fond ou les parcs nationaux. Beaucoup d'autres activités coûtent très cher, parce que le salaire minimum est très élevé. Un billet de cinéma, c'est 150 couronnes (25 $). Il faut qu'il pleuve très, très fort, pendant plusieurs jours avant d'aller au cinéma !

Les Norvégiens ont-ils beaucoup d'enfants ?

À Oslo, on a l'impression qu'il y a beaucoup plus d'enfants qu'à Montréal. Mais c'est surtout que les gens qui ont des enfants sont plus visibles. Ils vont en ville avec des poussettes ; les autobus et le métro sont plus faciles d'accès qu'à Montréal. Il est fréquent d'entrer dans un autobus et d'y voir cinq poussettes. La grande porte latérale permet d'y entrer super facilement, la marche y est plus basse et on n'a pas à montrer notre billet au chauffeur. Le système fonctionne sur l'honneur.

Les pères norvégiens trouvent-ils du temps pour être avec leurs enfants ?

On finit de travailler tôt, comparé aux Québécois. L'hiver, on travaille de 8 h à 16 h. L'été, on termine à 15 h. Quand je pars du bureau à 16 h, ça me prend 15 minutes pour me rendre à la maison, j'y suis à 16 h 15. On va souvent souper à 17 h, puis nos enfants ont des activités.

Les lundis et mercredis, nos deux grands ont des cours de ski de fond, dans un club de notre quartier. L'été, ce sont des cours de vélo et de soccer. Tous les garçons de la classe de mon fils, sauf un, sont dans l'équipe de soccer. Ce qui fait que le sport est un véhicule social important pour les jeunes. Les entraînements commencent à 18 h 15, tout le monde est là et tout le monde a mangé !

Norvège

- Population en 2014 : 5 millions

- Taux de fécondité en 2012 : 1,85 enfant par femme

- Congé de paternité : Deux semaines après la naissance, puis dix semaines réservées aux pères, payées l'équivalent de 80 % à 100 % du revenu.

Québec

- Population en 2014 : 8 millions

- Taux de fécondité en 2012 : 1,67 enfant par femme

- Congé de paternité : cinq semaines payées l'équivalent de 70 % du revenu (revenu maximal assurable de 69 000 $ par an).