Plus d'une femme enceinte sur trois n'a pas accès à un suivi médical durant le premier trimestre de sa grossesse. Compte tenu des budgets limités et du nombre croissant de naissances, le Québec devrait se doter d'un réseau de cliniques du nourrisson afin d'assurer l'encadrement des parents et des bébés dans cette période déterminante.

C'est le constat que fait le commissaire à la santé et au bien-être, Robert Salois, dans son rapport sur la périnatalité déposé jeudi à l'Assemblée nationale. D'entrée de jeu, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a pris acte du compte rendu du commissaire. «Dans ces évaluations, il y a toujours des points positifs et des choses à améliorer», a-t-il observé. Les cliniques du nourrisson existent déjà sous d'autres vocables; souvent, «ce qu'on veut, c'est l'accès au service, il faut que la mère ait accès à une première ligne qualifiée, un médecin ou une infirmière clinicienne».

Faire face à la demande

Il ne s'inquiète pas du fait que 35% des femmes enceintes ne soient pas vues par un médecin dans les trois premiers mois de grossesse. «À un moment donné, toutes les femmes sont suivies. La femme ne fait pas toujours de diagnostic la première journée» et il peut s'écouler plusieurs semaines avant qu'elle téléphone à son médecin de famille, a expliqué le ministre Bolduc.

Selon Robert Salois, le gouvernement doit «s'assurer que l'enfant au Québec devienne une priorité». «C'est le message clair de tous les intervenants qu'on a rencontrés», a-t-il souligné. Les cliniques du nourrisson seraient un moyen d'offrir un meilleur encadrement. «Comme on n'a pas les moyens de faire du face-à-face, il faut innover en périnatalité, a-t-il soutenu. Les cliniques du nourrisson rassembleraient en un endroit des personnes qui pourraient échanger avec une personne-ressource. Ça peut se faire en groupe, le postnatal aussi. L'idée est de maximiser les outils pour faire face à la demande et tenir compte du fait qu'on a des pénuries.»

Le commissaire, après avoir consulté 200 personnes, 49 familles et 27 experts, a relevé un consensus: le Québec «éprouve des difficultés à fournir, en temps opportun, les soins et services les plus appropriés aux parents, futurs parents et tout-petits». L'information est déficiente. «Il nous faut mieux informer et soutenir tous les parents dès les premières semaines de grossesse. Les femmes enceintes et les bébés n'ont pas le temps d'attendre; les incidences sur la croissance et le développement des tout-petits sont trop grandes», a affirmé M. Salois.

Le Québec connaît une hausse du taux de natalité depuis quelques années et il a enregistré 88 000 naissances en 2010. On compte 500 000 enfants de 0 à 5 ans. Le taux de mortalité infantile est parmi les plus bas du Canada et, a relevé le ministre Bolduc, le Québec est souvent dans les trois premières provinces en matière de services.

Or, le commissaire a noté des déficiences en ce qui a trait au suivi. «Les visites postnatales à domicile, pour informer et soutenir les parents, ne sont effectuées qu'auprès d'environ 68% des nouveau-nés, ce qui demeure préoccupant», a-t-il souligné. Ces visites ont été instaurées quand la durée de l'hospitalisation après l'accouchement a été réduite.

Le rapport préconise aussi la création d'un site internet qui fournirait aux parents une information validée, facilement accessible et couvrant toute la période de la périnatalité et de la petite enfance. On propose aussi d'élargir l'offre de cours postnataux.

Bien que le Québec s'améliore plus rapidement que les autres provinces, il demeure sous la moyenne canadienne. En dépit de l'augmentation du nombre de médecins et d'infirmières, «des défis quant à la réponse aux besoins de la population perdurent». Par ailleurs, le rapport note que le niveau de services varie beaucoup d'une région à l'autre.