Entre un numéro spécial sur les gros et un autre sur les gais, voilà que l'équipe d'Urbania, bien connue pour son art de la provocation et son esprit champ gauche, a choisi de s'attaquer au sujet le plus rose bonbon qui soit: les bébés! Mais ne vous y méprenez pas, le traitement est ici évidemment décalé. Pas de suggestions de sorties ou de trucs pour endormir son nouveau-né: on parle plutôt des différentes teintes des cacas, des très grands prématurés, d'un homme enceint et même... du bon vieux désir d'enfant.

Quoi? Le désir d'enfant dans... Urbania? Vous avez bien lu. Parce que le numéro, en kiosque depuis une semaine, n'a pas pu y échapper: même en voulant aborder les sujets les plus tabous qui soient (le don de sperme, la vasectomie, le deuil périnatal), il n'était pas possible de parler d'enfants sans parler du désir d'en avoir, tout simplement.

Le sujet s'est d'ailleurs imposé de lui-même, à la grande surprise de la rédactrice en chef, Catherine Perreault-Lessard. «Au début, on voulait écrire tout ce qu'on n'ose habituellement pas dire sur les bébés, raconte-t-elle. Mais en faisant notre numéro (qui a été à ce jour la plus belle expérience d'Urbania), on a réalisé qu'il y avait aussi quelque chose de beau et de beaucoup plus puissant dont on ne pouvait pas ne pas parler: le désir d'enfant.»

Impossible de le nier: quand on interroge des parents, que ce soit des pères en «road-trip» avec leurs enfants, des infirmières dans l'aile de néonatalité de l'hôpital Sainte-Justine, même des éducatrices en garderie, «chaque fois qu'on interviewait des parents, c'est ce qui ressortait. Et cela m'a vraiment surpris, à quel point c'était fort, le désir d'enfant». Du coup, le magazine propose autant le plus laid (lire: le bébé pas beau, la couche pleine, littéralement), que le plus beau, de l'univers «bébé».

Dans cette volonté de parler de bébés «autrement», l'équipe a toutefois dû éviter certaines sujets. On pense ici à l'allaitement («tout a tellement été dit»), ou encore aux «joies de la maternité» («non, ça ne nous tentait pas. On ne voyait pas de manière différente d'en parler»). Le magazine ne propose pas non plus de guide ou de tendances, par simple souci de «pérennité».

Par ricochet, le magazine aborde aussi la question du... non-désir d'enfant, dit la «bébéphobie». C'est d'ailleurs le texte qui, sans surprise, conclut le numéro. Et les journalistes se sont apparemment bousculés pour écrire sur la question. Pour la petite histoire, il faut savoir que de tous les collaborateurs, qui ont entre 25 et 35 ans, seuls cinq ont des enfants. Dans leur entourage, par contre, les bébés semblent pulluler. D'où l'idée de ce numéro spécial.

Avis aux intéressés: la vie de famille risque de revenir au menu d'Urbania. L'an prochain, on nous promet en effet un spécial... ados! À suivre.