Vous attendez un enfant? Vous avez commencé à feuilleter les magazines, à faire du lèche-vitrine et à rêver la chambre de bébé? Oubliez ça. Ce qu'il vous faut, c'est un baby planner.

S'il faut en croire les sites qui vendent ce genre de service, c'est LA tendance de l'heure: embaucher un pro qui fera le boulot à votre place, finalement. Quelqu'un qui connaît les soldes, les boutiques spécialisées, les meilleures marques, les gadgets indispensables et surtout inutiles, histoire de vous faire économiser bien du temps dans les boutiques et de l'argent en inutilités.

«Mon but, c'est d'aider les futures mères à faire les meilleures affaires», résume Martina Rosini, qui a lancé sa petite entreprise de baby planner à Vancouver, il y a deux ans. «J'étais enceinte et j'ai réalisé que je perdais beaucoup de temps à magasiner. J'ai dépensé des fortunes sans savoir s'il s'agissait de produits dont j'avais vraiment besoin. Et puis je me suis dit: ça serait bien s'il existait un service qui ferait le travail à ma place.»

La dame a vite trouvé son créneau. Aujourd'hui, elle sert une dizaine de clientes par mois. Des femmes soit alitées, qui ne peuvent par définition pas magasiner, ou encore débordées, qui n'ont donc tout simplement pas le temps de décoder ce nouvel univers du mobilier et des gadgets pour tout-petits. En moyenne, chaque client débourse 500$ pour son service (à raison de 50$ l'heure en consultations et 150$ l'heure en magasinage). Les plus économes ne dépensent ensuite que 700$ pour préparer l'arrivée de leur bébé (en achetant une poussette d'occasion, par exemple), tandis que les plus dépensiers peuvent aller jusqu'à plusieurs milliers de dollars.

Bien sûr, son service n'est pas donné, reconnaît-elle. «Mais je crois vraiment que, au bout du compte, je les fais économiser.» Elle cite toutes ces femmes qui croient indispensable la poussette de jogger «alors qu'elles ne courent même pas et qu'on ne peut y mettre un enfant de moins de 6 mois». Au lieu de les laisser dépenser 800$ les yeux fermés, elle leur conseille plutôt un modèle qui convient davantage à leurs besoins.

Régulièrement, les blogues et autres magazines de maternité s'amusent à dresser le palmarès des plus grandes inutilités que l'on cherche à nous vendre comme essentielles au bon développement de notre bébé: le tapis électronique time out, les mitaines pour le petit pot ou la ceinture musicale pour le ventre de maman figurent parmi le top 10 de plusieurs d'entre eux. «Tout ça, c'est à cause de la publicité. Les gens se laissent convaincre que, s'ils n'achètent pas tous ces gadgets, ils ne seront pas de bons parents.» Selon elle, une nouvelle mère n'a finalement besoin que de quatre choses: des couches, un porte-bébé ventral, un interphone de surveillance et un bon livre sur le sommeil des nouveau-nés. Encore faut-il savoir lesquels.

«Je ne suis pas contre, ce genre de service n'est pas dangereux, mais j'ai des réserves», dit Martyne Huot, directrice générale du réseau Familles d'aujourd'hui et éditrice du magazine Grossesse. Européen à la base (on parle là-bas de «conciergerie»), ce genre de planning a toutefois tendance à déresponsabiliser les futurs parents, déplore-t-elle. «Encore une fois, c'est comme si le parent n'était pas capable de faire ces choix tout seul!»

Elle rappelle que cette préparation à l'arrivée du bébé est aussi un grand plaisir, un apprentissage, et qu'il existe une foule de petits guides ou de listes sur l'internet sur les choix judicieux à faire. «Il ne faut pas non plus penser que si on n'a pas de baby planner, ça va être l'enfer! C'est toujours une question de gros bon sens.»

Sauf erreur, il n'existe que peu, ou pas, de planificateur du genre au Québec. «Mais il va y en avoir beaucoup. Ce n'est qu'une question de mois», croit l'éditrice. Entre la poussette-Cadillac et le biberon de marque, peut-être aideront-ils les familles à trouver une place en garderie? Tout un contrat...