Si j'avais une semaine de relâche à passer au chalet, au bord de la mer ou à la maison, je ferais comme d'habitude: je me transformerais en lecteur boulimique, j'écouterais beaucoup de musique, j'enfilerais les séries télé et j'en profiterais pour revoir des films ou rattraper ceux que j'ai ratés.

Je lirais Disgrâce, de J.M. Coetzee, un roman de 1999 réédité en français l'automne dernier (Points/Seuil). Un alter ego de l'écrivain, David Lurie, professeur de communication spécialiste de Byron, doit quitter son poste à l'Université de Cap après une liaison avec une étudiante. Il se réfugie dans la ferme de sa fille, dans une campagne isolée et brutale.

 

L'écriture, limpide et épurée, de Coetzee lui a valu le Prix Nobel de littérature en 2003. Disgrâce est un roman cynique, sans complaisance, sur la culpabilité et le renoncement. Une métaphore fine de l'après-apartheid, dans une Afrique du Sud où l'on panse ses plaies dans la violence, sourde ou crue, noire ou blanche.

J'écouterais beaucoup, en lisant, le nouvel album ambitieux, touffu et enveloppant de Malajube, Labyrinthes. Moins pop que ses prédécesseurs, plus ardu sans doute, par moments grandiloquent, mais jalonné de traits mélodiques irrésistibles. En toile de fond. Parce qu'il vaut mieux à mon avis ne pas en comprendre les paroles.

Je regarderais, d'une traite en DVD, la première saison de la série télé Californication, mettant en scène Hank Moody (David Duchovny), un écrivain en panne d'inspiration, émule de Charles Bukowski, qui «californique» à gauche et à droite, avec des trop jeunes et moins jeunes femmes, tout en tentant de reconquérir le coeur de son ex-compagne. C'est aussi cru que comique, aussi amusant que politiquement incorrect. Le plaisir est presque total... jusqu'à la finale, malheureusement bâclée.

Je me lancerais peut-être dans les cinq saisons de la série télé The Wire, écrite par un journaliste du Baltimore Sun. Je reverrais sans doute plusieurs films québécois de la dernière année, en préparation de la soirée des Jutra. Je déballerais enfin les cinq DVD qui traînent depuis un mois sur ma table de chevet: 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu, La ballade de Narayama de Shohei Imamura, La graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche, Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, et De l'autre côté de Fatih Akin.

Mais comme je n'ai ni chalet ni de journées de vacances en banque, je peux toujours rêver...