«Miroir, miroir... dis-moi, qui est la plus belle?» «C'est celle qui parle avec ton mec, pendant que tu es en train de te maquiller.»

L'humoriste Dorothy Rhau offre cette contemporaine version de l'ancestrale rivalité féminine, dans le documentaire Démasquées... les beautés. Ce film signé Marie Plourde, que diffusera Canal Vie le 6 juin, s'en prend à la tyrannie du maquillage qui, selon ses détractrices, «conditionne le regard des hommes, infantilise la femme et hypersexualise la petite fille». Joli hasard: Blanche-Neige et les chasseurs, avec Charlize Theron dans le rôle de Ravenna, prend l'affiche dès aujourd'hui...

«Je suis une femme, je peux donc être paradoxale», déclare le délicieux personnage de Violet Crawley (interprété par la non moins truculente Maggie Smith), dans Downton Abbey. Un mot d'esprit qui peut très bien décrire l'impression qui nous accompagne pendant les 30 minutes du documentaire, sorte d'exploration du rapport trouble que les femmes entretiennent avec la coquetterie (et ses munitions).

Le désir de plaire (et surtout se faire dire et répéter qu'on est jolie), voilà l'axe autour duquel se déploie ce plaidoyer pour un «retour à quelque chose de plus vrai». Un désir aussi humain que destructeur et mythique.

Sans maquillage

Dans Démasquées... les beautés, le message est on ne peut plus clair. Et répétitif. Ici, une designer d'intérieur partage son soulagement de s'être trouvée belle, même si elle a osé se montrer le visage à nu devant la caméra. Là, Marie Plourde et ses alliées supplient les hommes de dire aux filles démaquillées qu'elles sont belles. Et ainsi de suite.

L'intention d'une «Journée sans maquillage» est noble, certes. Mais pour toutes sortes de raisons, on a du mal à embrasser pleinement la cause des porte-parole de cette opération. La principale: certaines d'entre elles sont des rédactrices de magazines féminins qui, le reste du temps, remplissent une bonne partie de leurs pages avec des publicités vantant une panoplie de produits qui «rendent les femmes belles».

«On n'a rien contre le maquillage», répètent les protagonistes du documentaire, comme un leitmotiv. Peut-être parce qu'au fond, en cette ère d'interventions esthétiques, de Photoshop et d'écrans «haute démolition» (pour citer Lise Dion), le maquillage n'est pas le plus redoutable des ennemis féminins.