Au chapitre des restos exotiques, et j'ajouterais surtout indiens, ce n'est pas en regardant la façade qu'on saura ce qu'il y a dans l'assiette. Prenez ce troquet du centre-ville, anonyme, au décor banal, presque affligeant dans sa fadeur. On ne garde pas un affectueux souvenir du lieu, surtout qu'il n'y a pas eu de grands changements cosmétiques malgré les changements de cuisine.

L'occupant précédent était russe. Avant celui-là, il était mexicain ou argentin. Je ne m'en souviens plus, tant il y a eu de proprios et de types de cuisine en peu de temps dans ce local.

Voilà que des Indiens du Punjab s'installent. Ils ont raison, il y a beaucoup d'étudiants dans le coin, et pas mal d'Indiens, lesquels appartiennent à ces adorateurs du beurre, de la crème, des épices chaudes, des pains cuits au four tandoori (qu'on aperçoit derrière le comptoir à service qui, lui, ressemble à s'y méprendre à un présentoir de cafétéria).

Bref, dans ce joyeux et appétissant capharnaüm - appétissant car prometteur de belles et bonnes choses vu l'odeur, disons-le tout de suite -, on est attiré devant ce présentoir comme des mouches par du miel. Miam ! Mais surtout parce qu'il y a des Punjabis qui y viennent et qui semblent se reconnaître dans les currys et les plats de riz de la maison.

En tout cas, ça nous change de l'Extrême-Orient, des restaurants chinois et coréens qui affluent tout autour. Ici, on fait dans les plats mijotés saturés de cardamome, de cannelle, de coriandre et de cumin, des grillades et kebabs de poulet, des soupes de lentilles épaisses et nourrissantes et, surtout, retroussées aux piments. Les thalis, des assiettes en inox à compartiments, sont proposées pour 7 $ ou 8 $ selon qu'elles contiennent un ou deux plats de viande ou sont complètement végétariennes.

Vous avez aussi un curry de légumes mélangés, un de lentilles ou de pois chiches, un curry d'épinard et de fromage, du riz pulao (la version indienne du pilaf), un pain nan et un popadum bien croustillant. Et vous en avez largement pour votre argent. En plein coeur de la ville, c'est difficile à battre.