Le marteau tombe: adjugée pour 100.000 euros (156 000$)! Il ne s'agit pas d'un bijou, mais d'une truffe blanche de 750 grammes achetée par un gastronome de Hong Kong lors de la vente annuelle du château de Grinzane Cavour dans le Piémont (nord-ouest de l'Italie).

Humoriste et starlettes de la télévision: tout était mis en oeuvre pour doper les enchères qui se sont déroulées dimanche en simultané à Grinzane et à Hong Kong.

Au total, la mise aux enchères de 11 truffes a récolté 250.000 euros dont 50.000 serviront à la construction d'une école maternelle dans un village près de L'Aquila, détruit par le séisme d'avril.

«La plus grosse, que j'ai finalement laissée à cet acheteur de Hong Kong, je voulais l'offrir au pape!», raconte Antonio Bertolotto, PDG du groupe énergétique Marco Polo.

Il s'est finalement contenté d'une truffe de 385 grammes à 7.700 euros (12 000$) destinée à la communauté don Ciotti, qui la servira dans sa cantine pour personnes défavorisées: «Je suis content que des gens plus modestes puissent en profiter».

Au château de Grinzane se pressaient 150 personnes, restaurateurs, riches entrepreneurs, critiques gastronomiques ou journalistes.

Cette vente est le moment fort de la foire internationale de la truffe blanche, qui s'est tenue du 3 octobre au 8 novembre dans la petite ville d'Alba, où se sont pressés des dizaines de milliers d'acheteurs étrangers (français, allemands, suisses) et italiens.

Pour les plus désargentés, il est possible de déguster sur place, moyennant 37 euros (58$), un oeuf au plat avec de la truffe blanche râpée et un verre de vin.

«Nous venons de Suisse chaque année depuis 7-8 ans», raconte Franco, un Tessinois qui s'est offert une truffe de 50 g pour 94 euros (147$). «On vient pour la foire et aussi pour bien manger! On rapporte une truffe en Suisse pour faire un cadeau, et une autre pour nous, pour la cuisiner», explique-t-il.

Plusieurs dizaines de vendeurs de truffes blanches proposent la tubercule la plus chère du monde à environ 200 euros (313$) les 100 grammes, contre plus du double l'an dernier.

«Une bonne truffe, c'est une truffe qui te dit: +Mange-moi!+ Elle doit être fraîche et de préférence piémontaise! C'est avec le nez que vous pouvez sentir si cette truffe est faite pour vous!», s'enthousiasme Aldo Scendra, un vendeur de 65 ans.

Renato Agnello, 71 ans, a commencé à chercher des truffes avec son père à l'âge de 6 ans: «Nous sommes chercheurs de truffes de père en fils depuis sept générations. Mon père s'est spécialisé dans le dressage des chiens-truffiers, il en avait des dizaines qu'il vendait aussi en France».

Et de donner quelques conseils: «C'est mieux de partir à la chasse la nuit, car le chien est beaucoup plus sensible aux odeurs à cause de l'humidité et de la rosée. Parfois, les truffes sont enfouies à un mètre de profondeur, mais le chien arrive à les sentir».

La concurrence est rude: quelque 12.000 autres maîtres-truffiers sont enregistrés dans le Piémont. «Nous, les chercheurs de truffes dignes de ce nom, nous avons nos endroits secrets. Pour ne pas nous faire repérer, nous préférons y aller la nuit, en cachette», reconnaît Renato.

Pour promouvoir ce produit du terroir, le Piémont nomme chaque année des ambassadeurs: parmi les heureux élus cette année, l'architecte allemand Daniel Libeskind et le chef Franck Cerutti du restaurant Louis XV du Grand-Hôtel de Paris à Monte-Carlo.