Déjà au XIXe siècle, des milliers de partisans d'un peu partout au Québec célébraient leur équipe sportive en partageant un repas. Et ce, bien avant la restauration rapide.

Fin du XIXe siècle. La ligue provinciale de baseball remporte un franc succès au Québec. À une époque où il n'existe pas de retransmission radiophonique des parties, les partisans du National de Montréal suivent leur équipe... en train.

«En 1895, à l'occasion d'une partie du National à Saint-Hyacinthe, plusieurs milliers de Montréalais ont suivi leur équipe. Dans une ville de 8000 personnes, il n'y avait pas suffisamment de restaurants pour accueillir toute cette foule! Alors les partisans ont apporté leur lunch... et ils en ont profité à l'occasion pour s'enivrer», raconte Paul Foisy, responsable de projet pour le Panthéon des sports du Québec.

Comme aujourd'hui, les amateurs de sport de l'époque profitaient des parties ou tournois (principalement le baseball et les courses de chevaux) pour se réunir, manger et festoyer. Surtout qu'il y a 100 ans, la semaine de travail s'échelonnait souvent sur six jours. Le dimanche, la pause sportive était bienvenue.

«Bien entendu, au fil des années, le clergé s'est mis à surveiller ces rassemblements d'un peu plus près! Ça éloignait le bon père de famille de ses obligations et ça l'amenait à certains excès, ajoute M. Foisy. Les clubs sportifs ont peu à peu réglé la question en amenant des professionnels, des gens de l'élite, à s'intéresser au sport. Voilà qui donnait plus de crédibilité à ces rassemblements.»

Et quel était le menu sportif de prédilection? Bien avant les ailes de poulet et le combo nachos - trempette au fromage - Coke diète, il semblerait que les sandwichs au jambon et fromage faisaient office de festin, rapporte le chercheur américain Peter Morris, dans le livre A Game of Inches.

D'après ses recherches, ce n'est qu'au début du XXe siècle que le hot-dog a fait son apparition dans les amphithéâtres sportifs... pour ne plus les quitter.

Quelques décennies plus tard, dans les années 40, les boissons gazeuses, la crème glacée et le maïs soufflé se sont aussi établis dans les arénas et les stades. D'autres produits, aujourd'hui disparus, attirent toutefois les consommateurs de l'époque: le Bovril ou l'Oxo, deux variétés de bouillon de boeuf concentré, se disputaient le marché sportif à grands coups de publicité.

Une relation indissociable

Les parties du Canadien en séries éliminatoires, la finale de la Coupe Grey et le soir du Super Bowl sont désormais des occasions de fraterniser autour d'un bon petit gueuleton, qu'on soit amateur de sport ou pas. «Je ne suis pas un grand fan, mais j'aime l'idée de la fête, dit Louis-François Marcotte, chef des restaurants Simpléchic et Le Local, à Montréal. La nourriture, c'est un dénominateur commun, c'est rassembleur. Tout ce que l'on cherche, ce sont les occasions, et le sport en est une.»

«La nourriture et le sport, c'est une relation occidentale, ajoute François Marticotte, professeur à l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). À partir d'une consommation qui peut très bien être individuelle, on a intégré le sport comme étant un événement festif. D'où la facilité de vendre des produits qui y sont rattachés, comme la bière et la pizza.»

Soirée sportive: les essentiels

D'après le chef Louis-François Marcotte, voici les aliments de base à avoir sous la main en vue d'une soirée sportive à la maison.

- Quelques baguettes de pain

- Des saucisses achetées chez votre boucher préféré

- De la moutarde de Dijon

- De la salade de chou faite maison, c'est encore mieux

- Du maïs soufflé en sac sans sel ni beurre assaisonné d'un filet d'huile d'olive et de parmesan, ça fait un malheur, assure-t-il

- Des ailes de poulet «C'est tellement facile à faire! s'exclame le chef. Et on a presque toujours les épices sous la main.»