Il y avait la tomate rose. Puis la verte. On croyait avoir tout vu avec l'arrivée de la petite tomate en grappes. Mais voilà qu'apparaissent maintenant en grande surface la coeur de boeuf, cette tomate si difforme qu'elle en est jolie, et la kumato, une irrésistible variété de tomate noire.

En France, les médias ont qualifié cette dernière - qui est en fait plutôt brunâtre, de tomate de bobo, pour bohème bourgeois. La tomate de snob, finalement, puisqu'il faut évidemment payer un peu plus pour la mettre dans le panier. Ici aussi, apparemment, elle plaît surtout aux consommateurs en quête d'innovation culinaire. «Ce sont vraiment des produits de niche», confirme Marie Gosselin, vice-présidente de Savoura.

L'entreprise québécoise a fait des tests pour ces deux variétés, sans succès. Les consommateurs ne les achetaient pas. Vrai pour la tomate noire, confirme Jacques Demers, des Productions horticoles Demers, qui a aussi constaté que la tomate foncée ne plaisait pas aux Québécois. Mais l'entreprise de Saint-Nicolas produit la coeur de boeuf et lui prédit un avenir très prometteur. Pour l'instant, elle n'est vendue qu'en commerce spécialisé. «C'est une tomate très fragile, explique Jacques Demers. Pour nous, c'est un défi technique.» Mais un défi qui mérite d'être relevé, puisque le consommateur ne se contente plus de la tomate classique, dit-il. La coeur de boeuf est plus intéressante. «Elle est très invitante et plus facile à farcir, précise le producteur maraîcher. Elle donne de belles tranches fleuries.»