Les problèmes de santé mentale font de plus en plus de ravages au pays, dénonce l'Association médicale du Québec (AMQ). En entrevue exclusive avec La Presse, le président de l'AMQ, le Dr Jean-Bernard Trudeau, a dit souhaiter qu'un dépistage systématique des problèmes de santé mentale chez les jeunes soit effectué.

«D'ici quelques années, la dépression deviendra la deuxième cause d'invalidité dans le monde. Il faut faire quelque chose pour prévenir cela», affirme le Dr Trudeau. Selon lui, les enfants devraient faire l'objet de dépistage précoce de troubles mentaux, et ce, dès l'âge préscolaire. «Certains tests permettent de voir si un enfant est plus enclin à développer des problèmes psychologiques. Chez les adolescents, une mort sur quatre est attribuable au suicide, souvent lié à la maladie mentale. Quand on sait cela, il faut faire quelque chose», dit le Dr Trudeau.

Bien entendu, pour pouvoir mener ces examens, plus de ressources devraient être implantées dans les écoles. «Il faudrait plus de psychoéducateurs et d'autres spécialistes pour détecter les troubles mentaux dès l'enfance», poursuit le Dr Trudeau.

Les soldats qui reviennent du front devraient eux aussi subir systématiquement un test de dépistage du syndrome post-traumatique (SPT), selon l'AMQ. «Il y a encore beaucoup de préjugés contre le SPT dans l'armée. Pourtant, un soldat sur trois est à risque de développer un SPT en revenant du front. Le dépistage est actuellement volontaire alors que selon nous, tous les soldats devraient le subir», dit le Dr Trudeau.

Non à la discrimination

À la veille du congrès annuel de l'Association médicale canadienne (AMC), qui se tiendra la semaine prochaine à Montréal, l'AMQ a également pris position sur une série de sujets chauds. Le Dr Trudeau a entre autres martelé que les médecins ne devraient pas avoir à subir la discrimination exercée par des patients. Par exemple, les gynécologues-obstétriciens ne devraient pas avoir à changer leur horaire parce que certaines patientes refusent d'être soignées par des hommes.

«Au Québec, vous pouvez choisir d'avoir un suivi de grossesse par une femme. Mais les obstétriciens fonctionnent en mode de garde. Donc, lors de l'accouchement, ça ne veut pas dire que c'est votre médecin qui vous accouchera. Les médecins ne peuvent pas modifier leur horaire de garde pour être certains d'accoucher les patientes qui ne veulent pas avoir de médecin homme», soutient le Dr Trudeau.

L'AMQ croit aussi que toute loi visant à accorder des droits aux foetus (projet de loi C-484) n'a pas sa raison d'être au Canada. «Le débat sur l'avortement a déjà eu lieu. On ne veut pas que ça recommence», dit le Dr Trudeau.

Toutes les propositions de l'AMQ seront débattues la semaine prochaine à Montréal. Le Dr Trudeau s'attend à ce que certaines suggestions fassent l'objet de débats houleux lors du congrès de l'AMC, qui réunira des milliers de médecins.