Du fruit, toujours du fruit... c'est essentiellement ce que tout consommateur recherche dans les vins.

Un vin donné aura beau posséder tout le reste (l'équilibre, la juste dose d'acidité, la tendreté des tannins dans le cas des rouges, etc.), il lui manque le plus important s'il n'a pas de fruit et d'éclat.

Exactement, au fond, comme pour les fruits eux-mêmes, qu'il s'agisse de fraises, de framboises, de pommes, etc. qui déçoivent si leurs saveurs sont ternes et dépourvues de fraîcheur.

Ont-ils au contraire beaucoup de goût et cette qualité des saveurs, mais aussi de texture, qui sont le propre des meilleurs fruits, ils charment d'emblée.

Vin de négoce (il ne provient donc pas de ses propres vignes), le Côtes du Rhône 2005 Mon Coeur, d'un des plus réputés viticulteurs de la vallée du Rhône, Jean-Louis Chave, a, précisément, tout le fruit et tout l'éclat souhaitables.

Bien coloré comme Côtes du Rhône, ce vin élaboré avec surtout du Grenache, mais également de la Syrah et un peu de Carignan, puis élevé quelques mois en fûts usagés, brille d'abord par la pureté de son bouquet, dominé par des nuances de fruits rouges, et qu'accompagnent des notes boisées très discrètes. La bouche, elle, est charnue, avec du corps et des saveurs pleines d'éclat, bâtie autour de tannins fermes, quoique sans rugosité. Quel beau Côtes du Rhône!

Bref, on regrette seulement que ce producteur et son agent n'en aient proposé que 300 caisses à la SAQ...

S, 10 330 433, 21,35$, *** 1/2,$$ 1/2, 2007-2010.

Il restait un peu moins de 200 caisses de ce Côtes du Rhône au moment de la rédaction de ces lignes, mais bien davantage (pas loin de 1000) du Bourgogne 2005 Couvent des Jacobins Louis Jadot, qui a lui aussi cette qualité du fruit si importante, une des caractéristiques, soit dit en passant, de ce merveilleux millésime qu'est 2005 pour de nombreux vignobles.

De couleur rouge clair, c'est un bourgogne peu complexe, plutôt unidimensionnel au nez comme en bouche, mais pourvu cependant d'un très beau fruit, aux arômes et aux saveurs nets, de sorte qu'on le boit avec le plus grand des plaisirs.

C, 966 804, 20,50$, ***,$$ 1/2, 2007-2009.

Un vin de Provence

Il n'en reste qu'une cinquantaine de caisses, et il est plus cher que les deux précédents, mais c'est un vin d'une telle qualité -et même un grand vin, à mon avis), qu'il vaut la peine de signaler son passage.

En bref: le vin en question, à savoir le Coteaux d'Aix-en-Provence 2004 Le Grand Rouge Revelette, fait de Syrah (60%) et de Cabernet Sauvignon (40%), à la superbe robe pourpre foncé, séduit d'abord par l'ampleur de son bouquet, sa profondeur, avec dans ce cas également les arômes de fruits rouges qui dominent, agrémentés de notes épicées (le bois). La bouche suit, dense, concentrée, corsée et même puissante, et sans lourdeur aucune, tout cela bâti sur des tannins solides. Bref, un style un peu carré qui rappelle certains Châteauneufs-du-Pape. Magnifique vin, donc, qui est élevé en fûts, dont 20% de fûts de chêne neuf.

S, 10 259 745, 34,25$, ****, $$$ 1/2, 2007-2012.

DÉGUSTÉS POUR VOUS

Anjou 2006 Cabernet franc «Vieilles Vignes» Château de Fesles. Contrairement à d'autres vins rouges de la Loire, celui-ci ne manque pas d'étoffe. Rien de très distingué, mais c'est un vin qui a du bouquet, de la matière, alors que c'est surtout en bouche que l'on reconnaît le Cabernet franc. Très bon dans son genre. S, 710 442, 16,65$, ***,$$, 2007-2009.

Madiran 2003 Château d'Aydie. Très coloré, à peu près opaque, ce Madiran élaboré avec uniquement du Tannat et élevé 18 mois en fûts, au bouquet profond, dense, de fruits noirs, marqué par un boisé un peu rustique, régalera les amateurs de vins puissants en raison de son ampleur, de sa bouche éminemment concentrée. Mais il faut aimer le style. S, 10 268 553, 25,60$, ***,$$$, 2007-2011.

Bourgogne Hautes-Côtes-de-Beaune 2005 Château Philippe-le-Hardi. Bourgogne blanc passablement boisé, aux arômes comme de citron confit (le bois) et d'épices, qu'on souhaiterait plus discrètement boisé, quoiqu'il ait le fruit et la générosité voulus pour faire face à ce que lui apporte le chêne. S, 869 784, 21$, *** ,$$ 1/2, 2007-2009.

Chablis 1er cru Fourchaume 2005 Château de Maligny. D'une couleur peu appuyée et légèrement verdâtre, ce Chablis non boisé, au bouquet retenu, à la fois mûr et subtil, enchante par sa finesse, la durée de son après-goût et la qualité de ses saveurs (c'est un 2005). Mais, bémol, sans doute mériterait-il un bouchon de meilleure qualité... Excellent. S, 480 145, 33$, ****,$$$ 1/2, 2007-2011.

LA RECOMMANDATION DE LA SEMAINE

L'erreur est humaine et il se peut que je me trompe, mais toujours est-il que ce vin plus que modeste qu'est le Carinena 2006 Garnacha Castillo de Monséran m'a semblé meilleur que jamais dans ce nouveau millésime. Vin rouge espagnol fait uniquement de Grenache (une variété originaire d'Espagne, comme on sait), il a lui aussi, malgré son très petit prix, une netteté et une franchise du fruit qui ne peuvent que séduire, avec également une belle note florale. Plutôt léger, tout en fruit, et légèrement tannique, on a là un vrai vin d'été, à servir assez frais (12-13 degrés). Impeccable.

C, 624296, 8,95 $, ** 1/2, $, 2007.