Vous êtes préoccupés par l'entrée à la maternelle de votre enfant dans quelques semaines? Les enseignants le sont aussi. Ils réclament l'entrée progressive sur cinq jours pour faciliter les premiers pas des élèves dans le monde scolaire.

«Les recherches démontrent qu'il s'agit d'une période fragile pour l'enfant. Il y a une adaptation à faire», explique Francine Boily, présidente de l'Association d'éducation préscolaire du Québec (AEPQ).Malgré l'essor des centres de la petite enfance (CPE), il reste encore 48 % des élèves de maternelle qui arrivent de la maison ou d'une garderie en milieu familial, affirme Mme Boily. Pour ceux qui passent du CPE à la maternelle, la marche est peut-être moins haute, mais l'enfant devra tout de même s'habituer à des groupes généralement deux fois plus nombreux à la maternelle (maximum 20) qu'en

garderie.

L'entrée progressive en septembre permet à l'enseignant de séparer le groupe en deux et d'accueillir la moitié des élèves en avant-midi et l'autre en après-midi. Selon une entente contenue dans la dernière convention collective, cette mesure d'accueil s'échelonne présentement sur deux jours, et peut être allongée au besoin.

Or, l'AEPQ et la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE) demande que cette entrée se fasse sur au moins cinq journées de classe, une mesure «primordiale» qui devrait être inscrite dans le régime pédagogique, estiment-elles.

«Même si cette modalité est jugée incontournable par plusieurs, la FSE constate que, depuis 2006, les commissions scolaires semblent vouloir se rétracter sur ce sujet», peut-on lire dans une lettre qui a récemment été rendue publique.

Le ministère favorable

Au cabinet de la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, l'attachée de presse Jean-Pascal Bernier affirme que la ministre est favorable à l'entrée progressive sur cinq jours, mais qu'elle n'a pas l'intention de l'imposer aux commissions scolaires. «Le ministère proposera des modèles aux écoles qui souhaitent le faire», a indiqué

M. Bernier. Il n'a toutefois pas été en mesure d'indiquer si ces modèles seront prêts pour la rentrée, dans deux semaines.

Mme Boily souhaite toutefois que la ministre aille plus loin. «Il faut que ce soit plus officiel. Si c'est inscrit dans le régime pédagogique, ça nous assure de ne pas avoir à recommencer chaque fois qu'on change de gouvernement», dit-elle.

De son côté, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) n'est pas très ouverte à cette demande. «C'est à chaque milieu d'identifier ses besoins», indique Denis Pouliot, porte-parole de la FCSQ, qui rappelle que l'entente de la convention collective est respectée avec deux jours.

Les commissions scolaires doivent aussi respecter les 180 jours de classe prescrits dans le régime pédagogique et tenir compte de l'organisation des parents, ajoute-t-il.

Mme Boily est bien consciente qu'une telle demande ne ferait pas nécessairement l'affaire des parents, pour qui deux journées d'entrée progressive constituent déjà un casse-tête. «Mais pour le bien de l'enfant, il faut que l'arrivée à la maternelle se fasse le plus en douceur possible», conclut-elle.