Vous allez m'en vouloir: les chaleurs accablantes viennent à peine de se terminer, et je vais vous parler du temps des fêtes... Mais rassurez-vous, c'est pour vous faire économiser un peu d'argent. Ou, du moins, tenter de vous convaincre de le dépenser autrement.

Je ne me plaindrai jamais de mon métier, que j'adore. Même avec les longues heures et les nombreuses dégustations - non, déguster 40 chardonnays boisés à 8 h le matin n'est pas toujours une partie de plaisir. Mais une chose m'agace particulièrement. Presque toutes les semaines, et ce sera de plus en plus fréquent d'ici les fêtes, je reçois un message concernant le nouveau truc miraculeux et indispensable à tout amateur de vin: un nouvel aérateur, un verre qui décuplera les qualités de votre vin, une carafe qui, en quelques instants, fera vieillir le vin de 15 ans, un système de conservation révolutionnaire. Chaque année, de nouveaux gadgets inondent les rayons. Mais combien de fois peut-on réinventer la roue?

Bien sûr, certains accessoires sont pratiques et utiles. Mais, à part la bouteille, rien n'est indispensable, sauf un bon tire-bouchon et de bons verres.

À moins que vous n'ouvriez des dizaines de bouteilles à la fois, un tire-bouchon très simple fera l'affaire. Ceux de style Pulltap sont faciles à utiliser, très efficaces et durables. Et pas chers : autour d'une douzaine de dollars.

J'avoue ne jamais utiliser de coupe-capsule. J'aime couper la capsule sous la bague du goulot (le coupe-capsule la coupe au-dessus), mais c'est une façon de faire qui date de l'époque où les capsules étaient en plomb. En coupant sous la bague, on évitait que le vin n'entre en contact avec le métal. Ce n'est plus pertinent aujourd'hui et je comprends que le coupe-capsule facilite la tâche pour beaucoup.

Le verre, bien sûr, est très important. Mais de là à en avoir 15 sortes à la maison...

Ce qui compte le plus est sa forme et la finesse de ses parois. Recherchez des verres de forme tulipe: plus évasés au bas, pour pouvoir remuer le vin et l'aérer afin qu'il libère ses arômes, puis légèrement resserrés vers le haut, pour les concentrer sans qu'ils se dissipent. Et avec une contenance d'au moins 10 oz (300 ml). Plus un vin est à l'étroit, moins il sera expressif.

Une paroi fine est aussi à privilégier. Bien sûr, plus le verre est fin, plus il est fragile. Alors à chacun de choisir l'équilibre idéal entre finesse et solidité. D'ailleurs, si vous n'êtes pas du genre délicat, il n'y a rien de mal aux verres sans pied! C'est cette partie du verre qui casse le plus fréquemment. Oui, tenir le verre par la coupe peut réchauffer le vin, mais à moins de vraiment envelopper le verre de vos deux mains, il n'y a pas vraiment de problème.

Bien sûr, il peut être agréable d'avoir quelques verres plus gros ou de formes différentes pour certains vins plus haut de gamme, mais pour la grande majorité de vos besoins, ce que j'appelle un verre universel, de taille moyenne et de forme tulipe, fera très bien l'affaire. C'est ce que j'utilise à la maison pour tous les vins: blancs, rouges, rosés, effervescents et doux.

Pour ce qui est des carafes, une fois de plus, une carafe simple sera tout aussi efficace. Il m'arrive encore souvent, faute d'avoir une carafe sous la main, d'utiliser un simple pichet à eau. Vous trouverez des carafes de toutes les tailles et de toutes les formes, certaines magnifiques, presque des oeuvres d'art, mais parfois aussi impossibles à nettoyer. Par contre, elles n'ont pas d'attributs magiques. On peut se servir d'une carafe pour décanter le vin - le séparer de son dépôt - ou pour l'aérer. Mais il n'y en a pas une qui améliorera la qualité du vin (au-delà de ce que l'aération peut faire), qui transformera votre bouteille à 15 $ en bouteille à 100 $ ou votre vin de 2017 en vin de 1990. En revanche, comme pour les verres, plus la surface de contact entre l'air et le vin sera grande - pensez à une carafe avec un large fond plat -, plus l'aération sera importante.

Finalement, on n'arrête pas d'inventer de nouveaux gadgets pour la conservation. Je n'y ai jamais trop cru, mais de façon instinctive. J'ai finalement fait un test il y a quelques années pour en avoir le coeur net, avec les systèmes de conservation les plus courants: ceux qui pompent l'air de la bouteille, ceux qui y injectent du gaz et deux autres un peu plus farfelus. Résultat des courses? Très peu de différence, mais les meilleurs résultats étaient avec les vins simplement rebouchés et placés au frigo.

Je suis peut-être vieux jeu, mais on demande aux vignerons de ne pas triturer leur vendange, d'élaborer des vins le plus naturellement possible. Il me semble que ce ne serait qu'un juste retour de ne pas trop triturer leur vin. Un bon tire-bouchon, de bons verres et une carafe ou deux. À part ça, gardez plutôt vos sous pour acheter de meilleurs vins.



Cinq vins à essayer

Cave Spring Riesling Niagara Peninsula 2015

Les rieslings de Cave Spring sont parmi les meilleurs, et les plus constants, du Canada. Même ce vin d'entrée de gamme, tout juste demi-sec, bourré de parfums de lime, de pêche et de romarin. Un léger sucre résiduel accentue son caractère très juteux, mais l'acidité typique du cépage, et des terroirs de la Péninsule, équilibre le tout et donne au vin tonus et éclat. Délicieux à l'apéro, il est aussi tout indiqué pour une cuisine d'inspiration thaïe, des fruits de mer au curry ou un jambon rôti. Dommage qu'il coûte tellement plus cher ici - il est 15,95 $ en Ontario.

18,45 $ (10745532) 11 %

Vincent Carême Spring Vouvray 2017

Délicieux Vouvray qui met de l'avant le caractère juteux et éminemment buvable du chenin blanc. Très jus de pomme, pomme jaune, poire. La bouche est ronde, juteuse, légèrement miellée, tout en faisant preuve de beaucoup de fraîcheur et d'éclat. Sec, terriblement charmeur et hyper polyvalent.

20,60 $ (13594899) 13 %

Photo fournie par la SAQ

Cave Spring Riesling Niagara Peninsula 2015

Marco de Bartoli Vignaverde Grillo Terre Siciliane 2016

Grand producteur de Marsala - le bon, le vrai, pas l'horrible vin industrialisé qui en est venu à dominer l'appellation -, la famille de Bartoli cultive la vigne avec rigueur et passion dans l'ouest de la Sicile. Très minéral, avec des notes d'écorce d'agrumes, mais aussi un fruit jaune mûr, qui rappelle l'ananas. La bouche est ample, savoureuse, avec des notes d'amande et de zestes et de très jolis amers. Long, complexe et d'une excellente tenue. Si vous appréciez les vins de Chablis ou de Santorin, il faut essayer!

28,45 $ (13111228) 12,5 %

Poliziano Rosso di Montepulciano 2016

Délicieux sangiovese du sud de la Toscane. Une bouche au fruit mûr, presque gourmand, mais avec ce caractère plus organique, terreux, savoureux, qui lui confère complexité et fraîcheur.

Des arômes de cerise et de prunes, de feuilles de tomate, de tabac, d'herbes et de garrigue. Très sec, avec une bouche gourmande, savoureuse, et des tanins fins, fermes. Très fidèle à ses origines et d'un excellent rapport qualité-prix. À déguster à table avec un osso buco, des viandes rouges grillées ou braisées, en sauce tomate, avec des champignons, des légumes grillés, des herbes aromatiques, du parmesan.

21,75 $ (13630343) 13,5 %

Chionetti San Luigi Dogliani 2016

Un autre superbe rouge italien, du Piémont, à base du cépage dolcetto, que la famille Chionetti cultive depuis le début du siècle dernier. Intensément coloré et aromatique, avec un nez plein d'éclat, de fruit, de fraîcheur. Des arômes de cerise juteuse, d'anis, de terre fraîche précèdent une bouche savoureuse, bourrée de fruit et tonique, avec des tanins bien présents, mûrs, mais serrés. Un vin hyper harmonieux et plein de vitalité, d'un excellent rapport qualité-prix.

22,50 $ (12466001) 14 %

Photo fournie par la SAQ

Marco de Bartoli Vignaverde Grillo Terre Siciliane 2016