Les dégustateurs chevronnés sont parfois... réticents à le reconnaître, toujours est-il qu'il leur arrive, comme à Pierre-Jean-Jacques, de se fourvoyer dans leurs jugements. Et donc de mal déguster.

«On se trompe tout le temps», a déjà dit à ce sujet l'auteur et grand connaisseur français Michel Dovaz.

Esprit caustique, Michel Dovaz, qui a déjà animé des dégustations à Montréal à l'invitation de la défunte Académie du vin, exagérait sans doute un peu, sinon beaucoup...

N'empêche, oui, il arrive, même aux plus grands dégustateurs, de se mettre les pieds dans les plats!

Pour sa part, l'auteure et dégustatrice anglaise Jancis Robinson (Master of Wine) a déjà écrit à ce sujet qu'elle se ralliait aussitôt au groupe dans les cas où elle divergeait d'avis avec la majorité des autres dégustateurs, lors de dégustations en réunissant plusieurs.

Rien de plus sage, mais cela demande une bonne dose d'humilité...

Bref, tout dépendant des circonstances (le lieu où l'on déguste, la température des vins, les verres utilisés, etc.), de son état physique et psychologique, le meilleur dégustateur est susceptible soit de goûter à la perfection, soit d'errer avec, entre ces deux extrêmes, tous les cas de figure possibles.

Ou alors, le dégustateur modifie quelque peu son jugement sur un vin qu'il aura dégusté à, disons, deux reprises au moins. Question encore là de circonstances, d'état physique et psychologique.

Crozes-Hermitage 2009 Les Launes Delas, 22,75$ (11544126),***1/2,$$1/2, 2012-2015.

Dégusté précisément à deux reprises (la même bouteille partagée en deux demi-bouteilles), ce beau vin de Syrah, de la vallée du Rhône, un peu plus que moyennement corsé, typé Syrah sans que le caractère variétal soit très prononcé, aux tannins tendres, aimables, équilibré et d'une bonne persistance (la longueur en bouche, comme on dit aussi), m'a semblé ainsi plus fin à la deuxième dégustation. D'abord noté trois étoiles, j'ai relevé ma note à trois étoiles et demie, à la seconde dégustation. Ainsi va le vin... 30% de cette cuvée est élevée en fûts. 13% (180 caisses).

Beaujolais 2010 Collin-Bourisset, 13,75$ (50096), **1/2,$1/2, 2012.

Vin plutôt léger, ou même léger, ce beaujolais au bouquet ténu, simple, de fruits rouges, mais net, souple en bouche, à servir bien rafraîchi (12-13 degrés), est tout indiqué pour ces repas sans façon genre sandwich jambon-fromage où, pour une raison ou une autre, on entend boire un peu de vin. 12,5%  (998 caisses).

Piemonte 2009 Barbera Briccotondo Fontanafredda, 16,10$ (11315024), ***,$$, 2012-2014.

Vin rouge du Piémont, de Barbera, de corps moyen, dont le bouquet, difficile à décrire, d'une assez bonne ampleur, se présente avec ces arômes rappelant les odeurs de cigare fréquentes, à mon avis, dans les vins de ce cépage. La bouche est veloutée, et tout à fait équilibrée, l'élevage étant fait en foudres de chêne français. Très bon. 13,5% (590 caisses).

Porto Fonseca Terra Prima,  28$ (10985819), ***1/2,$$$, 2012-2017.

Très beau porto rouge, non-millésimé, richement coloré et, chose rarissime, issu de vins de l'agriculture biologique. Le bouquet, de fruits rouges et noirs, pur, plein d'éclat, est généreux, et la bouche suit, dense, avec des saveurs franches et le même éclat qu'au nez. Irrésistible. 19,5% (81 caisses).

Mercurey 2009 Château de Chamirey, 27,80$ (962589), ***,$$$, 2012-2016.

D'une couleur rouge clair, ce bourgogne, au bouquet net, mais pour l'instant plutôt unidimensionnel, est, comme toujours, fidèle à lui-même dans ce nouveau millésime. Élevé en fûts, dont environ le tiers de neufs, et d'une bonne concentration, plus que moyennement corsé, ses saveurs sont nettes, ses tannins c'est son style habituel un peu rudes. Très bon à sa manière. 13,9% (238 caisses)

Coteaux du Languedoc 2008 Terrasses du Larzac Domaine de Montcalmès, 37,25$ (10272940), ***1/2,$$$$, 2012-2015.

Il est cher, dira-t-on, sauf que ce vin du Languedoc a ce qu'il faut pour se mesurer à des vedettes du nord de la vallée du Rhône commercialisées à prix nettement plus élevé... Pourpre-prune, sans rien d'opaque, son séduisant bouquet, à la fois distingué et nuancé, associe fruits noirs et fruits rouges, avec la Syrah qui domine légèrement. La bouche suit, élégante, un peu plus que moyennement corsée, bâtie sur des tannins ronds, veloutés. 60% Syrah, 20% Grenache et 20% Mourvèdre, avec élevage en fûts. 14% (82 caisses).