OEnologue, et grand dégustateur, le regretté Max Léglise recommandait à ses lecteurs, dans Une initiation à la dégustation des grands vins (éd. Divo), de ne pas hésiter à se prononcer, quitte... à errer, ce qui arrive aux dégustateurs les plus expérimentés.

«Pour acquérir l'indépendance, il vaut mieux se tromper tout seul que n'avoir pas d'opinion en partageant celle des autres», écrit-il.

On peut ajouter, dans cette veine, que la chose la plus facile, lors de dégustations en groupe, est de dénigrer carrément tel ou tel vin, ou même plusieurs, ou encore tel ou tel style de vins.

En pareil cas, comme cela arrive souvent, les autres dégustateurs sont automatiquement sur la défensive, et n'osent guère se prononcer.

Or, il n'est pas inutile de le rappeler, la difficulté, en dégustation, est de nuancer, de faire la part des choses, ce qui en même temps est nettement plus formateur et instructif pour le dégustateur que de condamner en bloc un ou des vins donnés.

Bref, il faut oser dire ce qu'on pense, comme le recommande Max Léglise, au risque de se tromper!

Exemple: on peut se demander s'il faut rejeter, et donc condamner - comme certains le font -, à cause d'un défaut réel ou supposé d'authenticité, ces nombreux vins de facture moderne élaborés avec ce qu'on pourrait appeler des recettes.

Soit, en ce qui regarde les rouges (plus de 70% de la consommation au Québec), beaucoup de couleur, beaucoup de chair, beaucoup de concentration par conséquent, avec aussi, chose fréquente, un boisé insistant.

Réponse personnelle: tout dépend. Si l'ensemble est équilibré, si le fruit est net, pur, le boisé bien dosé, bref, si c'est bon, pourquoi pas?

Comme le soulignait récemment en Italie le président de Ruffino, Adolfo Folonari, à l'occasion d'une dégustation de nombreux vins de cette maison - dont son Chianti Classico 1977 Oro qui a merveilleusement tenu la route -, on peut difficilement reprocher aux viticulteurs de chercher à faire des vins qui correspondent au goût actuel.

Comme la cuisine, le vin change, évolue, se transforme.

Vin de Pays du Val de Loire 2009 Sauvignon blanc Attitude

17,05$ (11463828)

* * *

$$

2011-2013

Faut-il le dire? Ce vin de pays français, sec, de Sauvignon blanc, surpasse haut la main à peu près tous les vins de Sauvignon blanc de Nouvelle-Zélande, tout en étant moins cher que la plupart. Non boisé, son bouquet, typé Sauvignon, n'a rien de trop aromatique (genre asperges), alors que la bouche, moyennement corsée, aux saveurs franches, est presque du niveau de certains Sancerres. Très bon. 12,5% (145 caisses).

Bandol 2008 La Bastide Blanche

25,20$ (10887451)

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$$$

2011-2017

Superbe vin rouge de Provence, très coloré, au très beau bouquet, ample, de petits fruits noirs, quoique peu nuancé pour l'instant. La bouche suit, généreuse, corsée, équilibrée, sur des tannins associant gras et fermeté. Fait surtout de Mourvèdre, puis d'un peu de Grenache et de Cinsault, et vinifié avec uniquement les levures indigènes (présentes sur les fruits). Élevage en foudres ou en demi-muids (600 litres). Impeccable. 14% (71 caisses).

Côtes du Rhône Villages 2009 Domaine La Montagnette

16,15$ (11095949)

* * *

1/2

$$

2011-2014

Délicieux vin rouge, riche en couleur, dont le bouquet, franc, de très bon volume, épicé boisé, montre à quel point 2009 est réussi dans ce vignoble. Vin charnu, relativement corsé, ses saveurs sont pures, les tannins tendres. Élevage de six mois en fûts. Une aubaine... 14,5% (74 caisses).

Brouilly 2009 Domaine De La Motte

18,20$ (10367981)

* *1/2

$$

2011-2013

Ce millésime, comme on sait, pousse le Beaujolais vers le haut! Non boisé, celui-ci ne manque pas de couleur, et son joli bouquet, de fruits rouges bien mûrs, n'est pas sans rappeler les fraises. Et rien de végétal dans ce vin. Les saveurs sont nettes, le tout sur de petits tannins un brin pâteux. Fort bon. 12,5% (258 caisses).

Bolgheri 2008 Campo Al Mare

30,50$ (10542305)

* * *1/2

$$$1/2

2011-2017

Vin rouge de Toscane, de cépages bordelais, surtout de Merlot (60%) et de Cabernet Sauvignon (20%), et élevé en fûts de chêne français. C'est, à sa manière, un vin de facture moderne. Beaucoup de couleur, un bouquet large, de petits fruits noirs, aux notes de réglisse et de goudron, qu'accompagne une bouche charnue, sans dureté, brillant néanmoins davantage par sa générosité que par sa finesse. Très bon quand même. 14,5% (173 caisses).

Petit Chablis 2009 Patrick Piuze

19,65$ (11463182)

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$$

2011-2013

Goûté à l'aveugle (il était le 33e de 35 vins), ce séduisant Petit Chablis, du Québécois Patrick Piuze, est à ce point typé, que j'ai reconnu le chablis, à son bouquet, délicat, non boisé, tout en finesse. Plutôt léger, net, il a de la grâce. Sera mis en vente le 21 juillet. 12,5% (100 caisses).

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Vacances...


Je prends, chères lectrices et chers lecteurs, quelques semaines de vacances pendant lesquelles cette chronique fera relâche. De retour fin août. Bon été.