Partout, dans tous les vignobles, les millésimes se suivent et ne se ressemblent pas. Et les viticulteurs n'aiment pas qu'on leur demande à quel autre millésime on peut comparer leur plus récent!

«Tous sont différents!» répondent-ils en substance, en vous fusillant du regard.

Didier Seguier, le vinificateur de la maison William Fevre, de Chablis, est l'exception qui confirme la règle.

«2009 est un millésime de consommateur, comparable à 2006», dit-il en effet de lui-même.

En d'autres termes, et tout comme le fut 2006, un millésime qui a donné des vins qu'on qualifie parfois de vins «gourmands», c'est-à-dire moins acides qu'en moyenne, mûrs et d'approche facile.

Le Chablis 2009 Champs Royaux William Fevre, déjà sur le marché, en est un bon exemple (voir plus bas).

Or, on trouve en ce moment, au Québec, des chablis d'au moins deux autres millésimes, soit 2008 et 2007.

Didier Seguier: «2008 est un grand millésime de garde, qu'on pourrait comparer à 1988 (...) Mais les 2008 se referment en ce moment», ce qui est amplifié, ajoute-t-il, par leur niveau d'acidité plus élevé qu'à la normale.

Goûtés avec lui à l'occasion de sa venue récente à Montréal, sept vins de 2008, dont trois premiers crus et trois grands crus, se montraient en effet peu expressifs, tout en se présentant avec cette finesse incisive (si l'on peut dire) propre aux vins de Chablis.

Pour ce qui est des 2007, à l'acidité bien présente sans qu'elle soit excessive, et moins denses que les 2008, ce sont des vins d'un millésime «classique, comme les chablis d'autrefois», dit-il.

Chablis 2009 Champs Royaux William Fevre,21,05$ (276 436), ***,$$ 1/2, 2011-2013.

Chablis de couleur or fin, à reflets verdâtres, son bouquet est net, plutôt délicat, avec la nuance minérale - mais peu marquée - à laquelle on s'attend avec des vins de Chablis. En bouche, des saveurs mûres, de la distinction, avec la juste dose d'acidité. Très bon chablis, provenant plus ou moins à parts égales des vignobles Fevre et de raisins d'achat. 12,5% (1003 caisses).

Chablis 2008 Domaine William Fevre,24,40$ (11 094 701), **** 1/2,$$$, 2011-2014.

Un style très proche du Champs Royaux, mais avec un surcroît de finesse, de présence en bouche, mais aussi de persistance de l'après-goût. Comme pour les Champs Royaux, «cinq à 10%» de la cuvée est vinifiée en fûts qui ont déjà servi, uniquement pour en favoriser «l'oxygénation» que permet la porosité du bois. Très beau chablis, dont la distribution ne fait que commencer. 12,5% (200 caisses).

Chablis 2007 les vénérables Vieilles Vignes La Chablisienne, 27,20$ (11 094 639), *** 1/2,$$$, 2011-2014.

Vin qui est de retour, sa couleur est déjà un peu plus prononcée que celle des 2008 et des 2009, le bouquet nuancé, expressif, très... chablis, et relevé par une note citronnée. Beaucoup de tonus et de caractère en bouche, du mordant (ce n'est pas un défaut), genre «chablis d'autrefois» comme le note Didier Seguier. Impeccable. 12,5% (145 caisses).

Chablis 2008 1er Cru Vaillons William Fevre,34,50$ (518 480), *** 1/2,$$$ 1/2, 2011-2017.

Le bouquet a beau être retenu, on y détecte une note comme de calcaire, le vin étant très long en bouche (persistant donc), et d'un style qui m'a semblé particulier, sans avoir tout à fait la distinction du 1er cru Fourchaume 2008. 12,5% (120 caisses début mai).

Chablis 2008 1er cru Fourchaume William Fevre,38$ (518 498), ***1/2,$$$$, 2011-2015.

Chablis d'une grande distinction, mais retenu lui aussi, qui m'a semblé un peu moins généreux que les Vaillons 2008, tout en étant à mon sens plus fin. J'aurais sans doute pu le noter plus généreusement... 40 à 60% des premiers crus de Fevre sont vinifiés en fûts, mais usagés. 12,5% (100 caisses début mai).

Chablis 2008 Grand Cru Les Preuses William Fevre,85,25$ (10 959 320), ****,$$$$$, 2011-2018.

Le bouquet est fin, subtil, pourvu de la note minérale caractéristique, mais encore peu expressif. Suit une bouche plus goûteuse que ne l'annonce le bouquet, avec dans l'après-goût des arômes rappelant un peu la camomille. Excellent. Les chablis grands crus demandent «3 à 10 ans de garde pour atteindre leur apogée», note Didier Seguier, et sans doute serait-il sage de laisser celui-ci en cave trois ou quatre ans. À venir à Signature. 13% (4,5 caisses seulement).