«Après les fruits et légumes, les miches ont besoin de notre aide», a lancé David Côté, pour expliquer la création des bières Loop. À compter de la semaine prochaine, on pourra se désaltérer avec les petites sures à 3 % brassées avec des surplus de pain et de fruits autrement gaspillés.

C'est en découvrant la bière anglaise Toast que le trio de Loop, jusqu'ici connu pour ses jus pressés à froid, a eu l'idée. Selon Recyc-Québec, les Canadiens gaspilleraient l'équivalent de 750 000 miches par jour.

N'ayant aucune expérience de brassage, les sauveurs de pain s'en sont remis à la brasserie New Deal. C'est le directeur de production et maître brasseur, Martin Audet, qui a mis au point les recettes. Il avait déjà fait des tests de brassins du même type, pour la marque Boldwin.

Quelques bières traditionnelles méconnues sont faites à base de pain, comme la seto olu d'origine estonienne. Oshlag en a d'ailleurs commercialisé une, en collaboration avec La Bête à pain et Les coureurs des boires. Il y a quelques semaines, Miettes voyait le jour. Il s'agit d'une hefeweizen (bière de blé d'origine allemande) contenant des surplus de La Bête à pain, brassée encore une fois par Oshlag.

Loop propose pour sa part des bières de grande soif. Ce sont celles que préfère Julie Poitras Saulnier, cofondatrice de l'entreprise d'économie circulaire.

Le pain biologique en tranches compte pour 10 % du brassin de base, fait à partir d'orge maltée biologique.

Une fois la fermentation et le surissement passés, on ajoute de la purée de fraises à la Berliner Weisse, du citron et du gingembre à la saison et du jus de lime et de la coriandre fraîche à la gose. Ce sont trois bières bien distinctes, mais toutes hautement rafraîchissantes. La gose vous donnera envie de manger des tacos à la chaîne!

Pourrait-on brasser avec n'importe quel type de pain? Martin Audet croit que oui, bien qu'il n'ait jamais essayé les marques industrielles. «Il se pourrait que les agents de conservation nuisent à la fermentation, puisqu'ils inhibent les enzymes. Il faut une bonne activité enzymatique pour transformer les sucres en alcool.»

Du reste, Loop et New Deal sont des entreprises «clean label», qui se voient mal travailler avec des produits pétris de conservateurs.

«Loop n'est pas une compagnie de jus, mais un projet d'économie circulaire. On cherche les surplus partout et on essaie de trouver des solutions pour remettre les rejetés dans la chaîne de valeur», explique David Côté.

Il nous annonce du même coup que l'entreprise étendra bientôt sa mission de sauvetage aux hydrolats, les eaux rejetées par la transformation d'huiles essentielles. Une nouvelle boisson à saveur écolo naîtra!

Les bières Loop seront en vente dans les supermarchés IGA, les petites épiceries et les dépanneurs à bière à compter d'aujourd'hui.

Photo Martin Chamberland, La Presse

David Côté, cofondateur de Loop, Martin Audet, de la brasserie New Deal et Julie Poitras Saulnier, cofondatrice de Loop.