La France, l'Italie et l'Espagne continuent de dominer le commerce international du vin, dont l'activité a effectué un saut spectaculaire de 10,6% en 2015, mais la Chine confirme son rôle croissant dans un paysage de plus en plus diversifié.

Les ventes internationales de vin ont totalisé 28,3 milliards d'euros l'an passé, dont près d'un tiers (8,2 milliards) pour la France seule, même si l'Espagne avec 24 millions d'hectolitres (Mhl) et l'Italie (20 millions) lui passent devant en volumes échangés (14 Mhl pour les Français).

En dix ans, le commerce mondial du vin a donc presque doublé (il pesait 16 milliards d'euros en 2005) et à eux seuls, ces trois pays d'Europe représentent 56% des volumes échangés (104,3 Mhl).

Pourtant si la superficie du vignoble mondiale régresse légèrement c'est principalement à cause de l'Europe, qui a perdu 26 000 hectares sur l'année écoulée, ainsi qu'à la Turquie, l'Iran et l'Australie alors que la Chine voit à la fois ses surfaces et sa consommation augmenter.

Avec 19 000 ha supplémentaires plantés l'an dernier, le vignoble chinois serait passé de 796 000 à 830 000 ha selon les chiffres officiels, indique Jean-Marie Aurand, directeur général de l'OIV, ce qui en ferait le second vignoble au monde derrière l'Espagne et devant la France.

La politique d'arrachage au sein de l'UE, qui marque le pas depuis 2011, a en revanche conduit à supprimer 275 000 ha depuis 2008. Et ailleurs, les superficies se stabilisent, plutôt en hausse, aux États-Unis et dans l'hémisphère sud - Australie exceptée.

«La Chine reste le principal moteur de la croissance mondiale du vignoble», remarque M. Aurand pour qui «ce pays est devenu un grand acteur sur la scène internationale avec la première production mondiale de raisins (90 millions de quintaux), la huitième production mondiale de vin et au rang des consommateurs» avec une consommation estimée à 16 Mhl, contre 15,5 en 2014.

Malgré le ralentissement de la croissance chinoise, la consommation de vin repart donc à la hausse après un coup de frein brutal en 2014, lié à la nécessité d'écouler des stocks importants et qui venait interrompre une décennie de progression fulgurante.

Percée de la Nouvelle-Zélande

«Cette croissance, portée principalement par les classes moyennes, profite surtout au vin rouge, associé à des effets positifs sur la santé», explique M.Aurand qui, à quelques heures de s'envoler de nouveau pour Pékin, confie qu'il espère bien voir la Chine rejoindre l'OIV.

Côté consommation, les États-Unis confortent pour la troisième année consécutive leur place de leader (31 millions hl), supplantant la France en volume général, même si la consommation du citoyen américain, environ 9 litres par an, reste bien loin de celle du Français (environ 45 litres par tête et par an).

Les États-Unis ont par ailleurs enregistré en 2015 la plus forte croissance en valeur de leurs exportations( +26,5%) devant le Chili (19%), «une performance conjoncturelle liée aux bons niveaux de production autour de 22 millions hl depuis trois ans» estime Jean-Marie Aurand. Toutefois, la croissance du marché intérieur américain devrait empêcher les États-Unis de jouer un rôle d'exportateur majeur dans les années qui viennent, comme le montre le niveau des importations.

À signaler enfin le succès de la «petite» Nouvelle-Zélande, dont les exportations ont connu une hausse de 14% et qui table cette saison sur une récolte en hausse d'un quart, proche des trois millions d'hectolitres.

Pour le directeur de l'OIV, l'extrême diversité de l'offre mondiale restera d'ailleurs un élément marquant de 2015: «Sur cinq bouteilles consommées dans le monde, plus de deux, 43%, ne sont pas produites sur le lieu de consommation» note-t-il.  Avec une «montée en gamme partout dans le monde» et une attention du consommateur à la qualité du vin,  ainsi qu'à son impact sur l'environnement (usage de l'eau, de produits polluants, empreinte  carbone...) prévient-il.

L'OIV, organisation intergouvernementale compétente aux plans scientifiques et techniques, regroupe 46 états et participe à la collecte des données et à l'élaboration des normes internationales sur la vigne et le vin.