Lors des premières dégustations, les experts n'ont pas louangé la qualité des Bordeaux 2011 qualifiant ces vins d'inégaux et vendus trop cher. De passage à Montréal samedi, les membres de l'Union des Grands Crus (UGC) de Bordeaux assurent que les critiques se sont trompés et que les 2011 sont bons.

« Les trois quarts des producteurs de Bordeaux vont vous dire qu'ils ont fait en 2009 ou en 2010 le meilleur millésime de leur vie, dit le Président de l'UGC, Olivier Bernard. L'année 2011 est arrivée après ces deux géantes. Elle n'a pas eu de chance. »

Le vigneron et gérant du Domaine de Chevalier à Léognan se souvient que les conditions météorologiques ont été extrêmement difficiles en 2011. Il y a eu peu de pluie au printemps et ce temps sec a fait souffrir la vigne. Par chance, l'été humide et pluvieux a permis de sauver la vendange de plusieurs châteaux. 

M. Bernard note un avantage pour les domaines établis sur la rive droite, en particulier ceux de Saint-Émilion et de Pomerol, où le sol plus argileux a permis à la vigne de mieux résister à la sécheresse printanière. 

François Estager, du Château La Cabanne à Pomerol, est d'ailleurs très satisfait de son millésime 2011.

« Il est plus sur la finesse que la puissance, explique-t-il. Il n'a pas de grosse structure, mais il se goûte très bien. »

M. Bernard soutient que les vins liquoreux ont aussi été favorisés par cette météo estivale plus fraîche. Selon lui, ces conditions ont permis de conserver les arômes et l'acidité dans les raisins, si bien qu'il juge les Sauternes 2011 meilleurs que les liquoreux 2009 et les 2010.

« Ce sont de grands vins, comme les 2007 », ajoute M. Bernard.

Quant aux blancs secs, leur qualité est plus homogène, assure le Président des crus classés de Graves, Eric Perrin. L'acidité est élevée et les vins sont parfumés.

De bons achats en 2011

Si l'année 2011 à Bordeaux ne restera pas dans les annales comme le millésime du siècle, les producteurs assurent qu'il y a de bons achats à faire parmi les vins de cette récolte.

« La qualité des vins n'a jamais été aussi proche entre les 16 membres de mon association, explique M. Perrin. Mais les écarts de prix, eux, restent importants selon la notoriété des châteaux. Autrement dit, il y a de bons vins vendus pas chers. » 

Selon tous les producteurs interrogés, les rouges 2011 devraient être bus d'ici les cinq prochaines années.

Des 2013 encore moins chers

Dame nature a rendu la tâche difficile aux vignerons de Bordeaux en 2011. Elle n'a pas été plus clémente en 2013. La pluie pendant la floraison a entraîné des pertes de raisins estimées entre 30 et 50% selon les domaines. Ces faibles rendements ne seront pas l'occasion pour Bordeaux d'augmenter de nouveau les prix des vins, car dans les barriques, les rouges sont encore moins concentrés que les 2011. 

Olivier Bernard croit d'ailleurs que ce sera un millésime peu dispendieux et à boire rapidement. 

« Ce sera l'occasion d'acheter de grandes bouteilles, de grands châteaux, à moindres prix », dit-il.

Il précise toutefois que les prix ne redescendront pas aussi bas qu'en 2008, avant l'envolée des 2009 et des 2010.

Eric Perrin au Château Carbonnieux vient de terminer quelques assemblages de ses blancs. Il assure que certaines cuvées sont « exceptionnelles ». 

Quant aux Sauternes, la qualité n'est pas au niveau des 2011, précise M. Bernard.

Le millésime 2013 sera présenté à la presse spécialisée en avril lors des Primeurs de Bordeaux.