La Société des alcools du Québec (SAQ) souhaite regrouper tous les vins issus de l'agriculture biologique sous un même logo d'ici 2015. Seul hic, tous les vignerons qui pratiquent ce mode d'agriculture ne pourront l'obtenir.

Selon un groupe de discussion réalisé en février dernier par la SAQ, la multiplication des logos à caractère environnemental posés sur les bouteilles, comme Eco-cert ou Demeter, « viennent mêler le client ». Pour régler le problème, la société d'État compte créer son propre logo. Elle exigera dès 2015 que tous les symboles associés aux certifications biologiques disparaissent des bouteilles.

Informés de cette démarche la semaine dernière, plusieurs agents promotionnels sont inquiets. Ils craignent que des pionniers de l'agriculture biologique ne puissent obtenir cette mention bio, car en plus d'être reconnus par un organisme comme Eco-cert, les vignerons devront se conformer à deux autres critères.

Le vignoble devra posséder une certification sociale comme « fair trade » et embouteiller leurs vins dans des bouteilles de verre allégé. Selon le conseiller en environnement de la SAQ, Mario Quintin, seuls 20 des 223 produits issus de l'agriculture biologique disponibles dans les succursales, se conforment aux trois critères pour l'instant.

« Il n'y aura plus de distinction entre les producteurs qui sont engagés dans une démarche totale et philosophique, comme la biodynamie, et les grands producteurs qui font du bio », explique un agent sous le couvert de l'anonymat.

Un autre s'interroge sur la volonté de la société d'État à obliger les producteurs à embouteiller leurs vins bios dans du verre allégé.

« C'est la SAQ qui paie les coûts de transports, dit-il. C'est donc elle qui profite de cette démarche. Si elle s'intéresse autant à l'environnement, elle devrait plutôt s'intéresser au recyclage du verre. »

Le président de l'Association québécoise des agences de vins, bières et spiritueux (AQAVBS), Lucien Davalan n'est pas de cet avis. Il croit que ce nouveau logo facilitera la vie des consommateurs. Malgré que certains de ses membres lui aient fait part de leurs inquiétudes, il est certain qu'aucun vigneron ne sera pénalisé.

« Le logo actuel de la SAQ pour identifier les vins bios ne marche pas, dit-il. Il y a toujours très peu de vins bios au Québec. Je crois que cette nouvelle catégorie va être plus claire et plus efficace. »

La SAQ n'a pas voulu commenter sa démarche écoresponsable. Selon la porte-parole Linda Bouchard, la société d'État est toujours en consultation et « rien n'est encore arrêté ».

Pourtant, lors de la conférence avec les agents promotionnels, le conseiller en environnement, Mario Quintin a été clair. Il explique que la société d'État informera dès décembre les producteurs européens de sa démarche ainsi que les groupes de certification. Il ajoute que la SAQ compte imposer ces nouveaux critères aux spiritueux après 2015.