La saison des vendanges bat présentement son plein dans les vignobles de la province. Dans Brome-Missisquoi, qui compte la plus grande concentration de vignobles au Québec, les vendangeurs s'activent avec empressement à récolter les lourdes grappes de raisins qui chargent les vignes.

Sans être aussi exceptionnelle que l'an dernier, la saison des vendanges en cours est prometteuse, rapporte le président de l'Association des vignerons du Québec, Charles-Henri de Coussergues. «L'an dernier, nous avions la quantité et la qualité. Cette année, c'est une plus petite récolte, mais nous avons une belle maturité de raisin. Ça pourrait donner des vins blancs qui vont surprendre. Déjà nous avons des arômes de fermentation très intéressants», confie avec enthousiasme celui qui est aussi l'un des propriétaires du vignoble de l'Orpailleur à Dunham.

S'il faudra attendre encore quelques mois pour déguster les premières bouteilles de la cuvée de cette année, les visiteurs découvrent présentement le fruit du millésime 2012. «Il y avait beaucoup d'attentes pour ces vins et en les faisant découvrir, on réalise que la qualité est au rendez-vous et que les visiteurs les apprécient. Ce sont des années comme ça qui redorent le blason et brisent les préjugés sur les vins québécois», insiste M. de Coussergues.

L'enthousiasme est aussi palpable chez Pierre Genesse, un vigneron des Cantons-de-l'Est. Malgré de bonnes années et la production de bons vins québécois, il s'attriste que certains consommateurs boudent encore le vin d'ici.

«Malheureusement, nous sommes toujours victimes du maillon le plus faible de la chaîne. Mais je peux vous dire qu'on peut faire rougir plusieurs vins blancs d'autres pays. En 2013, il n'y a plus de raison pour ne pas faire de bons vins et on fait tout pour se dépasser», souligne le propriétaire du vignoble Vitis.

Il a ajouté que les vins rouges d'ici sont toutefois le reflet de nos conditions climatiques. « On est jugé par notre rouge, mais il ne faut pas s'attendre à un Cabernet-Sauvignon ou un Shiraz d'Australie. Il y a davantage de ressemblances avec les vins d'Autriche ou d'Alsace. Il faut comparer avec le comparable en fonction de notre climat », affirme M. Genesse.

L'agrotourisme à son meilleur

La période des vendanges s'est transformée au fil des ans en fenêtre d'occasions exceptionnelles pour les acteurs de l'agrotourisme. En l'espace de quelques semaines, ils accueillent des milliers de visiteurs, qui, l'espèrent-ils, seront charmés par leurs produits.

Les vins du Québec ont un pouvoir d'attraction sur les Québécois, mais aussi sur les touristes. Plusieurs centaines de visiteurs étrangers font appel à Kava Tours pour l'organisation de leur périple viticole.

L'entreprise, créée par deux amateurs de vins de chez nous, propose des excursions en autobus sur la Route des vins. «Bien souvent les touristes installés à Montréal ne pourraient pas aller dans les vignobles, car ils n'ont pas d'auto. On leur prépare donc un itinéraire qui leur permet de voir ce qui se fait chez nous», rapporte Benoit Hébert, l'un des fondateurs de l'entreprise.

Environ 1800 personnes découvrent ainsi les vignobles de Brome-Missisquoi grâce à la petite société. «C'est une fierté de pouvoir faire découvrir à tous ces gens nos producteurs et leurs produits», ajoute-t-il.

La Route des vins est un moteur important de l'économie régionale, rapporte Alain Larouche, directeur général de Tourisme Cantons-de-l'Est. «On évalue à plus ou moins 200 000 le nombre de personnes qui passent et voyagent sur la route des vins et qui arrêtent dans un ou plusieurs vignobles», révèle-t-il.

Au cours des dernières années, les Cantons-de-l'Est ont misé grandement sur le « tourisme gourmand » pour attirer la clientèle. «C'est un chantier, dont nous sommes très fiers et qui fait de notre destination, très probablement, la destination du Québec la mieux structurée en ce domaine», dit-il.

Ailleurs au Québec

Si le secteur de Brome-Missisquoi est le berceau de l'industrie viticole de la province, d'autres artisans de la vigne sont aussi actifs ailleurs sur le territoire québécois. Sur l'île d'Orléans, dans la région de Québec, les quatre vignobles attirent les foules, affirme Lise Roy, copropriétaire du Vignoble Isle de Bacchus.

«Nous offrons aux gens de venir faire les vendanges et en ce moment, nous devons refuser des gens tellement il y a de la demande», dit-elle, enthousiaste.

Jour après jour, elle souligne qu'une cinquantaine de personnes arpentent les rangs de vigne à la recherche des précieuses grappes de raisins.

Alain Bussière, vigneron de la région de Lanaudière, estime qu'il faudrait s'inspirer de la Route des vins de Brome-Missisquoi ailleurs au Québec. «Notre région aussi pourrait être reconnue comme région viticole. Nous avons une douzaine de vignerons qui sont très actifs et je n'ai jamais compris pourquoi on ne met pas davantage en valeur les vignobles d'ici», suggère le propriétaire de Vignoble aux Pieds des Noyers.

M. Bussière confie que sa petite entreprise mise sur le bouche-à-oreille et des concepts originaux pour attirer les touristes. Une stratégie qui lui permet d'attirer un bon volume de curieux, dit-il avec fierté.