La France produira moins de vins cette année. Ce sont du moins les prévisions du Ministère de l'agriculture français, publiées le 3 août dernier. On estime que la prochaine récolte sera la plus petite des dernières années.

Le Ministère estime la future vendange à 44,1 millions d'hectolitres. Cette prévision est 13 % en dessous de la récolte de l'année dernière et inférieure de 5 % à la moyenne des cinq dernières années. Le Ministère attribue surtout cette baisse de production aux conditions météorologiques des derniers mois. Le printemps plus frais et humide dans l'Hexagone aurait retardé la floraison dans certains vignobles. La saison estivale a quant à elle été particulièrement pluvieuse. La pluie, la grêle ainsi que les orages ont entraîné plusieurs maladies dans les vignobles, comme l'oïdium et le mildiou. Résultat: moins de raisins disponibles pour le vin.

« Le potentiel de production est ainsi révisé à la baisse (...), peut-on lire dans le dernier rapport du Ministère de l'Agriculture, notamment dans les régions pour lesquelles la floraison n'était pas complètement terminée en juin, soit l'Alsace, la Champagne et le Poitou-Charentes. »

Au vignoble familial Alain Petit en Champagne, on constate que la récolte 2012 sera «moins bonne». La vigneronne Françoise Petit note que le mildiou a gravement affecté les vignes et s'est même attaqué aux grappes. Elle croit cependant que les mauvaises conditions n'affecteront pas le prix des prochaines bouteilles. Car les viticulteurs champenois mettent de côté une réserve de vin lors des années plus abondantes, qu'ils assemblent aux cuvées produites lors des millésimes moins productifs. Ils créent ainsi un équilibre dans la quantité et dans la qualité des champagnes.

Maladies historiques dans le Jura

Le rapport soutient aussi que les maladies des vignes sont particulièrement fortes dans le Jura cette année. La future récolte serait inférieure de 22 % comparée à celle de l'an dernier.

Le vigneron jurassien Pierre Overnoy, qui possède ses vignes près d'Arbois depuis 1968, n'a jamais rien vu de tel. Il compare les conditions climatiques et l'ampleur des maladies à celles de 1977. Il se souvient toutefois que les vignerons s'en étaient mieux sortis à l'époque.

«Il y a une pression de maladies que je n'ai jamais vu, raconte-t-il. Il y a même certains vignerons qui ont des vignes qui ne se vendangeront pas.»

Selon les données publiées par le Ministère, un seul vignoble français sera épargné : la Corse. La récolte devrait même y être 9 % plus importante que l'an dernier.

En 2011, le printemps chaud et sec avait entraîné des vendanges très précoces en France. Ce ne serait pas le cas cette année : on prévoit qu'elles s'effectueront un peu plus tard en septembre.

«Il s'agit d'un retour à un calendrier plus normal, après trois années plutôt précoces», ajoute le rapport.

Selon l'Agence France-Presse, les récoltes ont déjà débuté dans le Roussillon. C'est seulement quelques jours de retard sur celles de l'an dernier.