En dépit d'une reconnaissance encore limitée à l'étranger, les producteurs de vin mexicains sont optimistes grâce à l'expansion rapide du marché intérieur, dans un pays où la bière et la tequila tiennent encore le haut du pavé.

La production de vin a augmenté de presque 40% au cours des dernières années, et le festival annuel Vendimia, en Basse-Californie, où se trouve 90% de l'activité vinicole mexicaine, est une expression de ce dynamisme.

La manifestation, qui dure deux semaines et s'achèvera le 21 août, doit accueillir plus de 30 000 visiteurs avec 40 concerts prévus, des événements de dégustations et des concours dans un environnement de vignobles situés à une heure de route au sud de la ville de Tijuana, frontalière des États-Unis.

«Les gens commencent tout juste à boire du vin et à le connaître. La promotion du vin, la formation et ce genre d'événements sont essentiels pour consolider notre confiance», affirme Hans Backoff, directeur général des vins de Monte Xanic, dans la vallée de Guadalupe.

Il y a 300 ans, les premiers producteurs de vin, des missionnaires espagnols, ont été attirés dans la péninsule du nord-ouest du Mexique par une combinaison idéale d'ensoleillement, de vents marins et de nuits fraîches.

Mais les vins mexicains n'ont commencé à faire une percée à l'étranger qu'au cours des dernières années. L'industrie vinicole a longtemps été bridée par les lois protectionnistes de l'Espagne du XVIIe siècle, interdisant la production de vin dans ses colonies. La première entreprise vinicole, les «Bodegas de Santo Tomas», encore en activité de nos jours, n'a fait son apparition que plus de soixante ans ans après la fin de la guerre d'indépendance, en 1888.

La production de vin a augmenté progressivement au siècle dernier, mais la levée des protections commerciales à la fin des années 1980 a ouvert la voie à la concurrence étrangère et fait chuter la production.

C'est alors qu'un groupe d'amoureux du vin ont décidé de se concentrer sur l'amélioration de la qualité.

«Tout a changé assez vite. On est passé de vins tout juste buvables à des vins de bonne qualité et à quelques-uns vraiment excellents», selon Steve Dryden, un spécialiste américain du vin installé dans la région.

Un producteur, Hugo D'Acosta, a monté une école de formation pour des producteurs locaux en herbe, aussi bien des médecins que des fermiers.

Ceux qui avaient des moyens ont investi dans du matériel d'Italie ou des fûts en bois de chêne français ou américains. Certains ont même sollicité les conseils d'oenologues renommés, ce qui leur a permis d'être primés internationalement avec des variétés de cépages comme le tempranillo, le syrah ou le nebbiolo.

L'agronome Antonio Escalante fête cette année le 10e anniversaire du vignoble de Roganto. Sa production s'élève maintenant à 10 000 caisses, contre 125 la première année.

Mais la réussite reste un défi. Les ressources en eau sont limitées, le sol aride peut être salé par endroits et la fiscalité est lourde, avec un taux d'imposition d'environ 40%. M. Escalante souligne aussi que les producteurs mexicains sont confrontés à la concurrence de leurs homologues du Chili et d'Argentine, qui bénéficient de subventions.

«Évidemment, ce sont des vins à des prix bas et cela fait beaucoup de mal à notre industrie. Nous aimerions que le gouvernement nous aide de ce point de vue», souligne-t-il.

Malgré ces obstacles, l'augmentation de la consommation intérieure mexicaine profite aussi bien aux importateurs qu'aux producteurs mexicains. Elle a doublé au cours des dix dernières années et le Conseil mexicain viti-vinicole prévoit un nouveau doublement d'ici à 2015.