Des vignerons de Bourgogne se disent victime de plagiat. Les coupables présumés: leurs voisins et éternels rivaux, les producteurs de la région du Beaujolais.

La chicane entre les producteurs de vins de Bourgogne et ceux du Beaujolais remonte à plus de 70 ans. Le travail de délimitation des zones précises où le terme «Bourgogne» peut être utilisé dans le Beaujolais n'a jamais été fait. Cet oubli permet ainsi aux producteurs du Beaujolais d'utiliser les appellations génériques de leur voisin.

La grogne s'est accentuée avec le récent succès des vins effervescents. Plus de 400 hectares de chardonnay ont été plantés depuis les trois dernières années dans le Beaujolais. Les vins élaborés avec ces raisins sont ensuite vendus sous l'appellation «crémant de Bourgogne».

«C'est une production récente et opportuniste du point de vue économique», indique un porte-parole du Syndicat des vignerons de Bourgogne qui souhaite garder l'anonymat.

Mais la querelle entre les deux vignobles est plus profonde, selon le producteur Frédéric Burrier qui vendange dans les deux régions viticoles.

«Les gens du nord de la Bourgogne ont une très mauvaise image du Beaujolais, dit-il. Ils le connaissent très mal. Ils en sont restés à l'idée du beaujolais nouveau. Mais ce n'est pas ça du tout le Beaujolais.»

Gilles Meimouni de la maison Trénel à Charnay-lès-Mâcon abonde dans ce sens. Il explique que les producteurs de Beaujolais se sentent mis de côté par leurs confrères du nord.

«Ils nous disent que nous ne sommes pas assez bien pour eux», raconte-t-il.

La région du Beaujolais est connue pour ses vins à base de gamay. Elle a dû mal à se détacher de l'image de ses vins nouveaux, souvent de basse qualité, et à se relever de la crise économique.

Frédéric Burrier croit que certains producteurs ont vu une opportunité d'acheter des terres à prix modiques et de faire des vins sous l'appellation Bourgogne.

L'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) doit trancher d'ici le mois de septembre. Elle a déjà indiqué que 41 des 96 communes du Beaujolais ont des sols calcaires semblables à ceux de la Bourgogne. Les communes seraient donc susceptibles de conserver ce droit d'appellation pour les blancs et les crémants.

Quant aux termes «Bourgogne-aligoté» et «Bourgogne rouge» fait avec du pinot noir, ils devraient bientôt être interdits aux producteurs de Beaujolais par ce jugement.