Dans toute espèce de domaine, il y a des modes. Le milieu du vin n'y échappe pas, l'une de ces modes, qui bat son plein, concernant la minéralité.

Pour compliquer les choses, et comme la grande majorité des amateurs comprennent dorénavant de quoi il s'agit, certains commentateurs ont entrepris de la renommer et parlent désormais, eux, de... salinité.

On assiste à «la montée en puissance de la salinité», écrivait donc, gravement, il y a quelques années, je ne sais plus trop quel dégustateur-commentateur français.

Mais restons-en à la minéralité...

Propriétaire d'une maison d'Alsace comptant parmi les plus réputées, Hubert Trimbach, lui, s'en moquait gentiment à l'automne 2003, après avoir fait goûter trois de ses vins de Riesling, à l'occasion de la deuxième édition de Montréal Passion Vin.

Grandiose vin blanc, son Alsace 1990 Riesling Clos Saint-Hune - et comme cela est fréquent dans beaucoup de ces vins, surtout âgés - avait des odeurs rappelant nettement... le pétrole. «Il "pétrole"», dit-on en Alsace.

Viticulteur âgé, aux cheveux blancs comme neige, Hubert Trimbach corrigea, l'air amusé, les amateurs présents. «Ça ne se dit plus, on dit maintenant "une belle minéralité"», expliqua-t-il.

Il ajouta, sérieusement cette fois: «Le Riesling a la capacité d'absorber les éléments du sol comme aucun autre cépage blanc. Cela lui donne des tonalités d'une complexité tout à fait unique.»

Tout est question de perception et on peut soutenir qu'on détecte dans de tels vins des notes minérales. Pour ma part, j'y perçois avant tout ces fameuses notes de pétrole.

Enfin, et toujours d'un strict point de vue personnel, il me semble que seuls certains vins blancs se présentent, mais pas toujours, avec des arômes minéraux. Notamment les chablis, puis certains vins de Sauvignon blanc de la Loire (Sancerre, Pouilly-Fumé, etc.) et des Muscadets, mais pas tous.

Quant aux nuances minérales présentes dans les vins rouges, j'en cherche toujours... Question de perception?

Vinho Regional Alentejano 2009 Chaminé, 13,70$ (11156238), **1/2,$1/2, 2011-2014

Vin blanc portugais, lui aussi non boisé, peu aromatique, mais net au nez et en bouche. Moyennement corsé, son bouquet rappelle un peu les vins blancs de la Rioja, du cépage Viura ou Maccabeu, avec en bouche un petit quelque chose de mentholé. À prix doux. 13% (163 caisses).

Oregon 2009 Pinot Gris King Estate, 21,30$ (10353740), ***, $$1/2, 2011-2012

Très beau vin blanc de Pinot gris, de l'Oregon, également non boisé, et qu'on pourrait aisément prendre, à en juger par le bouquet, pour un vin de Pinot gris d'Alsace. La bouche suit, avec un bon goût de fruit, de l'éclat. Et malgré un peu de sucre résiduel, il donne l'impression d'être sec. Délicieux. 13% (90 caisses).

Graves 2009 Château Roquetaillade La Grange, 15,10$ (240374), **1/2,$1/2, 2011-2012

Cépage dominateur, le Sauvignon blanc impose ses arômes, un peu herbacés dans ce vin, quoiqu'il ne compte que pour 20% de la cuvée, contre 60% de Sémillon et 20% de Muscadelle. Le bouquet offre une note musquée, alors que la bouche a des saveurs bien affirmées, avec la juste dose d'acidité, et laisse une nuance fumée dans l'après-goût. Non boisé et fort bon. 12,5% (329 caisses).

Chablis 2007 la Sereine La Chablisienne, 22,05$ (565598), ***,$$1/2, 2011-2013

Très beau chablis, d'une couleur à reflets verdâtres, dont une partie est élevée en fûts sans que cela se perçoive vraiment. Le bouquet est typé, fin, avec une note minérale discrète, les saveurs relevées, le tout bâti sur une acidité bien présente, ce qui lui confère une certaine austérité. S'abstenir si on n'aime que les vins blancs très peu acides. 12,5% (884 caisses).

Bordeaux 2009 Merlot Cabernet Sauvignon La Grande Chapelle, 13,50$ (36012), **,$1/2, 2011-2012

Sans doute l'un des premiers, sinon le premier, petit bordeaux de ce grand millésime qu'est 2009 à apparaître sur les tablettes. Vin simple, facile, tout en fruit, le Merlot et ses arômes de fruits rouges dominent, la grande année se manifestant néanmoins par la qualité de son fruit. À boire rafraîchi, à environ 14-15 degrés. 13% (2509 caisses).

Reuilly 2009 Jean Michel Sorbe, 18,70$ (11154224), ***,$$, 2011-2012

Vin de Sauvignon blanc, de la Loire, d'une appellation assez peu connue, et non boisé. Le bouquet est expressif, bien typé, et, à mon sens, dépourvu de nuances minérales, avec des arômes rappelant les groseilles blanches. De corps moyen, ses saveurs sont franches, avec toute l'acidité voulue, mais sans excès, et aussi un peu de gaz carbonique qui ajoute à sa vivacité. Il n'a pas la finesse des meilleurs Sancerres tout en étant malgré tout très bon. 12,5% (110 caisses).